Le troisième prévenu est présenté ce lundi 9 octobre devant la justice à Lille. Il est soupçonné d'avoir participé à une "association de malfaiteurs en vue de commettre un crime". Il encourt une peine de 10 ans de prison.
L'affaire avait secoué le port du Havre. Le 12 juin 2020, Allan Affagard, docker dans la cité océane est retrouvé mort sur le parking près de l'école Jules Collet de Montivilliers (Seine-Maritime). L'homme de 40 ans avait été enlevé, séquestré avant d'être assassiné.
Un trafic de drogue au cœur de l'affaire ?
Rapidement, l'enquête se dirige vers un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants. Allan Affagard avait été mis en cause dans une vaste affaire de trafic de cocaïne en 2017 au port du Havre.
Il avait été mis en examen en juillet 2018 pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes ou de délits, en lien avec un trafic de produits stupéfiants sévissant sur la zone portuaire". Le docker avait alors été laissé libre sous contrôle judiciaire. Au moment de sa mort, l'affaire était toujours en cours d'instruction.
L'assassinat d'Allan Affagard avait largement ému les habitants dans la Baie de Seine. Des milliers de personnes ont réclamé justice lors de plusieurs marches au Havre ces dernières années. Début septembre, 1200 anonymes ont défilé dans les rues de cité Océane en mémoire du docker décédé.
"Je vais te rappeler ce soir, je sais tout sur toi"
Deux prévenus se sont déjà expliqués devant la Justice ces derniers jours et comparaissaient pour "association de malfaiteurs en vue de commettre un crime".
Devant le tribunal correctionnel de Lille, les deux hommes, âgés d'une trentaine d'années, se sont défendus d'avoir apporté une aide matérielle pour le rapt et l'assassinat du docker havrais. Durant l'enquête, l'instruction a pourtant mis en évidence des éléments susceptibles de les impliquer dans cette affaire.
Une Clio, identifiée sur le parking de l'immeuble d'un deux prévenus, avait stationné la nuit des faits près du domicile du docker avant d'être incendiée. Un ancien directeur d'enquête de la police judiciaire du Havre a lui évoqué des messages malveillants reçus par le docker, qui avait déposé une plainte le 30 mars 2020 suite à des sollicitations via "WhatsApp".
Les échanges entre Allan Affagard et l'auteur de ces messages, qui lui demandait d'intervenir au sein du port, avaient pris un ton très menaçant. "Je vais te rappeler ce soir, je sais tout sur toi", avait envoyé l'individu.
Le Parquet a requis la peine maximale, 10 ans de prison assortis d'un mandat de dépôt et de cinq ans d'interdiction de se rendre dans le département de Seine-Maritime. "Nous ne pouvons caractériser positivement la participation" des deux prévenus aux faits d'enlèvement et séquestration, mais "pour autant, personne ne peut aujourd'hui affirmer que ce ne sont pas eux qui ont commis les faits, car ils ne disposent d'aucun alibi solide", a soulevé la procureure lilloise.
Un procès en deux temps
Un troisième homme, mis en examen, sera jugé ce lundi également pour "association de malfaiteurs en vue de commettre un crime". Dans un premier temps, il aurait dû comparaître avec les deux premiers, mais son avocat avait été déclaré malade à l'ouverture de l'audience.
Six cartes SIM avaient été retrouvées chez lui : "les numéros se suivaient, montrant qu'elles appartenaient au même lot", pour être toutes activées plus tard, le jour des faits, souligne un inspecteur de la Section de recherche de Rouen.
Le délibéré sera rendu jeudi 12 octobre pour les trois hommes.