Jeudi 7 mai, le tribunal judiciaire du Havre, saisi par la CGT, a condamné Renault à "suspendre la reprise de la production" dans son usine de Sandouville en Seine-Maritime, car elle n'assurait pas la sécurité des travailleurs. Une situation qui a suscité la colère des autres syndicats.
Selon les syndicats, le site Renault Sandouville rouvrira finalement vendredi 22 mai. Il avait a été contraint le 7 mai par la justice de fermer provisoirement son usine de Sandouville, en raison de mesure de protections jugées insuffisantes contre le Covid-19. La direction avait annoncé faire appel de cette décision également déplorée par FO, deuxième syndicat du site, la CFE-CGC et la CFDT.
Alors que l'usine de Sandouville près du Havre en Seine-Maritime, avait repris le 28 avril grâce à un protocole sanitaire validé par la CFDT, CFE-CGC et FO, le tribunal judiciaire du Havre, saisi par la CGT, avait condamné le 7 mai en référé Renault "à suspendre la reprise de la production" car celle-ci ne "permet pas d'assurer (...) la sécurité des travailleurs".
Une décision de justice qui avait fait réagir les politiques, comme Bruno Le Maire, ministre de l'économie ou encore le leader de la CFDT Laurent Berger qui a jugé que "la posture de la CGT irresponsable et infondée".
Désormais c'est au sein même de Renault Sandouville que l'initiative de la CGT et la décision de justice du tribunal du Havre divisent.
Ce jeudi 14 mai se tenait un CSE qui réunissait la direction du site industriel normand et les syndicats majoritaires.Ce qui nous manque c'est la prise de conscience de la CGT
Guillaume Ribeyre, délégué CFE-CGC Renault Sandouville
Présent autour de la table, la CFE CGC qui réclamait depuis le début de la semaine un dialogue social mais qui regrette aujourd'hui que la CGT n'est pas calmé le jeu au cours des discussions.
Renault Sandouville : quand la question sanitaire devient l’instrument d’un rapport de force politique.
— CFE-CGC (@CFECGC) May 11, 2020
Pour @CFECGC , seul un dialogue social de haut niveau, respectant l’engagement des parties, permet de créer les conditions de la reprise économique.https://t.co/nKZ6rc0dly
Pour le délégué local du syndicat , la direction a présenté aux syndicats les documents nécessaires à la remise en route de la production : "la CGT a eu l’ensemble de ses réponses ce matin en CSE. Ce qui nous manque c’est la prise de conscience de la CGT, elle devrait dire on a tout, on a les réponses à nos questions, on peut reprendre l’activité car les salariés sont en sécurité pour reprendre le travail".
Des salariés que le syndicat estime pris en otage, ils sont près de 2000 à travailler à Sandouville et ils ne savent pas de quelle façon ils seront rémunérés pendant cette période de suspension d'activité. L'avenir des 700 intérimaires pourrait aussi être dramatique si le site ne rouvre pas bientôt selon le syndicat. Guillaume Ribeyre poursuit, "j’espère que les clients vont continuer à commander des véhicules chez Renault car le carnet de commande était important. Le risque c’est qu'on perde des clients car on les fait attendre encore plus. Et il pourrait y avoir du chomage partiel sur le site pour certains.
Même inquiétude de la part du syndicat Force Ouvrière, 2ème syndicat du site nomand, qui a profité du CSE de ce matin pour interpeller la direction sur le sujet. Selon le délégué FO Fabien Gloaguen, le site ne devrait pas rouvrir avant au moins le 22 mai : "on a demandé l'ouverture de négociations en local pour aborder la question de la rémunération des salariés car c’est leur inquiétude en ce moment. On n'a pas eu de réponse de la direction pour le moment".On trouve dommage que le site soit fermé, on aurait aimé une autre décision de justice, on avait appelé à la raison.
Fabien Gloaguen, délégué FO Renault Sandouville
Depuis la reprise d'activité du site le 28 avril dernier, les salariés appliquaient les protocoles de sécurité en vigueur établis par la direction en collaboration avec les syndicats, "les salariés commençaient à s’y adapter" poursuit Fabien Gloaguen, "pour nous c’est dramatique ce qui arrive à notre site, on ne comprend pas la décision du juge. Cette décision elle n'est pas sanitaire, elle est juste administrative, c'est juste pour un vice de forme".
Enfin de son côté, la CGT, syndicat majoritaire du site, qui avait saisi la justice et a posé ce matin 34 questions à la direction se dit satisfaite que certains documents liés à la lutte contre le Covid-19 dans l'usine aient été revus : "la direction se remet dans les clous et applique la décision de justice. Beaucoup de documents ont été modifiés, ce qui veut dire que la direction n’est pas si sereine que ça", explique Nicolas Germonprez, délégué CGT chez Renault Sandouville.
Il ne faut pas qu’une mesure prise entraîne d’autres accidents, c’est le rôle du syndicat de le vérifier.
Nicolas Germonprez, délégué CGT chez Renault Sandouville
Le syndicat ne s'est pas prononcé sur une date de réouverture. Il veut surtout s'assurer que la sécurité en général reste d’actutalité sur le site normand et refuse que les décisions prises pour lutter contre la Covid19, mettent en danger les salariés sur d’autres sujets.
Un nouveau CSE devrait se tenir le 20 mai sur le site de Renault Sandouville.