Journée mondiale du recyclage : comment la Normandie valorise les déchets du bâtiment

La France produit 38 millions de tonnes de déchets ménagers chaque année, alors que les travaux liés au bâtiment en génèrent 46 millions de tonnes. Recycler ce type de déchets est donc primordial. Visite d'une entreprise de Tourville-la-rivière qui en a fait sa vocation.

Le gouvernement a présenté le 23 avril 2018 un ensemble de mesures consignées dans une Feuille de Route pour l'Economie Circulaire. Parmi les 50 mesures contenues dans ce FREC, trois visent à renforcer le tri, le réemploi et la valorisation des déchets de la construction. Le secteur du bâtiment et des travaux publics génère 46 millions de tonnes de déchets chaque année, plus que les déchets ménagers qui représentent une trentaine de millions de tonnes. Le recyclage des déchets du bâtiment se révèle donc primordial pour s'inscrire dans une économie circulaire et vertueuse.

Une ancienne carrière reconvertie en plateforme de recyclage

A Tourville la Rivière en Seine-Maritime, le site CBN Carrières Ballastières de Normandie s'inscrit dans cette démarche. Le site de Tourville est l'un des 130 sites en France sur lequel Eurovia, qui valorise les déchets du bâtiment et du BTP depuis près de 20 ans, déploie Granulat+ sa marque dédiée à l'économie circulaire des matériaux de construction.

Sur ce site qui accueille, trie et transforme les déchets minéraux inertes de la construction et de l'industrie, les matériaux recyclés deviennent des granulats de qualité. "Les déchets inertes sont des matériaux non évolutifs. Sur ce site on en valorise deux types, les déchets de déconstruction les bétons et déconstructions de chaussées, et ce qu'on appelle les déchets inertes en mélange, c'est à dire des déblais de terrassement qui comportent plus de la terre" explique Stéphane Levesque, responsable carrières chez CBN. Ces produits sont ensuite proposés à la vente pour trois usages : les bétons, les travaux publics et les enrobés.

Ici chaque jour sont donc réceptionnés des milliers de tonnes de déchets en provenance de travaux publics ou de simples chantiers. Sur les 200 000 tonnes de déchets annuels traités ici, l'entreprise en valorise 72% grâce à son usine, un prototype qui n'a que deux ans et que l'on pourrait comparer à une vaste machine à laver. "Les déchets sont insérés dans la trémie. Dans l'installation ils sont délayés, on vient envoyer énormément d'eau. On vient ensuite séparer les fractions, la fraction gravillonaire, les cailloux et la fraction sableuse" détaille Mathieu Jourdaine, ingénieur Carrières chez CBN. Au final, ce qui n'était que des déchets deviennent des granulats recyclés de différentes tailles, des matériaux utilisés ensuite sur des chantiers de proximité à la place des produits naturels.

Les matériaux recyclés sont actuellement utilisés dans 80% des ouvrages de construction. Un chiffre impressionnant qui amène CBN à revoir ses objectifs à la hausse. L'entreprise espère doubler les quantités de produits revalorisés d'ici 2030. 

La plateforme de CBN à Tourville est implantée au coeur de la métropole rouennaise et de ses activités. Pour limiter les émissions de CO2, les camions qui circulent ici pratiquent le double fret. Après avoir déposer les déblais sur la plateforme, ils repartent vers un chantier chargés de matériaux recyclés. Cette logistique bas carbone est une autre pierre à l'édifice de cette économie circulaire.

En Normandie, 20 millions de tonnes de granulats terrestres sont produits sur l'ensemble des cinq départements, 10% sont issus du recyclage.