Les PFAS, "polluants éternels" dangereux pour la santé, sont aussi présents en Normandie

L'Assemblée nationale a adopté en première lecture une loi pour lutter contre les PFAS, des substances chimiques désignées comme "polluants éternels", aux effets nocifs sur la santé. Le jour précédent, France 3 révélait, en partenariat avec Médiacités, les tonnes de PFAS émises dans l'atmosphère par un industriel près de Lyon. La Normandie n'est pas épargnée par ces substances polluantes. Explications.

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Ils sont partout dans notre quotidien. Les substances per- et polyfluoroalkylées, plus connues sur le nom de PFAS, forment une famille de plus de 10 000 composés chimiques. Appréciés pour leurs propriétés imperméabilisantes, antiadhésives et de résistance à la chaleur, ils sont omniprésents dans les produits de consommation courante : poêles de cuisine, ustensiles, textiles, cosmétiques, produits herbicides, emballages alimentaires...

Le 4 avril, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une loi visant à restreindre l'usage de ces substances, désignées comme "polluants éternels" en raison de leur persistance dans l'environnement. Les PFAS peuvent laisser des traces pendant des centaines, voir des milliers d'années. En 2019, une étude de Santé Publique France informait que le PFOA et le PFOS, deux sous-catégories de PFAS, désormais interdits, avaient contaminé 100% de la population française.

Cancérogène

Le PFOA a été désigné comme "cancérogène" par le Centre international de recherche sur le cancer. Le PFOS est, lui, classé "cancérogène possible". Le texte voté par les députés doit maintenant être adopté par le Sénat. L'encadrement des PFAS est aussi en discussion au Parlement européen.

Le jour précédant le vote de l'Assemblée nationale, France 3 Auvergne-Rhône-Alpes révélait, en partenariat avec Médiacités, les tonnes de PFAS émises en silence dans l'atmosphère par un industriel près de Lyon.

Lire aussi. ENQUÊTE PFAS. Le scandale Daikin passé sous silence : des tonnes de “polluants éternels” rejetés dans l’air

En Normandie, les concentrations en PFAS sont largement inférieures à celles relevées dans la région lyonnaise, qui est la zone la plus touchée en France. La région normande n'est cependant pas épargnée par ces substances polluantes.

En février 2023, plusieurs médias européens, dont Le Monde, ont agrégé les données de mesure des niveaux de PFAS dans l'eau, publiant une carte d'Europe des contaminations aux polluants éternels, mise à jour le 4 avril dernier. Ils ont ainsi révélé l'ampleur de la pollution aux PFAS en Europe.

Quatre sites dangereux en Normandie

Les scientifiques considèrent qu'il existe un risque pour la santé lorsque la concentration des polluants éternels dépasse les 100 nanogrammes par litre d'eau (ng/l). En Normandie, des PFAS ont été retrouvés dans des dizaines de lieux, mais le plus souvent à des niveaux inférieurs à 100 ng/l. C'est le cas dans des eaux de surface à Cherbourg-en-Cotentin et Coutances (Manche), mais aussi dans des rivières à Vire-Normandie (Calvados), à Serans (Orne), à Harfleur, au Havre (Seine-Maritime) ou encore à Pont-Audemer (Eure).

L'agrégation de données publiées par Le Monde fait cependant mention de "hot spots", des lieux où les PFAS dépassent les 100 ng/l et qui présentent donc un risque pour la santé. Quatre d'entre eux se trouvent en Normandie.

Le plus important de ces "hot spots" normands se situe à Saint-Marcel, commune de 5 000 habitants dans l'Eure. Là-bas, les relevés indiquent une concentration en PFAS parmi les plus élevées du pays, à 5 830 ng/l. En cause, selon Le Monde, les activités du Centre national de prévention et de protection (CNPP), un établissement reconnu d'utilité publique qui organise à Saint-Marcel des ateliers de prévention incendie. Un centre de formation du CNPP, baptisé Gesip Vernon, y utilise des émulseurs et de la mousse à incendie, lesquels ont pu contenir des PFAS et contaminer une source, alimentant en eau potable un millier d'habitants. Ladite source a été fermée par arrêté préfectoral en 2015.

Les autorités sanitaires affirmaient alors que "les taux de PFAS mesurés [sont] inférieurs aux seuils de toxicité reconnus", rapporte le Collectif éco-veille environnement (CEVE), une association locale de lutte contre la pollution. L'association indique cependant avoir interpellé l’Agence régionale de santé (ARS) en février 2024, déplorant que "la contamination de la source ne faiblît pas, malgré l’arrêt d’utilisation de produits à base de PFAS sur le site".

Persistance des PFAS

Le Gesip Vernon indique ne plus utiliser de produits à base de PFAS depuis 2019, mais les "polluants éternels" portant bien leur nom, ils sont persistants, au moins pendant des centaines d'années.

La pollution à Saint-Marcel reste largement inférieure à celle du site français le plus préoccupant, une usine chimique du groupe Arkema, près de Lyon, qui affiche une concentration globale à 273 992 ng/l. Cependant, la sous-catégorie des PFOA et PFOS, potentiellement cancérogènes, affiche un taux de 880 ng/l dans les eaux souterraines de Saint-Marcel, contre 483 ng/l à proximité immédiate de l'usine lyonnaise d'Arkema.

Les trois autres "hot spots" de Normandie se situent tous en Seine-Maritime, sur les bords de la Seine, dans un mouchoir de poche qui s'étend de Caudebec-en-Caux à Duclair. Ces trois lieux de prélèvement affichent une concentration en polluant éternels de 150 ng/l. L'usine voisine de maintenance aéronautique Remiva, à Caudebec, et le centre de traitement de déchets Norval, à Berville-sur-Seine, sont des sites de contamination présumés, avance Le Monde.

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