Des salariés de Renault Cléon (Seine-Maritime) se sont rassemblés ce vendredi 27 octobre, inquiets de l'intégration d'Ampère, une filiale du groupe entièrement dédiée aux véhicules électriques, au site normand. Les syndicats craignent des conséquences sur l'emploi.
"Un certain nombre de salariés restent Renault, d'autres iront dans une entreprise qui s'appelle Ampère, c'est une division totale dans le groupe Renault", s'inquiétait ce vendredi 27 octobre 2027 au matin Pascal Lemanach, délégué CGT à Renault Cléon, alors qu'une centaine de personnes se mobilisaient devant l'usine.
L'annonce de l'intégration de la filiale Ampère à Renault, pour devenir la future entité électrique du groupe automobile, inquiète les salariés.
Un fournisseur de Renault
"Le groupe ne protège pas de tout, mais là le groupe est découpé en petits morceaux et on devient une petite société autonome, un fournisseur de Renault parmi tant d'autres. On nous explique déjà qu'il faudra faire des efforts, être compétitifs. Luca De Meo [le directeur général de Renault, NDLR] a déjà annoncé qu'il allait baisser les coûts de fabrication de 40%. On connaît les méthodes de nos patrons pour baisser les coûts d'une voiture de 40%. Tout ça cumulé fait qu'il y a beaucoup d'inquiétudes et d'écœurement sur le site de Cléon" s'alarme William Audoux, secrétaire du syndicat CGT de Renault Cléon.
Nouvelle entité et nouvel employeur. Ce changement passe mal parmi les 3 000 salariés du site seinomarin, qui redoutent une pression plus forte sur leurs emplois : avoir à travailler plus, plus vite, et avec moins de personnel.
Un nouveau constructeur made in France
Ampère sera donc un nouveau constructeur autonome, qui va fabriquer et commercialiser des véhicules électriques pour la marque Renault. Cette entité est appelée à devenir un acteur majeur de l'électrique et des logiciels, avec la volonté de se distinguer des activités historiques du groupe automobile.
L'usine de Cléon était déjà pôle d'expertise de la mobilité électrique et avait sa place dans le pôle industriel Electricity entre Hauts-de-France et Normandie.
10 000 salariés sont appelés à travailler pour Ampère, sur trois sites en France, dont celui de Cléon qui regroupe près de 3 000 personnes.
Le premier modèle d'Ampère sera la Renault 5 électrique, mais six autres sont d'ores et déjà attendus pour 2031. L'ambition d'Ampère est de produire 400 000 véhicules électriques à batterie en 2025 et 600 000 en 2026. Jusqu'à atteindre un million de véhicules en 2031. Une stratégie audacieuse dont les salariés de Renault Cléon craignent de faire les frais.
On ne connaît pas du tout l'avenir de l'électrique, personne n'en sait rien ! La préoccupation des salariés c'est l'emploi, on veut tous conserver notre emploi
Pascal Lemanach, délégué CGT Renault Cléon
Le groupe Renault a déjà prévu l'introduction en Bourse en 2024 de sa nouvelle entité, pour rivaliser avec Tesla et les marques chinoises.
"C'est un groupe dédié pour faire de l'argent, la direction l'a annoncé, faire des bénéfices, faire du cash comme ils disent. Nous, c'est d'abord nos emplois ! ", insiste Pascal Lemanach de la CGT Renault Cléon. Réunis en assemblée générale, les salariés réfléchissent encore à la suite à donner à leur action.