Les salariés de Lubrizol sont en grève jusqu’à vendredi matin. Ils réclament une revalorisation de leurs salaires à hauteur de l’inflation.
Le siège social de l'usine Lubrizol à Rouen connait sa première grève depuis hier. « Il n’y a pas de culture des syndicats à Lubrizol, c’est notre premier mandat » justifie Réginald Sauvalle, délégué syndical CFDT sur le site rouennais. Même constat pour l’autre site de production de Seine-Maritime à Oudalle, près de Havre où les syndicats ne sont implantés sur le site que depuis quelques années.
Depuis hier, environ 170 salariés de l’entreprise (répartis entre les sites de Rouen (76), Oudalle (76) et Mourenx (64)) sont en grève. Les trois sites produisent des additifs et produits dispersants pour liquides huileux.
Voici les chiffres transmis par les syndicats CGT et CFDT :
- Rouen : entre 70% et 80% de grévistes sur la chaine de production (soit une soixantaine de salariés)
- Oudalle : 100% de grévistes sur la chaine de production (soit une centaine de salariés)
- Mourenx : 80% de grévistes sur la chaine de production (soit 12 salariés)
Malgré la grève, les équipes chargées de la sécurité sur la chaine de production restent en place.
« La direction fait la sourde d’oreille »
La revendication des grévistes est simple : une revalorisation de leurs salaires à hauteur de l’inflation. Les dernières négociations annuelles entre la direction et les syndicats avaient établi une revalorisation à 3,6% nous explique Réginald Sauvalle, délégué syndical CFDT de Lubrizol à Rouen. A titre de comparaison, l’INSEE estime que l’inflation atteindrait 5,6% en moyenne sur l’année 2022.
Les salariés ont déjà reçu une prime de 300 euros, jugée insuffisante par les syndicats : « une prime c’est bien mais ce n’est pas suffisant car ce n’a dure pas dans le temps. Seule une revalorisation des salaires permet de ne pas baisser notre pouvoir d’achat face à l’inflation » estime Thierry Rolland, délégué CGT du site d’Oudalle.
La grève est prévue pour 72h mais sera sûrement reconduite selon les représentants syndicaux. « Pour le moment la direction fait la sourde d’oreille » explique Thierry Rolland.
Des efforts jugés non-récompensés
Hormis la défense de leur pouvoir d’achats, les salariés rouennais de l’industriel chimique ressentent un sentiment d’efforts non-récompensés après l’incendie et la période de pandémie de Covid-19 :
Cela fait 3 ans que l’on fait des efforts mais nous n’avons toujours pas été remerciés. Au contraire, il y a même plutôt une politique de sanction depuis 3 ans. On a une frustration énorme car on a pris des risques pour notre santé. Il y a eu l’incendie mais aussi le traitement des flux sensibles. Les opérateurs avaient peur de perdre le travail alors ils ont acceptés des conditions assez scandaleuses. Après on a eu le Covid et les 1ers de cordée c’était encore nous.
Réginald SauvalleDélegue syndical CFDT et opérateur sur une chaine de production Lubrizol à Rouen
Les syndicats doivent se réunir jeudi 13 octobre pour savoir si la grève sera reconduite après les 72h annoncées.