Pénurie de carburant : Elisabeth Borne lance "la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts" d'Esso-ExxonMobil

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé mardi 11 octobre avoir demandé aux préfets d'engager la "procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts" du groupe Esso-ExxonMobil. Une annonce qui a vivement fait réagir.

"Le dialogue social, c’est avancer dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j’ai demandé aux préfets d’engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise", a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne lundi 11 octobre lors de la session des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. 

Mardi matin, la grève a été reconduite chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. Les réquisitions concernent les deux dépôts du groupe Esso-ExxonMobil, situées à Port-Jérôme-sur-Seine, en Seine-Maritime, et à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.

"Aujourd'hui, une partie des organisations veut poursuivre le mouvement. Nous ne pouvons pas l'accepter", a également déploré Elisabeth Borne. "Il faut savoir terminer une grève dès lors que la satisfaction a été obtenue", a-t-elle répondu à la députée Insoumise Mathilde Panot. "En l'espèce, les entreprises sont prêtes au dialogue, il s'agit désormais de se mettre autour de la table, bloquer le pays n'est jamais une façon d'avancer, je crois au dialogue [...] et au sens des responsabilités des uns et des autres", a ajouté la Première ministre.

L'annonce des réquisitions passe mal au sein de la gauche

Les réactions à cette annonce ne se sont pas fait attendre. "Le gouvernement décrète la réquisition dans les raffineries bafouant ainsi un droit constitutionnel des travailleurs en lutte, nous appelons au #SoutienRaffineurs", a tweeté la CGT ExxonMobil.

Au sein de la classe politique, Alma Dufour, la députée de La France insoumise de la 4e circonscription de Seine-Maritime, a réagi sur Twitter. "Ils réclament une réquisition des salariés. Jetant ainsi à bas le droit de grève, la dignité des travailleurs, les leviers d'action des mouvements sociaux", a-t-elle écrit.

Le député de La France insoumise des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard a également tweeté : "Le gouvernement protège les superprofits des pétroliers en choisissant de réprimer par la force la grève des salariés. Les caresses pour les puissants, la matraque pour les salariés." 

"Pour débloquer la situation chez Total et Esso, ce ne sont pas les salariés qu'il faut réquisitionner, mais les patrons, pour qu'ils augmentent les salaires", a, quant à lui, jugé le patron du PCF Fabien Roussel qui a "demandé l'indexation des salaires sur l'inflation"  

La CPME félicite Elisabeth Borne

À droite, Eric Ciotti fait allusion à la fronde des policiers suscitée par la réorganisation de la police judiciaire : "Il semble plus facile pour le gouvernement de limoger des policiers que de déloger la CGT", en référence à l'éviction d'Eric Arella, patron de la PJ de Marseille et de la zone sud. La droite a critiqué le gouvernement pour un "défaut d'anticipation". 

"Elisabeth Borne a pris ses responsabilités, on ne peut que la féliciter", a déclaré mardi sur franceinfo François Asselin, le président de la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises. Ce mardi matin, il appelait à la réquisition des salariés grévistes. "Le droit de grève doit être utilisé avec équilibre et justesse. Le droit de grève, ce n'est pas de bloquer des autres Français qui ont besoin de travailler", ajoute François Asselin, qui se dit aussi pour une réquisition des salariés TotalEnergie grévistes.

La majorité fustige une "minorité qui préfère le blocage au dialogue"

Du côté de la majorité, le ministre des Transports Clément Beaune a assuré dans l'hémicycle que "nous (le gouvernement) ne laisserons pas faire (...)Nous prendrons les mesures de réquisitions ciblées et nécessaire", en fustigeant, dans la lignée de la Première ministre, une "minorité qui préfère le blocage au dialogue"

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a évoqué "un dialogue social qui a pris une forme qui n'est pas acceptable, celui d'un blocage préventif des dépôts", avant de réitérer l'annonce d'Elisabeth Borne sur la réquisition des dépôts du groupe Esso.

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