L'équipementier Akwel a décidé de fermer son site de Gournay-en-Bray, en Seine-Maritime. En tout, 77 salariés sont concernés. Les premiers licenciements débuteront en mars 2024. Mardi 10 octobre, ils se sont mobilisés pour exprimer leur colère et leur incompréhension face à cette annonce surprise.
"Nous annoncer que ça ferme du jour au lendemain, aussi brutalement, même si on s'en doutait, on le prend comme une trahison", souligne Angélique Collec, salariée depuis 21 ans d'Akwel, équipementier pour l’industrie automobile et poids lourds.
Avec ses collègues, elle a débrayé pendant quatre heures mardi 10 octobre 2023, jour de présentation du plan de sauvegarde de l'emploi, pour souligner sa colère face à la décision de l'entreprise de fermer le site de Gournay-en-Bray (Seine-Maritime). Une décision annoncée le 26 septembre dernier lors d'une réunion CSE. En tout, 77 emplois sont menacés de licenciement.
L'incompréhension des salariés
Pour les représentants du personnel, cette décision est incompréhensible. "On ne l'explique pas. Les chiffres ne sont pas mauvais pour le site. Tous les trimestres, on a une prime qualité qui tombe parce qu'on est dans le vert. Le groupe en lui-même fait de bons chiffres et remonte la pente suite à la crise Covid", observe Christophe Devarenne, syndicaliste CFDT.
Au premier semestre 2023, le groupe Akwel a enregistré un chiffre d'affaires consolidé de 545,8 millions d'euros et un bénéfice net de 19,2 millions d'euros. Selon les syndicats, le chiffre d'affaires du site de Gournay-en-Bray s'élèverait à six millions d'euros au premier semestre.
"La crise automobile passe par là"
Dans un communiqué daté du 10 octobre, Akwel justifie sa décision de fermer le site de Gournay par le fait que l'usine connaitrait "une baisse constante de son chiffre d'affaires et de son activité depuis plus de cinq ans sans perspective de rebond ou de développement, remettant en cause la pérennité du site".
Depuis plusieurs mois, les syndicats s'inquiétaient de l'absence de nouveaux projets. La production de certains modèles a aussi été transférée à l'étranger. "Il est clair que la crise automobile passe par là, mais on trouve qu'on est sacrifiés pour les actionnaires. On nous a bien expliqué - moi qui suis au bureau d'étude - que la main d'œuvre française était trop chère et qu'il n'y avait pas d'avenir pour nous dans l'automobile sur le sol français", appuie Christophe Devarenne.
Une moyenne d'âge de 55 ans
La moyenne d'âge des 77 salariés du site de Gournay est de 55 ans. Parmi eux, trois couples, des personnes travaillant en production qui ne sont pas forcément diplômées, ou encore des salariés qui ne sont pas véhiculés. "Une petite dizaine d'entre eux sont éligibles à la retraite si on les aide un peu", estime le syndicaliste. Mais quelles solutions concrètes leur sont-elles proposées ?
"Des mesures d'accompagnement personnalisées pour que chacun des salariées du site puisse retrouver un emploi [...] seront discutées avec les représentants du personnel. L'objectif est de trouver les solutions les plus adaptées aux situations de chacun des 77 salariés concernés. Ce projet donnerait lieu également à la recherche de solutions d'entreprise du site avec l'aide d'un cabinet spécialisé", indique la direction dans son communiqué.
Dans le coin, il n'y a plus beaucoup de travail. Toutes les entreprises proches ne vont pas très bien, donc ça fait peur.
Angélique Collec, salariée du site Akwel de Gournay-en-Bray
Eric Picard, maire DVD de Gournay-en-Bray, promet : "on va chercher à mettre en place des dispositifs qui consistent à mettre en jeu des périodes de recyclage, de requalification, et de réorientation professionnelle en tirant parti des compétences acquises".
S'il admet que la requalification "aura ses limites", il est prévu un "accompagnement à la mobilité". Concernant les salariés les plus âgés, "on aura certainement des périodes d'accompagnement vers la sortie retraite", estime l'élu. Quant aux personnes qui se retrouveront au chômage, "ils auront des possibilités de mettre en jeu les compétences acquises. C'est là que le tissu local et la complémentarité des territoires peuvent jouer", souligne Eric Picard.
Les premiers licenciements débuteront en mars 2024
Les négociations débuteront jeudi 12 octobre et s'étaleront jusqu'au 7 décembre. "Notre but est de récupérer le maximum, car on estime qu'on l'a mérité. Le groupe Akwel n'en serait pas là si les sites français n'avaient pas été le moteur de l'entreprise pendant des années. Donc, on veut être reconnus à notre juste valeur", pointe Christophe Devarenne.
Si les négociations ne se passent pas bien, les syndicats envisagent de mener d'autres actions. Les premiers licenciements devraient avoir lieu en mars 2024 avec le transfert de la production sur d'autres sites français dans la foulée. La fermeture définitive à Gournay-en-Bray serait effective en décembre 2024.