À Cauville-sur-Mer, près du Havre (Seine-Maritime), une famille accuse la mairie d'avoir retiré la tombe de leur arrière-grand-mère, dont la concession était toujours en cours. Le maire de la commune, lui, assure que la sépulture était abandonnée.
Claudine Emo et son frère connaissent bien le cimetière de l'église de Buglise, un hameau de Cauville-sur-Mer : ils s'y rendent en effet depuis leur plus jeune âge pour se recueillir sur la tombe de leur arrière-grand-mère, décédée en 1912.
Problème : la municipalité nourrit le projet de transformer l'église du hameau en salle culturelle. Elle a ainsi enlevé les tombes en fin de concession... Dont celle de leur aînée. Toujours en cours de concession, d'après eux.
"On a vu des grues et là, il était trop tard"
"Nous sommes nés tous les deux à la ferme, celle de notre arrière-grand-père", s'émeut Claudine. Elle raconte avoir appris le souhait de la mairie de récupérer les concessions expirées en 2021. S'ensuivent de nombreuses démarches administratives pour renouveler la concession de la tombe de leur grand-oncle et s'assurer que sa dépouille ne sera pas exhumée.
On a vu des grues et là, il était trop tard. Le tombeau en granit était parti, on nous a dit que les ossements étaient dans la fosse commune. C'était traumatisant.
Claudine Emoà France 3 Baie de Seine
Pour leur arrière-grand-mère, en revanche, elle et sa famille assurent à la mairie disposer d'une concession à perpétuité. "On leur a dit 'apportez-nous la preuve qu'il n'y a pas de concession'. On n'a pas eu de retour jusqu'au mois d'août 2024 où en passant devant le cimetière, on a vu des grues. C'était Beyrouth, il y avait des trous partout, et plus rien."
Le monument, comme une quarantaine d'autres sur l'ensemble du cimetière de Buglise, a disparu.
Regardez ce reportage de Claire Schaffner et Danilo Commodi :
La mairie se dit dans son droit
La municipalité travaille depuis 2001 sur un projet de transformation de l'église en salle culturelle. Pour aménager un parking, le maire (sans étiquette) de Cauville-sur-Mer, Christian Grancher, a ainsi très vite entamé des démarches pour enlever les tombes abandonnées.
Il assure que la famille Emo n'avait pas de concession pour la tombe de leur aïeule, et souligne qu'il a multiplié les contacts avec les familles des défunts concernés. "Communiqués de presse, communiqués à la population, affichages sur le site, sur la mairie, sur la tombe, liste l'édile. On attend que les familles se manifestent. Si elles ne se manifestent pas, nous sommes en droit de reprendre la concession."
On demande qu'on nous rende justice pour le souvenir de notre arrière-grand-mère qui nous est chère. On souhaite que la mairie nous redonne les ossements et une plaque avec son nom, rien de plus.
Claudine Emo
Claudine Emo, elle, n'en démord pas : la concession était bel et bien toujours en cours. Tout ce qu'elle souhaite, dit-elle, c'est récupérer les ossements de son arrière-grand-mère.
Par ailleurs, si la situation ne se débloque pas, elle se dit prête à aller en justice pour se faire entendre.