Dans ces deux villes de Seine-Maritime, il est de plus en plus difficile de trouver un médecin traitant et les délais de rendez-vous s'allongent.
En ce début d'automne 2021 nombreux sont les habitants de Dieppe à devoir s'armer de patience pour pouvoir obtenir un rendez-vous avec un médecin. Une ville où on estime que 5000 à 7000 personnes n'auraient pas de médecin traitant. La situation n'est pas nouvelle et les maisons médicales peinent à répondre à la demande avec des délais pouvant aller à plusieurs semaines pour un rendez-vous.
Il ne s'agit pas d'une situation de "désert médical", mais d'un manque de médecins. A Dieppe, où exercent 18 généralistes, les professionnels de santé interrogés par notre journaliste Grégory Archiapati estiment qu'il manque 15 médecins pour répondre aux besoins de la population.
Situation tout aussi tendue pour les médecins spécialistes. Exemple avec le docteur Coudurier. Ce cardiologue dieppois pourrait être à la retraite mais exerce toujours car et n'a toujours pas trouvé de successeur. Pour lui, une des pistes d'amélioration passe par la modernisation et l'évolution des pratiques et la mutualisation des moyens :
"La télémédecine va se développer énormément. Peut-être qu'il y aura des cabinets, d'ailleurs chez le médecin généraliste, avec certains jours une consultation cardiologique dédiée, où le cardiologue sera en visioconférence et pourra étudier."
Vous savez, faire un électrocardiogramme avec des appareils automatiques et le transférer au cardiologue : c'est rien du tout ! "
Pénurie de médecins également au Havre
Comme à Dieppe, l'accès aux soins devient difficile au Havre, une ville où un habitant sur cinq n'a pas de médecin traitant. 150 médecins généralistes sont en activité dans la première ville de Normandie. Mais il en faudrait 30 de plus pour assurer toutes les demandes de consultations de la population havraise.
Face à cette situation, des professionnels de santé, regroupés au sein d'une association CPTS, ont organisé le 2 octobre 20021 au Carré des Docks la première édition des rencontres de la santé au Havre.
Et comme l'a constaté sur place notre journaliste Medhi Weber, l'objectif est de créer du lien entre les soignants pour une offre de soins plus complète et plus rapide afin de tenter de désengorger les cabinets médicaux.
Les possibilités des nouvelles technologies et des passerelles entre les différents métiers sont parmi les pistes envisagées comme l'explique le docteur Blondet :
"On est même en train d'organiser des protocoles de soins avec les infirmiers et les pharmaciens, où dans certains cas, l'infirmière repère les choses. Exemple un patient essoufflé à domicile. Le médecin il voit, il lui dit on applique tel protocole, puis l'ordonnance va directement à l'infirmière qui la bascule automatiquement au pharmacien qui amène directement le traitement."
"Dans cet exemple on est arrivé à 30 minutes soin médical. Les patients sont ravis et surtout c'est très très efficace. On fait ça dans énormément de domaines. Et c'est ça qui peut faire face à cette chute du nombre de médecins."
Si on travaille tous beaucoup mieux ensemble, on sera beaucoup plus efficace au bénéfice à la fois des patients, c'est le principal, mais aussi au bénéfice des acteurs de santé avec un travail beaucoup plus intéressant et enrichissant, et puis au bénéfice de la collectivité parce qu'il y aura eu moins de dépenses de soins, donc cela permettra de mettre cet argent sur d'autres patients qui en ont bien besoin."
Reste aussi à attirer et à garder sur place étudiants en médecine et nouveaux médecins. Une question d'attractivité et de marketing territorial que municipalité et communauté urbaine du Havre prennent déjà en compte.