VIDÉO. Rentrée : "Ça craque de toutes parts" : le grand malaise des chefs d'établissements

La rentrée des classes est un moment de joie pour les élèves et le personnel encadrant, mais cela n'occulte pas les difficultés rencontrées dans les établissements scolaires. Patrick Bedel est le principal du collège Jean-Charcot à Oissel, en Seine-Maritime. Il alerte sur les conditions de travail des chefs d'établissements, et les difficultés à mettre en œuvre les réformes dans un contexte déficitaire.

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"Ça craque de toutes parts", s'inquiète Patrick Bedel, principal du collège Jean Charcot à Oissel (Seine-Maritime), qui exerce des fonctions de direction depuis 21 ans. L'homme connaît bien les rouages de l'éducation nationale pour y être entré en 1984, et avoir exercé en son sein plusieurs fonctions, dont celle de CPE, conseiller principal d'éducation.

Patrick Bedel est également secrétaire général adjoint du syndicat Indépendance et Direction Force Ouvrière, qui défend et accompagne les personnels de direction, au niveau national.

Il a été reçu sur le plateau de France 3 Normandie lundi 2 septembre 2024, pour évoquer le manque de moyens et de personnel dans l'éducation nationale.

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{} ©France télévisions

"L'enchaînement des réformes à une vitesse croissante"

Qu'est ce qui ne va pas, selon vous, en cette rentrée 2024 

Le corps des personnels de direction subit de plein fouet les dysfonctionnements liés à l'enchaînement des réformes qui se font à une vitesse croissante.

Dans des situations souvent d'insécurité, car la plupart des réformes qui apparaissent actuellement nous arrivent sans les textes de référence.

Il y a une réforme qui fait parler depuis des mois, ce sont les groupes de niveaux, rebaptisés groupe de besoins pour les 6e et 5e en français et en math. Sont-elles compliquées à mettre en place ?

C'est extrêmement compliqué. Les collègues ont fait comme ils ont pu, dans la mesure de leurs moyens. Certains ont pu, ça dépend des moyens que nous avons dans les établissements scolaires, il faut essayer de les mettre en œuvre.

Ce que nous avons pu constater, c'est que ces moyens ont été utilisés de manières très différentes, établissement par établissement, en fonction du travail réalisé avec les équipes. Donc, c'est à géométrie extrêmement variable. Certains sont même en grande difficulté pour les mettre en œuvre.

Il y a aussi des interrogations sur le brevet des collèges. Sera-t-il désormais obligatoire pour l'entrée au lycée ?

Il semblerait... Mais tout cela est hypothétique, et ça participe de l'insécurité dans laquelle nous nous trouvons. Les équipes nous interrogent et nous sommes bien à la peine pour leur répondre. Il semblerait qu'il y ait un moratoire sur cette question-là et que ce soit reporté à l'année suivante.

"C'est une situation très anxiogène"

Il n'y a toujours pas de nouveau gouvernement, pas de ministre de l'Éducation, ça ne doit pas aider ?

Ça n'aide pas, c'est une situation très anxiogène pour une profession qui n'en peut plus. Comment travailler face à nos équipes dans ces conditions, comment nous y prendre pour piloter les établissements scolaires ? C’est ce qu'on nous demande.

La rentrée des classes dans les établissements scolaires ce sont de grands moments de bonheur, c'est ce qui nous fait plaisir. Nous nous levons le matin pour aller travailler parce que les élèves sont là. Pour le reste, il y a une perte de sens généralisé de notre fonction. On a de nombreux collègues qui perdent pied.

On parle souvent du manque de professeur, mais il manque aussi des proviseurs. Comment faites-vous dans les collèges et lycées déficitaires ?

Il y a de petits viviers, mais en Normandie je peux vous dire qu'il est épuisé pour remplacer les personnels de direction. Quand on ne trouve plus personne, on fait ce qu'on appelle communément les chaises musicales, on va prendre à droite ou à gauche des personnels de direction, et au final il y a toujours une équipe qui se retrouve avec un personnel de direction en moins, et donc en difficulté.

C'est pourquoi le syndicat "Indépendance et Direction" réclame depuis plusieurs années au ministère des brigades de remplacement.

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