En colère, une centaine d’agriculteurs a manifesté devant la préfecture à Rouen ce vendredi midi 31 janvier 2020. Ils s’inquiètent du texte de loi portant sur les distances d’épandage des produits phytosanitaires, en vigueur depuis le 1er janvier 2020.
Ils s'étaient donné rendez vous ce vendredi midi avec leurs tracteurs devant la préfecture de Seine-Maritime.
Ils étaient près d'une centaine d’agriculteurs, en colère, contre les conséquences sur leurs surfaces cultivables du texte de loi portant sur les distances d’épandage des produits phytosanitaires, en vigueur depuis le 1er janvier 2020.
A l’appel des Jeunes Agriculteurs et de la FDSEA, les exploitants ont ainsi déversé des branches, symbolisant ces Zones de non-traitement (ZNT) qui ne pourront plus être exploitées.
Selon cette nouvelle règlementation, une distance minimale entre 5 et 20 mètres est désormais à respecter entre les zones de traitement et les zones d’habitation.
Une bande qui parfois empiète sérieusement sur la surface agicole exploitable et réduit d'autant les rendements agricoles et leurs revenus.
Inquiets et vents debouts contre cette mesure, les exploitants sont donc venus demander un moratoire au secrétaire général de la Préfecture.
Que vont devenir les surfaces interdites de culture ?
Pour Hubert Leroy, agriculteur à Saint-Nicolas-d'Aliermont (76),
« C’est encore un peu flou pour le moment, on dit 5 mètres, 10 m, 20 m. On est là pour savoir à quoi se fier aujourd’hui. On sait pas vraiment la distance qu’il faut respecter. Le jour où on ne pourra plus cultiver ces 5-10-20 mètres, qu’est ce qu’on va faire ? qu’est ce qui va y pousser ? On a des frais, on paye des loyers. Comment va-t-on faire pour cette surface qui ne va pas être cultivée ? »
Franck Gremont travaille ses parcelles en polyculture à Gouchaupré (76), et il est encore plus critique :
«selon les règles qui vont être infligées par l’état, ça peut représenter un certain pourcentage sur les exploitations agrcoles : 2, 5, 7, ou 8 % en fonction des exploitations, selon si on est ou non en bordure de maison !
Pour nous, c'est intolérable! On fait même des formations pour ne pas appliquer des produits à tort et à travers et qui nuisent à la population. »
Une mesure prise sans concertation avec le monde agricole
Olivier Julien, agriculteur céréalier sur Fresnes le Plan (76), a carrément le sentiment d'être mis au pied du mur, arbitrairement :
« c’est une mesure prise sans concertation. On avait demandé à ce qu'un avis scientifique puisse nous éclairer sur les nécessités sanitaires. L’avis a été pris en prenant en compte uniquement l’avis des associations environnementalistes
On veut être partie prenante et être concertés »
« Les produits phyto sanitaires ont une durée de vie limitée au sol car ils se dégradent. Il y a un risque, juste si on les utilise par vent. On a pas le droit de les utiliser avec une vitesse de vent supérieure à19 km/h ....mais on prend des précautions.
En plus, ....les produits coûtent cher donc, on a tout intérêt à ce qu’ils restent dans la parcelle où on les utilise »
A l'issue de leur manifestation, une délégation a été reçue par le secrétaire général de la Préfecture de Région.
Patrice Faucon, représentant de la FNSEA 76, a réagi, après cette entrevue et il n'est pas très optimiste sur le moratoire qu'ils réclament.
"On a besoin qu'on nous précise les contours exacts des "zones de vie", la maison, la clôture, une haie... C'est encore trop flou !"