Pour favoriser la biodiversité, la mairie de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) a fait l'acquisition d'un cheptel d'animaux, dont trois vaches écossaises.
C'est une des formes de "l'agriculture de demain" que celle de remettre des animaux en milieu urbain. C'est le cas à quelques centaines de mètres du centre-ville de Rouen, entre la Seine et le cimetière des locomotives de la gare de triage, entre les entrepôts de la zone industrielle et le passage incessant des camions, là où, dans un petit herbage clôturé situé près de la déchetterie, paissent trois vaches aux grandes cornes et aux longs poils.
La municipalité de Sotteville-lès-Rouen a fait le choix de gérer l'entretien de ses espaces verts d'une manière qui respecte à la fois l'environnement et la bio-diversité. C'est ainsi que l'éco-pâturage a été développé dès 2014 avec l'acquisition d'une chèvre et d'un bouc pour le débroussaillage de certains terrains.
L'idée c'est d'amener, avec les déjections des animaux, une flore et une faune nouvelle sur des terrains qui étaient inertes"
Des "tondeuses sur pattes"
Après des débuts concluants, la municipalité sottevillaise a décidé de passer à la vitesse supérieure en complétant le cheptel de "débrousailleuses animales", non pas par des moutons, mais avec trois vaches Highland issues d'un élevage normand situé dans le département de la Manche.
"L'objectif de mettre ces animaux ici, c'est d'entretenir l'espace vert sans utiliser de tondeuse ou de faucheuse. Pour nous, cela veut dire que les animaux sont là pour faire l'entretien à notre place. En plus, le fait d'utiliser le pâturage comme gestion de ces parcelles là d'un point de vue écologique, en terme de bio-diversité, cela favorise l'implantation de certaines plantes et, et du coup de certains insectes."
L'éco-pâturage a été pour nous une piste pour améliorer note gestion des espaces verts avec moins de déchets à exporter en déchetterie ou à composter. En fait, avec ces vaches, nous n'avons plus de déchets puisque l'herbe qui mangée par les animaux devient une ressource pour leur alimentation"
Des vaches très rustiques
Ces trois petites vaches de race Highland du nom de Kim, Scottish et Coccinelle, ont la particularité est d'être très rustiques. C’est-à-dire qu'elles ne nécessitent que très peu de soins et peuvent rester seules des mois dehors, sans craindre le froid. Bien que dotées de grandes cornes, ces trois écossaises sont ne pas du tout agressives. Au contraire elles sont dociles, curieuses, voire joueuses.
Elles se sont très vite habituées à leur environnement et ne sont pas du tout effrayées par les nombreux bruits de la ville tels que le passage des trains, voitures, péniches, motos ou camions.
Ce sont des animaux qui peuvent vivre dans la nature sans aucun soin de l'humain. Le vétérinaire passe une fois par an pour des prises de sang obligatoires et on fait aussi des traitements vermifuges. Et s'il y a un problème, elles sont soignées très vite !"
Exploitant agricole, mais en ville
La présence de ces animaux sur le territoire communal a eu des conséquences administratives : il a fallu remplir les mêmes obligations qu'un élevage d'une ferme située à la campagne, à savoir être détenteur d'un numéro d'exploitation. C'est ainsi que Luce Pane, maire de Sotteville-lès-Rouen, est très officiellement enregistrée comme étant exploitante agricole, ayant un élevage bovin en sa possession, en son nom, pour la collectivité.
Notre maire, Luce Pane, a souhaité que la ville de Sotteville-lès-Rouen ait ce type d'éco-pâturage et ce que ça appartienne à la collectivité."
De leur côté, les agents territoriaux, qui n'ont pas vocation à être des fermiers, ont été spécialement formés, notamment auprès d'autres collectivités possédant de telles vaches.
Double fonction
Pour la mairie de Sotteville, en plus de l'éco-pâturage, la présence de ces trois vaches est un but de visite pour les groupes scolaires et les familles.
Un moyen d'inciter les habitants à redécouvrir les berges de la Seine et le chemin de halage de la rive gauche de la Seine, là où une toute nouvelle piste cyclable longe le fleuve avec une belle vue sur les coteaux boisés de la rive droite.
Un endroit où existaient autrefois des fermes et même des îles sur la Seine, comme l'île aux Cerises, rattachées à la berge dans les années 60 pour la création de la grande zone industrielle qui va de Rouen à Oissel.
Et si vous avez envie d'aller les voir avec vos enfants, sachez que ces trois vaches peuvent s'approcher de vous si vous les appelez, mais attention, pour leur santé, il ne faut surtout pas leur donner à manger. Strictement rien.
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