Accident de Lubrizol : ce qu'il faut retenir des annonces du gouvernement ce jeudi à Rouen

Comment éviter une nouvelle catastrophe dans un site SEVESO ? Rouen a été choisie par les ministres de l'Intérieur et de la Transition écologique pour présenter les mesures pour alerter efficacement les populations, contrôler les industries et leur imposer de nouvelles règles.

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sont en déplacement à Rouen, ce jeudi 24 septembre. À deux jours de la date anniversaire de l’incendie de l’usine Lubrizol, le 26 septembre 2019, les deux ministres ont tenu une conférence de presse.

Celle-ci visait à détailler les mesures mises en place depuis un an pour "mieux prévenir les risques d’incendie, améliorer l’alerte des populations en cas d’accident et garantir la transparence du contrôle des sites industriels".

La ministre de la Transition écologique a commencé ce point presse par un mot à destination de ceux qui ont vécu la catastrophe industrielle. "Cela fait presque un an, mais à titre personnel je me souviens très bien du 26 septembre 2019, de la fumée noire qui a envahi le ciel de Seine-Maritime", a indiqué Barbara Pompili.

"Moi, je l’ai vécu à la télévision, mais je ne peux qu’imaginer l’inquiétude, la peur même, qui a saisi les habitants dès le milieu de la nuit et dans les jours qui ont suivi".

À la suite du drame d’AZF à Toulouse, le gouvernement a mis en place les plans de préventions des risques technologiques (PPRT), a rappelé la ministre.

"En apprenant de cette catastrophe, nous avons évité ici des conséquences encore plus dramatiques", a assuré Barbara Pompili. D’où l’importance dorénavant de tirer "toutes les leçons de l’incendie de Lubrizol".

"Tirer des leçons" de l'incendie de Lubrizol

Premier point abordé : relever le "défi de la sécurité et de la transparence" pour tous les habitants. "Nous le devons aux habitants qui ont vécu cette crise, aux salariés des sites classés SEVESO, et à tous nos concitoyens, où qu’ils vivent."

En ce qui concerne la prévention des accidents technologiques et la protection des populations, la ministre l’assure : "nous avons avancé dans ces domaines". Une protection qui est une priorité pour le gouvernement, bien décidé à "tout faire pour que des incendies de cette ampleur ne se reproduisent plus".

Ainsi, les prescriptions applicables en matière de stockage de matière dangereuse ont été "drastiquement" augmentées depuis l’incendie de l’usine Lubizol. De même, pour limiter tout risque de propagation d’incendie entre des sites voisins par effet domino, les inspections des sites classés dans un rayon de 100m des zones SEVESO seront dorénavant systématiques.

Plus encore, des exercices réguliers seront menés sur les sites SEVESO. Ceux-ci permettront notamment de tester les moyens d’extinctions présents sur les sites : ils auront lieu de manière obligatoire "tous les ans" dans les sites SEVESO seuil haut – qui présentent le plus de risques pour l’environnement et les humains -, et seront "renforcés" dans les sites seuil bas.

"Ces nouvelles obligations concrètes seront publiées dans les prochains jours", a affirmé Barbara Pompili. Egalement, les conclusions des contrôles menées seront « systématiquement » postés en ligne, "et chacun y aura  accès".

Quand ça brûle à côté de chez soi, quand on a peur pour sa santé et celle de ses proches, on a besoin de réponses rapides et concrètes

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique

Transparence totale pour la population

Toujours dans le principe de la "plus parfaite transparence", si un accident venait à se reproduire, la liste des produits stockés et de leur quantité devra immédiatement être mise à disposition du public par les industriels du site concerné, et de façon à être compréhensible pour tous. Car "quand ça brûle à côté de chez soi, quand on a peur pour sa santé et celle de ses proches, on a besoin de réponses rapides et concrètes", a ajouté Barbara Pompili.

Enfin, la ministre a annoncé "le renforcement de nos moyens sur le terrain et de nos moyens d’enquête". La création d’un bureau d’enquête accident dédié au risque industriel a été décidée. Celui-ci sera effectif dès le mois prochain.

Cette structure spécialisée, indépendante, réunira des experts en charge de mener des enquêtes techniques dans le cadre d’accident grave, mais aussi "d’incident significatif ayant montré une défaillance dans le système".

Ces enquêtes s’attacheront à déterminer les causes d’un accident ou incident, en étudiant notamment les enchaînements de circonstances qui l’ont entrainé, y compris le facteur humain. Cela dans l’objectif de mener à des préconisations, aussi bien pour les industriels que "l’administration" (maires, préfets…)

Outils d'alerte "modernisés"

Le ministre de l'Intérieur a de son côté annoncé la mise en place de nouveaux outils, "modernisés", pour alerter la population en cas de catastrophes naturelles de tout types.

Un double sytème de SMS et de message de prévention sera ainsi mis en place dès 2022 par le gouvernement, pour un budget total de 50 millions d'euros.

Le processus, a assuré Gérald Darmanin, gardera la même efficacité durant les journées de fortes affluences des réseaux, telles que les fêtes de fin d'année, notamment le soir du 31 décembre.

Une "révolution" dans l'alerte des populations et de la meilleure information, a estimé le ministre.
 

49 sites classés SEVESO en Normandie

Pendant un an, l'accident  de Rouen a été décortiqué par les experts, les parlementaires, le conseil supérieur de la prévention des risques technologiques.

La  Normandie compte 49 sites classés SEVESO (seuil haut). Ils sont concentrés le long de la Seine. Un accident peut provoquer une cascade d'incendies et d'explosions. 

Quelles mesures s'imposent après Lubrizol ? 

  • Une alerte générale qui donne des consignes précises aux habitants
  • Des moyens de lutte incendie suffisants sur les sites (eau et émulseurs)
  • les industriels doivent connaitre la nature, la quantité et la localisation de leurs produits 
  • les industriels doivent étudier les substances qui se dégageraient lors d’un incendie
  • Augmenter les inspections des sites et faire respecter les décisions

Les parlementaires français ont recommandé un exercice de simulation d’accident chaque année et la création d’un BEA indépendant (bureau enquête accident), comme pour les accidents d'avions. 

Mettre fin à "une sorte d'indulgence" des pouvoirs publics

La commission d'enquête du sénat, présidée par le parlementaire de l'Eure Hervé Maurey, a alerté sur le manque de suivi lorsque des problèmes de sécurité sont constatés dans les usines. 

"Le nombre réduit de sanctions prononcées, leur faiblesse et le taux de classement sans suite plus élevé pour les infractions environnementales que pour la moyenne sont perçus par certains observateurs comme le signe d’une forme d’indulgence des pouvoirs publics vis-à-vis des industries et ce soupçon affecte la crédibilité de la politique de prévention, notamment la détermination de l’État à en assurer le respect : trop souvent, les recommandations et prescriptions formulées par les services de l’État ne sont pas suivies d’effet, sans que personne ne semble s’en inquiéter. "

(conclusions de la commission d'enquête du sénat)





 
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