Le boucher de 20 ans doit, selon l'administration, retourner au Mali pour reformuler sa demande pour séjourner en France. Il a pourtant réussi son intégration et est devenu un employé indispensable, dans un métier qui peine à recruter.
"Cela fait trois ans qu'on travaille avec Adama, il fait partie de la famille, il a fait tous les efforts qu'on lui a demandés, obtenu son diplôme, un contrat de travail. On est content de lui. Je suis révolté " L'artisan boucher de Darnétal, patron d'Adama, n'admet pas la raideur de l'administration française.
Adama, 20 ans est un migrant du Mali. Il a quitté son pays car il voulait "étudier en France". Sa route est passée par Bilbao, Bayonne, Tours. Puis il a été pris en charge comme mineur isolé en Seine-Maritime.
"On se sent trahi parce qu'on a pris ce jeune à la demande du département. Il avait des dispositions, on a fait tout ce qu'on pouvait pour le former. Maintenant qu'il est formé qu'il travaille avec nous, on voudrait nous l'enlever" poursuit Irwin, l'artisan.
Un parcours exemplaire qui bute sur un document d'identité malien
A son arrivée à Rouen, Adama a fait connaitre son souhait, devenir apprenti en boucherie. Il est rentré au CFA. Son maitre d'apprentissage, l'artisan de Darnétal l'a intégré dans son équipe.
Le jeune homme a réussi son CAP. Il a obtenu son précieux contrat à durée indéterminée et a un logement.
Tout semblait favorable pour le renouvellement de son titre de séjour. Son frère lui a envoyé un extrait de naissance de l'administration malienne.
Lors de l'examen du dossier, la préfecture a conclu que ce papier n'était pas conforme.
"Il s'avère que dans l'instruction de la demande, le document de date de naissance s'est avéré être un faux, c'est une fraude documentaire" explique le secrétaire général de la préfecture de Seine-Maritime.
Un arrêté demandant qu'Adama quitte le territoire a été prononcé mais "Il pourra solliciter depuis le Mali de manière légale un visa long séjour"
Un recours va être déposé par une avocate. Adama pourra rester en France pendant l'instruction. Une pétition vient d'être lancée par le patron du jeune homme sur internet.
Retourner au Mali, quitter son emploi, relancer l'administration de son pays pour avoir un autre extrait de naissance, attendre, cela semble insurmontable pour le jeune homme. "Si je dois retourner au Mali, je ne sais pas si je reviendrai encore une fois" dit-il, le regard perdu.