« Après un épisode de grippe, on a plus d’infarctus et d’AVC ». Avec une épidémie en hausse en Normandie, les autorités sanitaires appellent à la vaccination

« Les indicateurs épidémiologiques pour la grippe sont en hausse dans trois régions » dont la Normandie, selon le directeur général de la santé. Or la campagne vaccinale, y compris pour le Covid, démarre mal. Un vaccinologue rappelle l’importance des injections contre les infections respiratoires, pour prévenir aussi les accidents vasculaires.

Populations âgées de 65 ans et plus, atteintes de maladies chroniques, d'obésité sévère, les femmes enceintes, les résidents d'Ehpad… En tout, 17,2 millions de personnes sont invitées à se faire vacciner.

Les autorités sanitaires appellent à « une mobilisation accrue », car la campagne démarre trop lentement. Fin novembre, le nombre de vaccins délivré contre la grippe a baissé de 5% par rapport à la même période en 2023, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques.

Deux injections, ça rebute

Problème : au même moment, « les indicateurs épidémiologiques pour la grippe sont en hausse dans trois régions : Île-de-France, Normandie et Hauts-de-France, a déclaré le Dr Grégory Emery, directeur général de la santé.

La campagne annuelle de vaccination, qui a démarré le 15 octobre 2024, concerne deux maladies : le Covid-19 et la grippe. Les vaccins mettent environ 15 jours pour être efficaces, alors il ne faut pas attendre "pour être protégé pendant les fêtes de fin d'année", insistent les autorités.

Comment expliquer ce mauvais démarrage ? Selon le Dr Jean-Philippe Leroy, expert en vaccinologie au CHU de Rouen, « il y a deux phénomènes ». D'après le médecin, « un certain nombre de personnes continue de penser que la vaccination Covid n’est pas nécessaire. » Deuxième constat : « quand on dit aux gens qu’il faut grouper avec la grippe, ça les rebute. »

Les AVC multipliés par 8, les crises cardiaques par 10

Pourquoi pas un seul vaccin ? « Le laboratoire Pfizer, qui est le plus avancé en la matière, n’a pas réussi à grouper sur une même injection » explique le Dr Leroy. Ce dernier conseille de réaliser les deux injections au même moment, car « 15 à 20% des gens ne viennent pas faire la 2^e injection après avoir pris rendez-vous, ils oublient. »

Pourtant, ces petites piqûres ont une importance capitale. Certes, la grippe et le covid donnent des infections respiratoires, mais « on découvre que ces virus sont aussi responsables de problèmes vasculaires », explique le Dr Leroy.

Selon lui, « beaucoup de médecins ne sont pas au courant », mais on constate que « dans les 8 jours à 1 mois qui vont suivre un épisode de grippe, on a plus d’infarctus et d’AVC ». Le taux d’AVC serait multiplié par 8, et les crises cardiaques par 10.

« Donc les vaccins évitent de tousser mais pas seulement : ils évitent aussi les infarctus et les AVC. C’est quelque chose qu’on ne savait pas, c’est une nouveauté. »

Le vaccinologue rappelle également que le vaccin contre la grippe peut causer « un petit effet indésirable, un mal de tête, mais il passe après quelques heures avec du paracétamol ».  « Le vaccin ne donne pas la grippe, c’est un vaccin inactivé », insiste le Dr Leroy.