Évènement. Le Marité fête ses 100 ans de navigation à Granville

Le Marité est le seul rescapé des terre-neuviers à voile français, de ceux qui allaient pêcher la morue sur les grands bancs de Terre-Neuve au Canada. À l'époque, son port d'attache était Fécamp, maintenant, c'est à Granville qu'il est amarré, la ville qui s'est battue pour sa sauvegarde. De nombreuses animations y sont organisées les 24 et 25 juin.

Le Marité, un passé glorieux

Aussi blanc que le Belem est noir, le Marité est un ancien bateau de pêche, construit à Fécamp en 1921. Baptisé, il y a 100 ans, en 1923, son nom est le diminutif du nom de la fille de l’armateur : Marie-Thérèse Le Borgne. Ce trois-mâts goélette pêchait à Terre-Neuve, rentrant les cales chargées de morues salées – entre 100 et 160 tonnes selon les années –, au terme de campagnes épuisantes pour les hommes. Cependant, trop petit pour être rentable, le navire est désarmé au retour de sa cinquième campagne.

En 1930, le Marité est vendu au Danemark, où il est équipé d’un moteur, et d’où il repart pêcher le cabillaud dans l’archipel des Féroé, en Islande et au Groenland. Il a également servi pour la pêche à la crevette et au hareng ainsi que pour transporter du charbon et des toisons de mouton. 

Une coque reconstruite à 90 % !

De jeunes Suédois le retrouvent en 1979, abandonné dans une île des Féroé, et en tombent aussitôt amoureux. Ils le restaurent et le transforment en navire école et voilier océanographique. En 1999, ils décident de passer la main et une association est créée en France pour tenter de faire revenir dans son pays le dernier témoin de la pêche à Terre-Neuve. Un Groupement d’intérêt public (GIP) achète le bateau en mai 2004. L’été suivant, il fait un tour des côtes françaises pour l’émission Thalassa : il reçoit à chaque escale un accueil extrêmement chaleureux, mais le bateau est en très mauvais état et prend l'eau de toutes parts… En 2006, il entre en chantier pour une longue restauration à Cherbourg, puis à Saint-Vaast-La-Hougue, dans la Manche. Sa coque est reconstruite à 90 % et les travaux engloutissent 450 m³ de chêne et autant d’iroko, ainsi que 20 000 clous !
 

Une belle histoire d'amour et d'amitié

En avril 2012, Le Marité retrouve l’élément marin et croise à nouveau dans les eaux de la Manche. Manœuvré par 5 à 6 marins, il peut emmener 60 passagers en mer au départ de son port d’attache de Granville, dans la Manche. Long de près de 45 mètres sur 8 mètres de large, le voilier peut établir une garde-robe de 650 m² quand il grée ses 16 voiles Tout en haut du mât de 29 mètres, les marins ont une vue imprenable. Tous les ans, c'est la même chose. Avec le retour des beaux jours, le Marité se refait une beauté pour préparer la nouvelle saison. Cordages, voiles et poulies ont passé l'hiver au sec dans un entrepôt. Tout est reverni, graissé avant d'être remonté sur le bateau. 

"On ne triche pas avec la mer"

Outre son histoire, le célèbre voilier charrie dans son sillage un ensemble de valeurs héritées de la Marine. Le groupement d'intérêt général et le conseil départemental de la Manche ont souhaité depuis toutes ces années intégrer une dimension éducative et sociale à l'exploitation du navire. L'ancien morutier a été à plusieurs reprises chantier de réinsertion pour des jeunes en difficulté ou des chômeurs de longue durée." Il y a déjà le rêve du voyage, du bateau, de la mer, mais aussi l'exigence parce qu'on ne triche pas avec la mer. On a aussi l'autorité avec une hiérarchie à respecter, mais aussi la sécurité", raconte son capitaine depuis 10 ans Matthieu Alluin. En 2022, plus de 900 scolaires ont participé à des ateliers de sensibilisation aux enjeux climatiques. 

2023 est une grande année pour la belle centenaire. Après l'Armada de Rouen et de nombreuses autres escales, c'est à Granville le week-end du 24 et 25 juin 2023 que le Marité fête son bel âge comme il se doit.

Retrouvez ce samedi 24 juin sur France 3 Normandie une émission spéciale de 52' consacrée aux 100 ans du Marité et animée par Gwénaëlle Louis depuis Granville.

À ses côtés pour évoquer son histoire, sa restauration et la grande époque des terre-neuvas :

• Mathieu Alluin, capitaine du Marité
• Philippe Hamel, historien et secrétaire de l'association "Les amis du Marité"
• Guy Montreuil, pêcheur et petit-fils de terre-neuvas
• Gilles Augier, responsable du chantier naval Bernard