Le 15 avril 2024, le contrôle technique pour les motos devient obligatoire. La Fédération française des motards en colère y est fermement opposée et organise des mobilisations en Normandie.
Tous les scooters, motos et voiturettes vont devoir passer au contrôle technique tous les trois ans à partir du 15 avril 2024. 78 points seront contrôlés, dont les freins, le guidon, les feux, les fuites, les pneus...
Quelles conséquences pour les motos ?
En cas de "défaillance critique" (pneu ou disque de frein excessivement usé, notamment), le véhicule ne sera plus autorisé à circuler à partir de minuit le jour du contrôle.
Et si le propriétaire du véhicule veut le revendre, un procès-verbal de contrôle technique de moins de six mois doit également être fourni.
Certains véhicules restent dispensés de contrôle technique : les motos de collection (avant 1960) ou utilisées dans le cadre de compétitions sportives comme l’enduro ou le trial, ainsi que les quads homologués comme engins agricoles.
Pour rappel, le contrôle technique pour les voitures a été mis en place en 1992.
"Le bruit n'est même pas contrôlé"
Ce contrôle technique met plus qu'en colère les motards de Normandie, qui se mobilisent le samedi 13 avril dans le cadre d'un mouvement national de la Fédération française des motards en colère. "C'est un enjeu économique et financier au détriment des motards. C'est pour faire du fric, pas pour la sécurité", assure Jean-Philippe Ridel, le coordinateur de la FFMC de la Seine-Maritime.
Il dénonce un "lobbying des entreprises qui assurent les contrôles techniques sur l'Union européenne". Le contrôle technique devrait coûter entre 50 et 70 euros. "Le motard est vulnérable sur la route alors il fait attention. Et le contrôle est seulement visuel, pas besoin de démonter des choses comme sur les voitures. Cela ne va servir à rien."
Le motard appelle à #Balancetoncentre, c'est-à-dire qu'il demande aux automobilistes - en soutien aux pilotes - de ne plus aller dans les centres qui ont accepté de prendre en charge les contrôles techniques des motos. "Nous sommes en train d'établir une carte pour recenser ceux qui le font et ceux qui ne le font pas", assure-t-il.
Quant à l'assurance de leur véhicule, "la Mutuelle des motards continue de nous assurer pour le moment, contrôle technique ou non", martèle le pilote seinomarin.
Des mobilisations en Normandie
Samedi 13 avril 2024, les motards en colère se sont donné rendez-vous devant le lycée Le Corbusier près du Zénith de Rouen vers 12h30. "Nous partirons vers 13h30, nous rendrons visite à plusieurs centres de contrôles techniques puis nous rejoindrons les motards de l'Eure pour terminer à Val-de-Reuil", informe Jean-Philippe Ridel.
À Caen, le rendez-vous est fixé dès ce vendredi 22 mars 2024 pour une Nuit deux roues. Le rendez-vous est fixé à 18h30, place Courtonne. "Voilà plus de 15 ans qu'on se bat contre le contrôle technique. Il faut savoir que 0,3% des accidents de motos sont liés à des problèmes techniques. On est vraiment très en colère, c'est une atteinte à notre liberté et il n'est pas question qu'on accepte quelque chose d'inutile, s'énerve François Bénard de la FFMC du Calvados. On va continuer la bagarre, on a fait des recours au conseil d'État."
Dans le Calvados, une autre mobilisation est prévue samedi 13 avril 2024, à 19 heures, devant le stade d'Ornano à Caen.
Un référé-suspension de trois associations
La FFMC rappelle qu'en 2012, quand la réglementation européenne a demandé aux États de mettre en place un contrôle technique pour les motos ou des mesures alternatives, l'association - avec le ministère des Transports de l'époque - avait imaginé des dispositifs innovants comme le contrôle du bruit en ville. Mais un référé-suspension déposé par les associations Respire, Ras le Scoot et Paris Sans Voiture a changé la donne.
En juin 2022, le juge des référés a reconnu le risque sanitaire en termes d’accidentalité et de pollution sonore et atmosphérique et a estimé que les mesures alternatives au contrôle technique proposées par le gouvernement n’ont pas été mises en place. Il a donc imposé ce nouveau contrôle.
"Cette décision va sauver des centaines de vies de jeunes adultes et d’adolescents, faire économiser des centaines de millions d’euros d’argent public en hospitalisation, selon les études publiées dans les autres pays européens, et va surtout permettre de respirer un air plus sain, éviter à des milliers de personnes les réveils nocturnes et vivre à la ville comme à la campagne une vie plus apaisée !", avait indiqué Maître Camille Mialot, l’avocat des associations en juin 2022 lors de la décision du Conseil d'État.
"C’est une victoire pour la santé et pour l’écologie ! Cette décision marque une étape importante dans le combat de la France contre la pollution de l’air", conclut Tony Renucci, directeur général de Respire.