CARTE. Inondations : pourquoi et comment elles se multiplient en Normandie

La Normandie a connu près de 8 600 arrêtés préfectoraux pour catastrophe naturelle inondation depuis 40 ans. Les zones urbaines denses sont les plus concernées. Détails.

Les inondations sont le risque de catastrophe naturelle majeur en France. Depuis le début des recensements par l'État, dans l'après-guerre, elles représentent plus de la moitié des catastrophes naturelles dites "très graves", c'est-à-dire ayant causé plus de 10 morts ou 30 millions d'euros de dommages.

La Seine-Maritime, le département le plus touché

Et leur rythme s'intensifie. Dans les années 1950, deux épisodes d'inondations "très graves" ont été enregistrés dans l'Hexagone, contre 24 dans les années 2000 et 39 dans les années 2010, selon le ministère de la Transition écologique.

En Normandie, 8 602 arrêtés préfectoraux pour catastrophe naturelle par inondation ont été rédigés depuis 1982, année de mise en place du système catastrophe naturelle. Ces arrêtés permettent aux particuliers de prétendre à des indemnisations auprès des assurances en cas de dommage.

La Seine-Maritime est le département le plus touché, avec 2 859 arrêtés, suivie par le Calvados (1 978 arrêtés), l'Eure (1 571), la Manche (1 307) puis l'Orne (887).

Une hausse des inondations depuis 1950

En Normandie, les inondations ont trois causes principales : les fortes pluies, les débordements de la mer et les crues des cours d'eau.

Il est difficile d'estimer avec précision lesquelles sont les plus fortes, mais, pour les inondations provenant des fleuves, dites "continentales", "l'extension spatiale est beaucoup plus importante", rappelle Stéphane Costa, professeur de géographie à l’Université de Caen et membre du Groupe interdisciplinaire d'étude du climat normand.

D'où vient cette intensification des épisodes d'inondation ? Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présente la hausse des inondations comme un phénomène ayant de nombreuses causes, difficiles à déchiffrer.

Toujours est-il que le groupe d'experts note que la fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations ont augmenté depuis les années 1950 sur tous les continents. Le changement climatique d’origine humaine est tenu pour un facteur majeur.

"Ce peut être les inondations qui augmentent, mais ça peut aussi être qu'on s'est implanté de plus en plus là où on n'aurait pas dû", complète Stéphane Costa, qui pointe du doigt l'urbanisation des zones à risque.

La métropole de Rouen en tête

L'intercommunalité normande ayant été le plus concernée par les arrêtés pour catastrophe naturelle par inondation est la Métropole Rouen Normandie, avec 488 arrêtés depuis 40 ans.

C'est aussi la plus grande zone urbaine de la région. De manière générale, les arrêtés pour catastrophe naturelle se concentrent dans là où l'urbanisme est plus dense : il en a eu 393 autour de Cherbourg-en-Cotentin, 291 dans la communauté urbaine du Havre, 269 dans celle de Caen et 194 autour d'Évreux.

Les villes sont "l'endroit où il y a une concentration des enjeux", analyse Stéphane Costa.

Le littoral est l'autre zone à fort risque, à en croire la répartition des arrêtés. Il y en a eu 207 pour la Côte d'Albâtre, 393 dans l'agglomération du Cotentin, 242 à Isigny-Omaha et 213 dans la baie du Mont-Saint-Michel.

Les pays d'Auge et la région d'Alençon moins concernés

Les infrastructures de bord de mer ne semblent donc pas suffire à éviter les dégâts. "Il y a un long linéaire d'ouvrages en Normandie, mais beaucoup de communes sont touchées par les problèmes d'érosion et d'inondation. Si on avait des ouvrages performants, il n'y aurait pas autant de déclarations de catastrophe", avance Stéphane Costa.

À titre de comparaison, dans les terres, le pays d'Auge et la région d'Alençon ont chacun été concernés depuis 1982 par moins d'une centaine de ces arrêtés.

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