Le chien abandonné et attaché à un arbre en forêt de Maromme est loin d'être un cas isolé. Selon la Société Normande de Protection aux Animaux, les abandons se sont multipliés en 2022. Conséquence des adoptions "compulsives" durant le confinement.
L'affaire du "chien abandonné en forêt de Maromme" a fait couler beaucoup d'encre depuis le tweet du maire de la commune, David Lamiray.
Le jeudi 29 décembre, l'élu a fustigé la lâcheté du propriétaire de l'animal. Il a fait constater l'infraction et souhaite que l'actuel propriétaire du chien soit sanctionné.
"Il y en a malheureusement plusieurs par mois"
Cécile Royer Martin, la présidente de la SNPA (Société Normande de Protection aux Animaux) déplore cette situation qu'elle rencontre chaque mois.
On nous amène plusieurs fois par mois des chiens, abandonnés, retrouvés attachés à un arbre dans une des forêts de la métropole de Rouen.
Cécile Royer Martin, présidente de la Société Normande de Protection aux Animaux
"Il n'y a pas que des chiens, d'ailleurs, les gens abandonnent tout aussi lâchement leurs lapins et leurs cochons d'Inde, enfermés dans des cages qui sont déposées dans la forêt. Certains animaux sont signalés à temps par des promeneurs, mais d'autres sont retrouvés morts dans leur cage" détaille la présidente de la SNPA Cécile Royer Martin.
Il n'y a plus de place dans les refuges
Depuis le mois de mai, la SNPA est débordée. "Les ponts du mois de mai ont été catastrophiques, et globalement, depuis un an, nous sommes à flux tendu tous les jours", regrette la présidente de la SPA normande. "Et c'est la même situation dans les refuges et associations autour de Rouen. Il y a trop d'abandons, on ne peut pas suivre."
Le petit chien abandonné en forêt de Maromme n'a d'ailleurs pas pu être accueilli au refuge de Rouen, faute de place, même si la SNPA a une convention avec la commune.
"Tous les box sont occupés. Il y a eu un surplus de chiens arrivés sur la voie publique durant la période de Noël. On a même trouvé la veille du réveillon un chien attaché à un arbre juste devant la SNPA, sur l'île Lacroix à Rouen. Franchement, nous n'avons jamais connu une telle situation, et nous ne sommes malheureusement pas en capacité d'absorber tous ces abandons", déplore Cécile Royer Martin.
Un record d'abandons en 2022 : le post-confinement ?
Depuis un an, la SNPA de Rouen, comme les autres refuges de la région fait face à un record absolu d'abandons. "C'est la conséquence des achats compulsifs d'animaux durant le confinement", soupire Cécile Royer Martin.
Pour elle, "ces adoptions totalement compulsives, qui ont été faites en animalerie ou chez des éleveurs durant la période du confinement. Une période où les gens se sont ennuyés et cherchaient de la compagnie. Aujourd'hui, ces personnes ont regagné de la liberté, elles peuvent à nouveau voyager. Le chien, le chat ou le lapin devient un objet encombrant dont on veut se débarrasser".
Une loi qui va dans le bon sens
La présidente de la SNPA espère que le décret du 22 juillet 2022 sur le délai de réflexion changera un peu la donne. En effet, si vous souhaitez adopter un animal de compagnie, vous devrez désormais avoir signé sept jours auparavant un « certificat d'engagement et de connaissance ».
"Nous espérons que cette loi permettra aux futurs maîtres de bien réfléchir avant de s'engager vis-à-vis d'un animal. Ce n'est pas un objet ! En janvier l'année dernière, nous avons récupéré les "cadeaux de Noël", des animaux offerts comme des jouets le 25 décembre, c'est vraiment lamentable".
Heureusement, la SNPA a aussi un flux régulier d'adoptions et un réseau important de familles d'accueil très impliquées. Actuellement, dans le refuge " seconde chance" de la SNPA de l'île Lacroix, à Rouen, 60 chats et 110 chiens attendent d'être adoptés par une famille qui saura les aimer pour la vie.