Les mesures de confinement ont bouleversé les projets de tout le monde. Nous avons recueilli le témoignage d'un Rouennais qui a dû renoncer, provisoirement, à se marier et convoler en voyage en amoureux. Il se bat maintenant pour ne pas trop y perdre financièrement.
Il s'en faisait une joie. Depuis le temps qu'il attendait ça. Guillaume devait se marier en mairie ce samedi, et avait prévu deux fêtes. La première ce week-end, en comité plus restreint (33 personnes), la seconde beaucoup plus grande l'an prochain avec une centaine d'invités.
Mais très vite il a compris. Deux jours après la première allocution présidentielle d'Emmanuel Macron, lui et son conjoint se posent la question de maintenir ou pas. "Le samedi matin, on s'est posé la question. Le soir on a commencé à voir que cela allait être compliqué de maintenir. Et que ce serait plus raisonnable d'annuler."
C'était avant même de savoir que la plupart des prestations en Mairie de Rouen étaient annulées.
Des avoirs, pas de remboursement...
La salle que Guillaume avait réservée était en catégorie "multi-usages" ce qui provoquait aussi une annulation de la réception. "J'ai eu un message mail ce mercredi pour m'informer que les arrhes versées pouvaient être transformées en avoir... Mais c'est vraiment aléatoire. Impossible de caler quoi que ce soit pour l'instant." C'est donc le message qu'ils ont envoyé à leurs invités : "on reporte le mariage sine die".
On reporte le mariage sine die
750 euros qui ne reviendront pas sur leur compte en banque. Le problème c'est que la facture ne s'arrête pas là.
"On devait partir en voyage de noce le lundi 23, une semaine à Marrakech, mais le Maroc a aussitôt interdit son espace aérien aux Français."
C'est donc la compagnie aérienne ainsi que l'hôtel sur place que Guillaume a contacté pour en savoir plus. Où plutôt tenter d'en savoir plus...
"Transavia nous a d'abord par mail dit qu'ils ne savaient pas, puis que notre vol allait peut-être être annulé, puis qu'on nous avait déjà remboursé. Et là je viens de recevoir un nouveau message pour m'informer que ce sera un avoir ! Mais l'Afrique commence tout juste à être touché par le coronavirus, alors on fait quoi pour ces 500 euros ?"
Même galère pour l'hébergement, du groupe Novotel. 750 euros. Une réservation faîte sans annulation possible. "Je les ai appelé, plusieurs fois. "Ne vous inquiétez pas, envoyez juste un mail", ils m'ont dit. Sauf que je n'ai aucune réponse après déjà deux tentatives. Et pourtant, comme pour l'avion, ce sont des entreprises françaises !"
L'hôtel sur place serait vide, ou presque, puisqu'il ne resterait que des Français, bloqués dans le pays.
En tout, réception, vol et hôtel représentent donc 2.000 euros. Guillaume ne sait pas si il les reverra, où s'il pourra un jour au moins en profiter.
"On est tous les deux travailleurs indépendants avec mon conjoint. On n'est concerné par aucune aide. Lui a pu travailler début mars, donc il n'entre pas dans la catégorie de ceux qui ont perdu 70 % de leur chiffre d'affaire. Moi je mets mes salariés au chômage partiel, mais en tant que chef d'entreprise il n'y a rien de prévu pour moi."
Je suis résigné. De toute façon, on n'a pas le choix. Maintenant, il y a d'autres choses plus importantes.
Et puis il y a LA mauvaise nouvelle. Il avait prévu d'adopter la fille de son conjoint, le père biologique, après le mariage. Tout ça est aussi reporté. Et c'est peut-être ça le plus frustrant dans l'histoire. Quand les projets de vie sont reportés à un futur encore très flou et incertain.