Qu'est-ce que le consentement ? Est-ce respecté aujourd'hui ? Est-ce difficile de dire "non" ? Le consentement est aujourd'hui un thème de société majeur depuis la libération de la parole des femmes. Il est important d'en parler dès le plus jeune âge. Depuis 2001, l'éducation à la sexualité est obligatoire dans les collèges et lycées à raison d'au moins 3 séances annuelles.
"Consentement : Action de donner son accord à une action, à un projet", indique le Larousse. Le consentement est aujourd'hui un thème de société majeur depuis la libération de la parole des femmes.
Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce respecté aujourd'hui ? Est-il difficile de dire non ? Nous avons posé la question à des militantes du collectif Nous Toutes 76. Parmi elles, certaines ont déjà été victimes de l'insistance des hommes.
"Ca m'est déjà arrivé de dire non mais de devoir aller plus loin pour m'échapper de la situation", raconte Louise, 19 ans. "On était en soirée avec des amis du lycée, sous les effets de l'alcool un garçon a voulu m'embrasser. Je lui ai dit non à plusieurs reprises mais il insistait. J'ai dû trouver l'excuse d'aller aux toilettes et de rester enfermée une demi-heure en attendant qu'il se calme."
Consentement, que dit la loi en France ?
La notion de consentement est une notion très récente et le terme n'existe toujours pas la loi. "Le consentement n'existe pas dans le Code pénal", nous explique Laëtitia Bénard, avocate au barreau du Havre, "il y a des définitions sociologiques, mais dans le Code pénal on ne trouve que la définition de ce qu'est un viol, une agression sexuelle ou un inceste. Le consentement c'est ce qui va être opposé par l'auteur à la victime."
Il aura fallu attendre le 21 avril 2021 pour que l'Assemblée Nationale adopte définitivement la proposition de loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l'inceste. Aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel d'un enfant s'il a moins de 15 ans, ou moins de 18 ans en cas d'inceste. D'autres dispositions complètent le texte (sextorsion, prostitution des enfants...).
La loi fait suite à des affaires pénales médiatisées fin 2017 et 2020 dont les victimes étaient des petites filles. Son examen a débuté dans le contexte du débat dans l'opinion qu'a suscité la sortie du livre de Camille Kouchner "La Familia grande", dans lequel elle relate l'inceste dont aurait été victime son frère jumeau. Le texte initial a été en grande partie réécrit par le gouvernement et les députés en première lecture, et de nouveau enrichi en deuxième lecture par les sénateurs.
Sensibiliser dès le plus jeune âge
Et comment parler de consentement aux plus jeunes ? Dans l'Eure, une femme lutte depuis des années contre ce fléau. Elle-même a été sexuellement agressée par son père durant des années. Claire Aurélie Véraquin a fondé l'association "Les enfants de Tamar", association qui œuvre dans les écoles pour faire de la prévention.
"1 enfant sur 5 est victime de violences sexuelles. Si on développe ces actions de sensibilisations auprès du jeune public ils seront mieux informés, mieux protégés."
Claire-Aurélie Veraquin, fondatrice de l'association "Les Enfants de Tamar"
Au collège Louis Pasteur à Petit-Couronne (Seine-Maritime), l'éducation sexuelle commence dès la 6e. Nous avons assisté à une intervention du planning familial. L'association intervient pour prévenir les violences sexistes et sexuelles. Un cours pour se questionner sur différentes problématiques : comment savoir dire "oui" ou "non" à son partenaire dans la vie intime.
"Ca s'apprend de dire oui ou non. C'est quelque chose qui normalement dès le plus jeune âge, avec les parents, les copains, ce qu'on apprend à l'école."
Sarah Kherbouche-Saci, intervenante du planning familial, conseillère conjugale
Sans tabou, les élèves échangent avec l'intervenante. "C'est un droit de se rétracter, à n'importe quel moment. Que ce soit après avoir commencé, au milieu... peu importe les raisons, on n'a pas de justification à donner", explique aux élèves Sarah Kherbouche-Saci. Des situations auxquelles ces ados pourraient bientôt être confrontés. "Il faut repérer les personnes qui n'ont pas la possibilité de dire non et travailler avec eux librement."
La notion de consentement, Manon, élève de 14 ans, l'a bien compris : "On n'a pas le droit de forcer les personnes, c'est interdit par la loi".
Depuis 2001, l'éducation à la sexualité est obligatoire dans les collèges et lycées à raison d'au moins 3 séances annuelles. Mais selon un rapport de l'inspection générale de l'Education, moins de 15% des élèves bénéficient de ces 3 séances.