Des lettres pour rompre l'isolement. C'est le projet pédagogique et solidaire d'une maman enseignante en classes de Segpa pour écrire à des résidents d'un Ehpad en Seine-Maritime.
Même si les visites dans les Ehpad sont de nouveau autorisées, mais soumises à de strictes restrictions, nombreux résidents restent isolés et coupés de leurs familles, ayant très peu de contact et de lien avec l’extérieur. C’est pourquoi depuis 10 jours , Stéphanie L., enseignante en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) à Rouen, a lancé un projet solidaire avec sa classe à destination des personnes âgées avec le concours d’une structure d’accompagnement et de soins à domicile.
Un projet pédagogique et solidaire
A Rouen, Stéphanie, une maman enseignante en classes de Segpa est, comme tous les enseignants, confinée chez elle depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19. Elle a eu envie avec sa collègue Agnès L. professeure d’éducation morale et civique, de mettre en place un projet pédagogique et solidaire pour les 21 élèves confinés à la maison. L’idée lui est alors venue de faire correspondre élèves et personnes en situation de handicap en Ehpad, afin de rompre un peu leur isolement et leur apporter du réconfort.Des lettres pour rompre l'isolement
Elle se tourne alors vers l’équipe des soignants à domicile du SPASAD LA JOSA situé rue du Renard à Rouen. Elle contacte Mme Bailly, directrice de l’établissement, qui accepte immédiatement d’y participer et de transmettre les courriers des adolescents aux personnes isolées de l’Ehpad Saint Joseph à Sotteville-les-Rouen. A condition bien sûr que tout soit dématérialisé et donc sécurisé au niveau sanitaire en respectant scrupuleusement tout au long de la chaîne les gestes barrières."Quand Stéphanie L m’a contactée j’ai tout de suite accepté"
La directrice du service de soins Mme Bailly, exprime d’ailleurs son enthousiasme à l’idée de contribuer dès le début au projet :Dès le confinement dans les Ehpad, j’ai craint pour les personnes âgées les plus fragiles Des personnes âgées déjà isolées, parfois handicapées et laissées seules, sans lien, avec des habitudes de vie et un quotidien complètement chamboulés. J’ai tout de suite pensé que cette belle idée allait pouvoir rompre un peu l’isolement, et apporter du baume au cœur aux résidents. Les résidents vont comme ça retrouver le sourire, c'est touchant, et ça fait du bien.
Quinze élèves sont alors partants pour écrire à des résidents de l’Ehpad. Stéphanie centralise les courriers de ses élèves sur sa boîte mail, et les transmet à Mme Bailly. Celle-ci les imprime et les confie aux soignants pour qu’ils remettent personnellement aux résidents ce petit cadeau sorti de leurs mallettes, équipés de gants, masques dans le plus strict respect des gestes barrières.
Aucune obligation de réponse n’est demandée, mais l’idée est aussi de faire naître pourquoi pas une correspondance entre les jeunes et les personnes âgées.
L’exemple de Sophie, 16 ans, confinée toute seule
Sophie, 16 ans a tout de suite été emballée par le projet. Cette élève, très courageuse et volontaire, selon sa professeure, vivant avec son frère et sa mère à Perriers sur Andelle, déprime un peu depuis le début du confinement. Son frère et sa mère étant obligé de reprendre leur activité professionnelle à l’extérieur, Sophie se retrouve seule de longues journées.C’est donc avec enthousiasme qu’elle écrit une lettre, qui sera remise à Françoise, 68 ans, pensionnaire de l’Ephad Saint Joseph à Sotteville les Rouen :
Monsieur, Madame, je pense à vous car je me rend compte dans cet isolement que la solitude est pesante. Je pense que les visites des aides-soignantes et des infirmières représentent pour vous des moments importants d’échanges, de rires, de complicité et certainement d’affection.
Françoise, touchée par la gentille attention de la jeune fille lui répond aussitôt :
Stéphanie, les élèves et soignants se félicite de la réussite du projet. En ces temps de confinement extrêmement difficile sera né un échange épistolaire, et peut-être une belle amitié entre Sophie, la jeune collégienne, et Françoise pensionnaire d’un Ehpad….