Alors que la Normandie est une des régions de France où la couverture vaccinale est la meilleure (90,9 % des habitants ont reçu deux doses), le taux d'incidence dans les 5 départements continue de bondir. On vous explique pourquoi.
"Pourquoi le taux d'incidence explose alors que la majorité de la population est vaccinée ?" Vous êtes de plus en plus nombreux à nous interroger à ce sujet. Alors que 90,9% des normands ont reçu deux injections (contre 75,5% à l'échelle nationale), le taux d'incidence ne cesse d'augmenter depuis plusieurs semaines dans la région : +32% en une semaine. Il s'élève à 236,8 (taux pour 100 000 habitants) au 7 décembre 2021, contre 177,8 lors du dernier point de situation. Il était de 118 le 23 novembre.
"C’est clairement une déception !", déplore le Professeur François Caron, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Rouen. "Au départ on pensait que si la population mondiale ou dans un territoire particulier était immunisée à 70, voire 60%, la circulation du virus disparaitrait."
Un fort taux de contamination chez les enfants
Mais alors, pourquoi le taux d'incidence continue d'augmenter dans la région et ailleurs malgré une forte couverture vaccinale ? Tout d'abord, parce qu'il reste des personnes non vaccinées. "Il reste les 10% qui refusent la vaccination et qui disséminent le virus, ainsi que les enfants de moins de 12 ans qui se contaminent entre eux, puis leurs parents et leurs grands-parents", indique le Pr. Caron.
Dans son bilan hebdomadaire publié le 10 décembre, l'académie de Normandie a fait état de plus de 1 500 cas de Covid sur la semaine précédente. Le niveau 3 du protocole sanitaire a été déclenché le 9 décembre pour les écoles primaires.
Le gouvernement a annoncé, lundi 6 décembre, que les enfants de 5 à 11 ans exposés à des formes graves de Covid-19 pourront être vaccinés à partir du 15 décembre. Mais le Premier ministre, Jean Castex, a ajouté dans la foulée que pour l'ensemble de cette tranche d'âge, "cela pourrait commencer le 20 décembre en centre de vaccination et le 27 décembre en ville, avec les mêmes réseaux que les adultes".
Un vaccin moins efficace
Ensuite, au fil des mois, l’efficacité des vaccins diminue légèrement. "Nous sommes sans doute aussi un peu en bout de protection avec deux doses de vaccin pendant une période épidémique, d’où l’importance de réaliser un rappel lorsque l’on est éligible pour booster l’immunité et garantir le plus haut niveau de protection face au Covid-19", nous indique l'Agence Régionale de Santé (ARS) Normandie.
D'autant plus que sur les 90% des normands vaccinés, tous n'ont pas encore eu leur dose de rappel et pour certains, leur deuxième dose remonte à plus de 5 mois. D'où la circulation virale.
Il faut un taux d’anticorps collectif très élevé pour endiguer l’épidémie. Deux doses dont la dernière remonte à plus de 5 mois, ce n’est pas une bonne protection vaccinale.
Professeur François Caron, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Rouen
Un virus qui mute
Enfin, le variant delta est beaucoup plus transmissible que le variant alpha ou historique. "Malheureusement ce virus s’adapte, les mutants successifs sont plus transmissibles et donc plus virulents, surtout le variant Delta qui occupe 99,9% de nos préoccupations", explique le Pr. Caron.
Sans oublier le nouveau variant Omicron, mais ce variant semble pour le moment moins sévère au niveau des symptômes. Alors que les cas se multiplient à travers le monde, aucun décès n'a encore été associé à ce nouveau variant.
Quant à l'efficacité de la vaccination sur Omicron, les laboratoires Pfizer et BioNTech ont annoncé mercredi que la réponse immunitaire liée à leur vaccin était "réduite de façon significative" pour les patients ayant reçu deux doses, mais que trois doses offraient "un haut niveau de protection", comparable à celui de deux doses face aux autres variants.
Carte ci-dessous - Couverture vaccinale des personnes âgées de 12 ans et plus complétement vaccinées (%) au 9 décembre 2021
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Alors que le moral des Français est en berne face à la crise sanitaire, le Professeur Caron se montre optimiste : "Beaucoup de maladies infectieuses ont besoin d’un schéma à trois doses. Il ne faut pas désespérer, on va s’en sortir !" 12 millions de Français ont d'ores et déjà reçu leur dose de rappel, le gouvernement vise les 20 millions d'ici Noël. "C'est ce qui pourrait éteindre l'incendie."