Le procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) s'ouvre lundi 14 février 2022 à Paris, près de six ans après l'assassinat du père Jacques Hamel à coups de couteau en pleine messe. Revivez minute par minute le premier jour du procès.

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Six ans après l'assassinat du Père Jacques Hamel, le procès de l'attentat de Saint-Etienne du Rouvray débute ce lundi 14 février 2022 à la cour d'assises spéciale de Paris. Si les deux assaillants sont morts, t rois membres de l'entourage des assaillants seront jugés pour complicité d'assassinat et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Un grand absent, l'instigateur présumé Rachid Kassim.

Les victimes et leurs proches ont dit vouloir "comprendre" ce qui a mené à cet attentat, tandis que l'un des accusés a craint qu'on lui fasse porter "un costume trop grand" pour lui. 

Rappel des faits

Le 26 juillet 2016, le père Jacques Hamel est assassiné à coups de couteau par deux hommes, en pleine messe dans une église à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen. L'attaque est  revendiquée par le groupe État islamique.

Les deux jihadistes de 19 ans, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, sont tués par la police à leur sortie de la petite église de la banlieue de Rouen.

Cet attentat visant pour la première fois en Europe un prêtre dans une église avait bouleversé bien au-delà des frontières françaises.

A lire aussi : Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l'on sait aujourd'hui des faits du 26 juillet 2016

Ce qu'il faut retenir de ce 1er jour

  • Les trois hommes attendus dans le box de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Philippe Jean Louis, Farid Khelil et Yassine Sebaihia, sont renvoyés pour "association de malfaiteurs terroriste". Ils sont soupçonnés d'avoir été au courant des projets des deux jeunes hommes, d'avoir partagé leur idéologie ou d'avoir tenté de rejoindre la Syrie.
  • Le quatrième accusé, Rachid Kassim, présumé mort dans un bombardement en Irak en février 2017, sera le grand absent du procès. Ce propagandiste français du groupe Etat islamique est le seul à être mis en examen pour complicité de l'assassinat du prêtre, pour avoir "sciemment encouragé et facilité le passage à l'acte" d'Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean.
  • Premier à répondre aux questions de la cour, Farid Khelil, 36 ans aujourd'hui, a assuré avoir "beaucoup de mal" avec les faits qui lui sont reprochés, qu'il "conteste". "Ce costume, il est trop grand pour moi", a-t-il estimé.
    Interrogé sur son parcours, il a évoqué sourire aux lèvres ses "nombreuses petites amies", sa consommation de cannabis ("Ça fait 24 ans que je suis en sevrage") ou ses voyages aux Pays-Bas et en Allemagne "pour les maisons-closes".
  • S'il s'est un temps rendu à la mosquée pour renouer avec son père, puis a fréquenté son cousin Abdel-Malik Petitjean, qui l'a initié à la prière et lui a montré des vidéos de propagande pour le "sensibiliser" au sort des Syriens, il affirme n'avoir "jamais eu" d'engagement religieux et n'avoir "jamais pratiqué".
    En détention provisoire depuis cinq ans, il encourt trente ans de réclusion criminelle.
  • Ce premier interrogatoire de personnalité a peut-être apporté quelques éléments de réponse à Guy Coponet, un paroissien grièvement blessé par les jihadistes, qui a souhaité lundi que le procès permette "que ça se termine de bonne façon". Aujourd'hui âgé de 92 ans, il "veut comprendre (...) comment des jeunes tout juste sortis de l'adolescence en sont arrivés à commettre de telles horreurs", avait expliqué à l'AFP son avocat, Me Méhana Mouhou.
  • En revanche, les trois religieuses aussi présentes dans l'église ont fait parvenir un certificat médical attestant qu'elles n'étaient pas en état de témoigner.

Le procès minute par minute

Notre journaliste Maxime Fourrier est sur place pour suivre le procès jusqu'à jeudi. 

19h20 : Fin des questions du président de la cour à M. Sebaihia. Et fin de cette première journée de procès.  Pour la deuxième journée, sera évoquée la personnalité de Jean-Philippe Steven Jean-Louis, 3ème accusé dans le box.

19h12 : Le casier judiciaire de Yassine Sebaihia, indique le président de la cour d’assises spéciale. Selon le rapport de la prison dans laquelle il est incarcéré, c’est un détenu calme qui lit beaucoup, notamment sur la religion.

19h05 : Quelques jours avant l’attentat de #SaintEtienneDuRouvray, la copine de M. Sebaihia l’a quitté.

En juin 2016, quelques semaines avant l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, Yassine Sebaihia dit être dépressif. « Comme si on m’avait jeté un sort », explique-t-il. C’est à cette époque là que Yassine Sebaihia se tourne vers la religion. 

19h : Le président souligne l’assiduité de M. Sebaihia aux cours durant son incarcération (de mi-2018 à mi-2019). « Il participe et est très apprécié des professeurs », explique la cour.

18h47 : Yassine Sebaihia prend la parole. Il est co-accusé « d’association de malfaiteurs terroristes ».

18h20 : Ce premier jour de procès à pris du retard. Le deuxième à s'exprimer sera Yassine Sebaihia, 21 ans au moment des faits. C'est lui qui avait brièvement rejoint les deux terroristes à Saint-Etienne-du-Rouvray, avant de rentrer à Toulouse. "Il vit très mal le fait d'être associé au terrorisme. C'est difficile pour lui de comparaître à cette audience aujourd'hui", nous indique son avocate.

Selon les experts, il avait  des difficultés scolaires lors de son adolescence. Il était également violent avec certains camarades.

Mardi, ce sera au tour de  Jean-Philippe Jean Louis, le plus jeune accusé, sera à son tour interrogé sur sa personnalité.

17h12 :  Fin de la prise de parole de M. Khelil. Une experte est à la barre comme « témoin de personnalité ». Elle éclaire la cour sur la vie de Farid Khelil. Ce dernier ne sera interrogé sur les faits que début mars.

L’experte explique que M. Khelil ne suivait (selon les informations dont elle dispose) pas de préceptes religieux : « il ne pratiquait ni les 5 prières par jour, ni le jeûne du ramadan. » Toujours lors de l’enquête de personnalité, il apparaît que Farid Khelil serait une personne « influençable ». Il le confirme auprès de l’avocate générale.

15h50 :  La cour rappelle le contenu du casier judiciaire de Farid Khelil : condamnation conduite sous l’emprise de stupéfiants en 2009 et recel de téléphone portable durant son incarcération en 2019. Quant à l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, il est en détention depuis le 31 juillet 2016.

15h40 : Farid Khelil  est le cousin d'Abdel-Malik PetitJean, tué lors de l’attentat du 26 juillet. I l dit ne pas connaitre Adel Kermiche, le deuxième terroriste de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, lui aussi abattu par les forces de l'ordre.

Sur ses relations avec avec les deux autres co-accusés présents au procès. Avec Jean-Philippe Steven Jean-Louis : « je l’ai vu deux/trois fois ».
Avec Yassine Sebaihia : « je ne le connais pas. J’ai appris son existence avec cette affaire. »

15h30 : Farid Khelil  dit avoir été victime et auteur de violences à l’égard de son ex-femme. Il a été hospitalisé en psychiatrie en mai 2014. Dans le même temps, l’homme évoque ses nombreuses conquêtes féminines entre 2014 et 2016. « J’ai eu une vie sexuelle débridée. J’ai eu des relations avec des hommes, c’était ma vie privée, ça ne regardait personne. »

15h20 : " Je me suis marié en 2010. Nous avons eu deux enfants : Yanis, 9 ans et Maya, 5 ans. En 2015, je me suis séparé de la mère de mes enfants. Ma vie tournait autour de la drogue, du sexe et des jeux-vidéos. C’est ce qui conduit à notre séparation", souligne Farid Khelil, qui dit ne voit plus voir ses enfants. 

14h42 : L’audience a repris. La personnalité de Farid Khelil va être étudiée. En préambule, l’homme de 36 ans dit contester « l’association de malfaiteur terroriste ». Il conteste également une volonté de partir en Syrie. Ce dernier dit s'être « senti abandonné lors du divorce de mes parents. J’ai été malheureux, je manquais d’affection. Je n’avais pas de présence paternelle. »

13h35 : Maître Francis Szpiner, avocat de membres de la famille du père Hamel, s'exprime au sujet des policiers de la DRPP ( direction du renseignement de la préfecture de police de Paris) évoqués ce matin au début de l'audience. Il regrette leur non participation au débat. "Il ne s'agit pas de les juger mais d'entendre leurs témoignages. Toutes les institutions de la République doivent rendre compte de leurs actions. La police comme la justice."

13h : La séance est suspendue. Cet après-midi, deux des quatre accusés seront interrogés par la cour sur leurs personnalités. Farid Khelil, 36 ans puis Yassine Sebaihia, 27 ans. Tous les deux sont accusés de « participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

12h30 : La cour énonce tous les faits reprochés à Rachid Kassim, Farid Khelil, Yassine Sebaihia et Jean-Philippe Steven Jean-Louis. Les trois derniers sont présents dans le box et risquent jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.

12h20 :  Le président a appelé tous les témoins. Il résume désormais brièvement les faits qui se sont déroulés à l’église  le 26 juillet 2016. 

11h53 : Les avocats des parties civiles citent Mediapart  et les potentiels ratés de la DRPP. Selon le média, l a direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris a eu connaissance des messages d’un des tueurs du père Hamel une semaine avant l’assassinat du religieux. Le terroriste y évoquait une attaque dans une église, mentionnait Saint-Étienne-du-Rouvray… Une fois le prêtre assassiné, la DRPP avait alors postdaté deux documents afin de masquer sa passivité. 

11h50 : Les discussions se concentrent sur des policiers de la préfecture de police de Paris, qui pour l’heure « sont dans l’incapacité » de témoigner. Les avocats des parties civiles demandent à ce que ces policiers se présentent devant la cour durant le procès.

11h : La séance reprend.  La cour d’assises spéciale cite un très grand nombre de témoins qui seront interrogés durant le procès.

10h50 : Roselyne Hamel : « Cet attentat aurait pu être évité »

La sœur du Père Hamel s'exprime devant la presse. « Je n’attends pas d’excuses. Je les ai vu dans le box des accusés, je les écouterai »

Roselyne Hamel : « Cet attentat aurait pu être évité » ©V.Arnould et F.Nicolas / France Télévisions

10h40 : L’audience est suspendue, car tous les témoins n’ont pas encore eu accès à salle d’audience. A l'extérieur, affluence très importante depuis ce matin.

Il faut dire que le procès est très dense : une soixantaine de témoins, des experts, des enquêteurs, des proches des victimes et des accusés, près de 40 partis civils, une dizaine d'avocats...

10h18 : Le procès s'ouvre. L es accusés se sont présentés. Comme les parties civiles.

Malgré l'absence des principaux responsables, les victimes et leurs proches veulent croire que l'audience, prévue pour durer près de quatre semaines, aidera à la "compréhension" de ce qui s'est passé.

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