Khadidja Benyahia, cheffe d’entreprise rouennaise, âgée de seulement 23 ans, dirige FNB (Finition nette bâtiment) spécialisée dans les travaux de peinture et le nettoyage. C’est l’une des sept lauréates du concours « Talents des cités », mercredi 27 novembre 2024, à l'Élysée. Emmanuel Macron, le président de la République, l'a félicitée.
Elle suscite l'admiration. Originaire d'Elbeuf, Khadidja Benyahia est cheffe d’entreprise à Rouen (Seine-Maritime), âgée de 23 ans, dirige FNB (Finition nette bâtiment) spécialisée dans les travaux de peinture et le nettoyage depuis mars 2023.
Talents des Cités 🏆
— Préfet de Normandie et de la Seine-Maritime (@Prefet76) November 28, 2024
C'est à l'@Elysee, en présence du président de la République, que Khadidja Benyahia, originaire de #Elbeuf, a été récompensée à l'occasion du concours national #TalentsdesCites.
La cérémonie a mis à l'honneur des créateurs d’entreprises situées dans les… pic.twitter.com/bQre4KcJum
Un prix à l'Élysée
Son entreprise vient d’être récompensée en haut lieu. Mercredi 27 novembre 2024, à l’Élysée, elle était sous les feux des projecteurs. Elle a reçu le prix France Télévisions, des mains de Delphine Ernotte. Et d'Emmanuel Macron. C’est l’une des sept lauréates du concours « Talents des cités » en catégorie "création".
Lancé il y a plus de 20 ans, le concours « Talents des cités » vise à valoriser les initiatives entrepreneuriales dans les quartiers. Il est ouvert à tous les entrepreneurs, au stade de projet ou déjà en activité, implantés ou souhaitant s’implanter en Quartier Prioritaire de la politique de la Ville.
Fondatrice de sa société lancée en 2021, Khadidja Benyahia lutte contre les préjugés, et prône la mixité professionnelle. Son ambition : bousculer les mentalités, et promouvoir l’emploi des femmes. Et offrir de nouvelles opportunités, dans un milieu où elles sont trop souvent invisibles.
Le bâtiment, un domaine aussi pour les femmes
Née à Oran, en Algérie, elle est arrivée en France à l’âge de huit ans. Issue des quartiers défavorisés, elle obtient son Bac. Puis, elle décide d’arrêter ses études : « j’ai d’abord ouvert une micro-entreprise de nettoyage. J’ai pu constater que le secteur du bâtiment était dominé par des hommes. Que les employeurs ne réalisaient pas la promotion des femmes dans le secteur du BTP ».
Elle porte le voile, et n’hésite pas à bousculer les préjugés. Elle fonde, seule, sa propre société, dans le domaine du BTP, pour répondre à ce manque : « c’est une valeur importante à mes yeux. Je voulais absolument promouvoir la mixité, et donc favoriser l’emploi des femmes, qui ne sont pas prises au sérieux dans ce milieu très masculin et machiste. Un domaine qui pourtant intéresse de plus en plus de femmes ».
Elle se lance d’abord dans trois types de prestations : peinture en bâtiment, nettoyage, et isolation thermique. Son défi : « lutter contre la discrimination et montrer que les femmes ont autant de compétences que les hommes dans ce domaine ».
Mission doublement accomplie : « Les entreprises pour lesquelles je travaille comme prestataire, sont très satisfaites des femmes. Mieux encore : les femmes sont très demandées car leur travail est estimé très soigneux et minutieux ».
Quatre salariés et des perspectives
Aujourd’hui Khadidja se rémunère au SMIC. Elle emploie quatre salariés, deux CDI et deux CDD, deux femmes et deux hommes. "J'en emploie un peu plus, selon les chantiers", explique-t-elle. Son ambition pour l’avenir : développer d’autres prestations comme la menuiserie ou la pose de carrelage.
Recevoir ce prix est une grande fierté pour elle, notamment d'être félicitée par le président de la République, Emmanuel Macron. "C'est une fierté de recevoir un prix à l'Élysée devant le président, c'est le fruit de mon travail, de mes valeurs, et j'espère donner envie à d'autres femmes de s'engager dans le bâtiment, dans l'entrepreneuriat. Je veux donner envie à ma manière."
Une phrase prononcée par le chef de l'État lors de la remise de prix à Khadidja Benyahia n'est d'ailleurs pas passée inaperçue et a déclenché la polémique sur les réseaux sociaux : "Franchement qu'une jeune femme aille dans le bâtiment, en plus voilée, on aurait des tas de problèmes sur plein de chaînes, on n'aurait parlé que de ça".
"On est dans une société où on n’accepte pas le voile"
Mais ni la phrase d'Emmanuel Macron ni les commentaires qui en ont découlé n'ont ébranlé Khadidja. "Je m'y attendais, on est dans une société où on n’accepte pas le voile, je savais que ça arriverait à un moment ou à un autre. Cela me fait de la peine mais ce n'est pas grave, on parle de moi", sourit-elle.
Elle reconnaît cependant qu'être une femme sur un chantier, "en plus voilée, ce n'est pas toujours facile". "Mais moi, j'essaie de changer les choses à ma façon."
Pour Khadidja, ce prix, c’est un tremplin salutaire pour « développer sa société, et accroître l’inclusion de nouvelles femmes. Et aussi : créer plus de 10 emplois en CDI, et des formations internes. Et travailler directement pour des clients, ne plus être prestataire ».
En ligne de mire, des objectifs toujours plus ambitieux : Khadidja veut passer « de 280 000 à un million de chiffre d’affaires, d’ici un an. Et d’ici cinq ans, je veux absolument développer mon entreprise au niveau national ».