Suite du projet (contesté) d'implantation d'un immense entrepôt logistique sur la friche industrielle de l'ancienne raffinerie de Petit-Couronne avec, le 11 mars 2021, l'autorisation préfectorale accordée à la société porteuse du programme.
C'est un nouvel épisode dans le feuilleton de l'arrivée d'Amazon dans l'agglomération rouennaise. Le projet du géant américain du commerce en ligne est de construire un important centre logistique autour d'un immense entrepôt de plus de 160.000 m2.
► Lire plus bas les réactions à ce "feu vert préfectoral "
Après l'avis positif, le 15 janvier dernier, du CODERST (Conseil Départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques de Seine-Maritime) Pierre-André Durand, préfet de la Seine-Maritime et de la Normandie, avait prévenu : " Je prendrai un arrêté d'autorisation vraisemblablement d'ici la fin du mois de février. La singularité de cet équipement, de ce site, c'est que les dispositions qui sont prises vont toutes au-delà de la réglementation, donc il n'y a pas de motif juridique pour refuser cette implantation".
C'est finalement ce jeudi 11 mars, que deux arrêtés préfectoraux ont été signés "autorisant la réalisation d’un entrepôt de stockage de grande capacité pour le e-commerce à Petit-Couronne" :
- d’une part, l’arrêté portant autorisation d’exploiter au titre des installations classées pour l’environnement (ICPE) attribué à la société Gazeley
- d’autre part, l’arrêté au titre de la loi sur l’eau au bénéfice du parc d’activités développé par la société Valgo
Dans un communiqué où est indiqué dans quel contexte ces autorisations ont été données (► Lire plus bas), la préfecture précise que :
"L’arrivée de cette nouvelle activité génératrice d’emplois s’inscrit dans une action de long terme visant à reconvertir le site de l’ancienne raffinerie Pétroplus et ainsi éviter la création d’une friche industrielle au cœur de l’agglomération rouennaise. Elle participe de ce fait à la lutte contre l’étalement urbain par le recyclage d’anciens sites industriels."
Ce projet d'entrepôt aux portes de l'agglomération rouennaise a beaucoup mobilisé ces derniers mois. Opposants et défenseurs d'Amazon ont lancé des pétitions et mené des actions divergentes. Les premiers dénonçant l'impact sur l'environnement, les seconds défendant la création d'emplois.
Le conseil métropolitaine de la Métropole Rouen Normandie avait voté contre ce projet d'entrepôt.
Selon les premiers éléments connus, ce futur entrepôt d'Amazon permettrait de traiter plus de 330.000 colis par jour. Six centres de distribution Amazon existent déjà en France.
Pourquoi ce "feu vert" préfectoral ?
La préfecture de la Seine-Maritime précise, ce 11 mars 2021, que ces autorisations ont été données à la suite de l’avis favorable du CODERST :
"En particulier, s’agissant de l’arrêté ICPE, le CODERST a émis un avis favorable le 12 janvier à la suite d’un important travail réalisé par l’exploitant pour faire évoluer son projet en y intégrant les recommandations du SDIS 76 en matière de sécurité incendie telles qu’elles figuraient dans ses rapports du 12 juin et du 14 août 2020 s’appuyant sur le retour d’expérience de l’incendie du 26 septembre 2019. Ces recommandations ayant été mises en oeuvre, l’avis favorable a pu être prononcé."
"Il convient de rappeler que le commissaire enquêteur avait rendu un avis favorable le 20 octobre tout en demandant que les recommandations du SDIS soient prises en compte et que la commune de Petit-Couronne avait émis un avis favorable le 15 octobre 2020."
Premières réactions
Parmi les premières réactions, celle de Laurent Bonaterre (maire de Caudebec-lès-Elbeuf et ancien socialiste) qui dans un tweet exprime sa satisfaction : "Enfin une bonne nouvelle pour l #emploi dans la #Métropole de #Rouen ? Merci à @Prefet76 d’avoir suivi le Maire et pas la position idéologique de la majorité de la Métropole ! Espérons que la #Metropole ne fera pas un recours pour bloquer... #Amazon"
Enfin une bonne nouvelle pour l #emploi dans la #Métropole de #Rouen ? Merci à @Prefet76 d’avoir suivi le Maire et pas la position idéologique de la majorité de la Métropole ! Espérons que la #Metropole ne fera pas un recours pour bloquer... #Amazonhttps://t.co/lCIjU4uZQn
— Bonnaterre Laurent (@BonnaterreL) March 11, 2021
A Rouen, le député (LREM) Damien Adam commente l'autorisation préfectorale en citant un chiffre : "1859 contrats de travail qui vont bénéficier aux habitants de la Métropole Rouen Normandie qui souffre d'un chômage plus fort que la moyenne nationale".
Du côté des opposants, le collectif normand "Stop Amazon 76", contacté ce jeudi par la rédaction de la radio France Bleu Normandie, déclare vouloir continuer par différents moyens sa lutte contre le projet, à commencer par le dépôt d'un recours contre ces arrêtés préfectoraux du 11 mars 2021.
Les "pour" expriment leur satisfaction
Le 12 mars, Joël Bigot, le maire (PS) de Petit-Couronne exprimait son optimisme en direct sur France 3 Normandie : "J'ai réagi favorablement à la décision du préfet de signer les deux arrêtés, ensuite ma réaction au sujet des recours : je ne suis pas surpris parce qu'il y avait déjà un recours gracieux contre le permis de construire que j'avais signé le 18 novembre."
Satisfaction également de Bertrand Bellanger, le président (LREM) du conseil départemental de la Seine-Maritime, qui dans un communiqué, évoque la création d'emplois :
"Demain, sur la friche industrielle de Petroplus, au cœur d’un bassin de vie fortement touché par le chômage, l’entreprise Amazon va permettre à plus d’un millier de personnes de retrouver le chemin de l’emploi. Sur ce territoire de l’UTAS Boucles de Seine, je rappelle que le Département de la Seine-Maritime développe son expérimentation de Service public de l’insertion et de l’emploi (SPIE), visant à accélérer le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA (14 000 foyers sur cet UTAS)."
"Dans cet esprit, j’ai demandé à ce que les services du département, lorsque le projet entrera en phase de concrétisation, puissent prendre contact avec la société Amazon pour envisager le travail commun que nous pourrions mener, en lien avec Pôle Emploi, pour que cette implantation soit vertueuse socialement et permette, demain, aux bénéficiaires du RSA, habitant à proximité du site, d’accéder à une part significative des emplois créés."
Première action des "contre"
Du côté des opposants, des actions sont en préparation sur le plan administratif mais aussi sur le terrain. Premier exemple au lendemain du feu vert préfectoral avec des banderoles déployées aux abords de la préfecture de la Seine-Maritime et sur le cylindre du "Panorama XXL" par le collectif "Stop Amazon 76".
En bord de Seine, un des membres de ce collectif, Marceau Bigot, exprimait l'un de ses arguments :
"Toutes les études qui ont pu être faites maintenant depuis que Amazon est en expansion depuis 20 ans, montrent qu'en fait, quand un emploi qui est créé chez Amazon, on a 4 emplois qui disparaissent dans les autres filières commerciales. Et ici, le bassin d'emploi qui va être concerné par cet entrepôt c'est toute la Normandie (…) Et il faut aussi savoir que les emplois qui sont créés chez Amazon aujourd'hui vont, à terme, pour beaucoup, être remplacés par des robots. Donc, l'argument de l'emploi pour nous, il ne tient pas du tout."
Au-delà de l'installation (ou non) d'Amazon, ces arrêtés préfectoraux marquent la fin des travaux de dépollution du site de l'une des plus anciennes raffineries françaises, et donc de sa reconversion en parc d'activité économique. Un site où le transport fluvial et ferroviaire est possible.