Fausse neige et guirlandes : que se passe-t-il dans cette rue rouennaise, aux couleurs de Noël en plein mois de juin ?

Des décorations de fêtes de fin d’année ont été installées dans la rue Massacre, à Rouen. De la fausse neige a été aperçue sur le parvis de l'Eglise Saint-Maclou. La raison ? le tournage d’un téléfilm de Noël américain vient de débuter.

Partout à Rouen, c’est le même tableau, ce mercredi 21 juin : il fait 25 degrés, c’est la fête de la musique, les commerces sont encore au couleur de l’Armada.

Partout, sauf rue Massacre. Dans cette petite allée piétonne, coincée entre le Gros Horloge et le Palais de Justice, on croit rêver : c’est l’hiver, on fête Noël, et les guirlandes pendent au-dessus des têtes de passants incrédules.

La raison de ce décalage, la voici : un téléfilm de Noël est en tournage à Rouen. Vous savez, ces fameux « Christmas Movies » qui envahissent le petit écran dès le mois d’octobre. Hallmark Channel, grand spécialiste de ces comédies, bien souvent romantiques et fleur bleue, a choisi la ville normande pour son prochain film.

"Ils font toujours ces tournages de films de noël en plein été", sourient Sophie et Marion, deux rouennaises en train de se balader dans le centre historique. Effectivement, c’est avec l’écharpe autour du cou et le bonnet sur la tête que les acteurs devront se donner la réplique.

A l'Eglise Saint-Maclou : silence, on tourne.

Mais si la rue Massacre est déjà aux couleurs de Noël, pas de traces de comédiens. Ce mercredi 21 juin, l’équipe du film tourne une première scène dans l’Eglise Saint Maclou, toujours à Rouen. L’accès n’est pas autorisé, la production souhaite une confidentialité la plus totale. On ne saura rien sur l’histoire, et on aura qu’un titre provisoire : « Le Marché de Noël ».

Au pied de l’Eglise, une dizaine de camionnettes. A l’intérieur, une cinquantaine de personnes. "Une trentaine dans l’équipe étrangère et une vingtaine de Français, dont beaucoup de Rouennais", précise la production. Ça change des touristes et des fidèles, et "c’est très intéressant d’assister à cela", explique l’Abbé Bertrand Laurent.

"Ça se passe essentiellement dans une chapelle, et il y a aussi une scène dans le chœur". La crèche a été installée, « pour signifier le temps de Noel ». Heureux de pouvoir "ouvrir la porte des églises", l’abbé Bertrand Laurent précise que "le film est en accord avec ce lieu saint".

Une crêperie privatisée et totalement redécorée

Pour ce tournage, de la fausse neige a été dispersée dans l’église. En ce qui concerne la réalisation de la prochaine scène, prévue ce jeudi 22 juin, l’équipe du film aura encore plus de travail : elle va transformer intégralement La Régalière. Cette crêperie de la rue Massacre va se muer en "salon de thé glacier", nous explique Grégoire Mollot, gérant des lieux.

"Ils vont totalement refaire la décoration", et notamment installer un gros pot de bonbon dans le restaurant. De la fausse neige devrait recouvrir la rue sur plusieurs dizaines de centimètres. Grégoire Mollot est impressionné par le professionnalisme de l’équipe du film. "Ils sont venus une après-midi, avec le producteur, pour nous demander si on était intéressé. J’ai dit que je n’étais pas contre. C’est une société de Miami : quand ils veulent quelque chose, ils l’ont. » La Régalière sera privatisée toute la journée.

Le patron confie que l’actrice principale, dont le nom reste confidentiel, est venue manger à La Régalière. "Elle a beaucoup aimé nos crêpes", assure Grégoire Mollot, ravi.

Chez Emji, l’autre restaurant de la Rue Massacre, l’enthousiasme est moins débordant. "Ils ne veulent pas que la terrasse soit visible sur leurs plans. Donc on ferme totalement, car pour les clients ce sera trop étouffant à l’intérieur". La société de production assure un dédommagement financier pour compenser. "Disons que ça fait un jour de repos bienvenue après l’Armada", relativise la gérante.

Pourquoi Rouen ?

Pendant les dates de tournage, prévues du 21 au 24 juin, la production ne prévoit pas de bloquer entièrement les rues, mais "uniquement de bloquer les passants le temps de tourner une scène". Sur l’autorisation officielle de tournage délivrée par la Mairie de Rouen, les lieux concernés sont : la rue Eugène Dutuit, la place Barthélémy, la rue Rollon, la rue Massacre et la place Aitre Saint-Maclou.

Selon la production, Rouen a été choisi "pour son vieux centre et ses églises ainsi que la proximité avec Paris pour la logistique". Mais pourquoi spécifiquement la rue Massacre ? Pour Samia, de la boutique Mère et Fille, aucun doute : c’est parce que "la rue est populaire sur Instagram".

Forte de plus de 2000 publications sur le réseau social, la ruelle s’appuie sur une architecture typique du centre historique, mais aussi sur la fibre « décorative » de ses commerçants. L’image de ces parapluies colorés suspendus dans la rue fait régulièrement forte impression, quand il ne s’agit pas d’abat-jours.

Les décorations de l’Armada, enlevées lundi, devraient retrouver la rue Massacre avant la fin de la semaine. A peine installées, les étoiles et les guirlandes de Noel vont disparaitre, comme par magie. Pour voir le résultat, il faudra attendre la diffusion du téléfilm. Elle est prévue pour décembre aux Etats-Unis. En France, « Le Marché de Noël » passera sur TF1 "en 2024" selon la production.