Perquisitions dans les locaux du club, potentiel repreneur qui jette l'éponge, joueurs et entraîneurs impayés et enquête pour abus de biens sociaux… Le FC Rouen est en crise. Certains craignent le dépôt de bilan et la fin de la belle histoire des Diables Rouges.
À peine promu en National, le FC Rouen (FCR) avait pourtant toutes les qualités pour monter d’un cran cette année et viser le top du classement. À la cinquième place avec 54 points, les Rouennais auraient pu espérer la montée en Ligue 2, mais leur rêve s’est brutalement stoppé à la fin de l’année 2023.
Le club de Seine-Maritime est lourdement sanctionné par la DNCG avec un retrait de 5 points. Depuis cette sanction, les mauvaises nouvelles n’en finissent plus de pleuvoir. Cette semaine a été la goutte d’eau pour les diables rouges.
Trois perquisitions et une enquête
Tout commence mardi 7 mai. Des perquisitions sont menées au domicile de Charles Mareek et dans les locaux administratifs du FC Rouen.
La procédure fait suite à une démarche du commissaire aux comptes (le garant de la régularité financière) de la société qui a alerté la justice sur de possibles malversations commises par la direction. C'est la deuxième fois qu'une telle alerte est donnée par le commissaire aux comptes du FC Rouen, après celle de décembre dernier, où le déficit et les problèmes de trésorerie du club avaient déjà été pointés du doigt.
Le procureur, lui, a depuis ouvert une enquête à l'encontre de la SAS FC Rouen 1899 Diables Rouges, la société sportive qui gère l'équipe masculine professionnelle du FC Rouen. Le parquet évoque des "suspicions d'abus de biens sociaux".
Deux millions d’euros de déficit
En pleine dérive financière, le FCR est aujourd’hui au bord du précipice. Le club présenterait une dette de plus de deux millions d’euros. À cela s’ajoute des salaires impayés. Selon nos informations, l’entraîneur Maxime d’Ornano et ses joueurs attendent toujours leur salaire du mois d’avril.
Mais ce ne sont pas les seuls. Le service communication, impayé depuis plusieurs mois, a fini par claquer la porte.
Toujours pas de repreneur
Alors qui pour sauver le club ? Plusieurs noms d’hommes circulaient ces dernières semaines. À commencer par celui d’Emmanuel Villette, président du groupe ADENES (expertise en assurances)… mais il s’est finalement rétracté.
Il a confié à nos confrères de Paris Normandie ne plus vouloir investir dans le FCR, après avoir réalisé un audit sur la situation financière du club normand. Au regard de tous les éléments dont il disposait, il a pris la décision “à regret”, mais aussi à raison, “de ne pas investir dans le FC Rouen”, a-t-il précisé à Paris Normandie.
Le 18 mai, on fera le tour des offres, s’il y en a encore et si elles sont solvables. S’il n’y en a pas, Monsieur Charles Maarek et ses conseillers iront déposer le bilan au tribunal de commerce”, Christophe Bellanger, président de la Fédération des Culs Rouges.
Christophe Bellanger, président de la Fédération des Culs Rouges.
“Il faut absolument un repreneur”, s’inquiète, au micro de France Bleu Normandie Christophe Bellanger, à la tête de la Fédération des Culs Rouges, actionnaire minoritaire du club. “Ca va être le gros sujet de la semaine puisque Charles Maarek a brandi la menace de déposer le bilan, la date butoir a été fixée au 16 mai à 18h”, soit la veille de l'ultime match de championnat de la saison, à Diochon, contre Dijon.
Les supporters pourraient (en partie) devenir propriétaires du club
Le président de la Fédération des Culs Rouges pointe du doigt le fait que les potentiels repreneurs n’aient reçu aucun retour à leur demande. “C’est ça qui m’inquiète aujourd’hui car le timing est plus que serré. Il y des gens qui ont fait des offres, comme Jean-Marc Gonon fin janvier, il n’a jamais eu de réponse”, s’agace Christophe Bellanger.
Le dernier espoir repose maintenant sur l’homme d’affaires Jean-Baptiste Fiscel, qui a fait une offre le 18 avril, mais, selon Christophe Bellanger, il n’a toujours pas obtenu de réponse officielle. Selon nos informations, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, doit rencontrer aujourd'hui ce dirigeant d'une société de conseil aux entreprises.
De leur côté, les Culs Rouges ont récemment fait savoir qu'ils "envisageaient la création d'une société d'investissement qui aurait vocation à rentrer au capital du club." Dans ce modèle à l'espagnole (les "Socios"), les supporters seraient ainsi en partie propriétaires du club. Pour la Fédération des Culs Rouges, cette organisation serait l'une des seules manières de sauver le club en cas de relégation du club en National 2, voire en championnats régionaux.
En grande difficulté, le FC Rouen jouera toutefois ce vendredi 10 mai face à Marignane-Gignac pour le compte de l’avant-dernière journée de championnat national.