Après neuf ans sans logement, Daniel est désormais l'heureux locataire d'un appartement HLM, en périphérie de Rouen. Comme 11 autres personnes sans-abris, il a pu bénéficier d'un dispositif d'aide mis en place depuis 2017.
"J'ai eu de la chance !", affirme Daniel* à plusieurs reprises. Après neuf années passées à la rue, cet homme de 56 ans est désormais locataire d'un logement social en périphérie de Rouen, en Seine-Maritime. De sa vie d'avant, Daniel n'a gardé qu'un seul objet : une estampe chinoise représentant "la prospérité et le bonheur". Son appartement était déjà meublé lorsqu'il a emménagé "C'est un privilège parce que j'avais aucun meuble. Il me restait plus rien", confie celui qui, depuis, a peuplé son chez-lui d'une multitude de plantes.
Après un divorce et la vente à perte de sa maison en 2012, Daniel se retrouve sans-abri. "Dehors, il faut tout chercher : eau, douche, toilettes, prise électrique pour le téléphone", énumère celui qui n'a rien oublié de l'isolement et de la peur ressentis pendant toutes ces années. Avec 560 euros par mois d’allocation de solidarité spécifique (dédiée aux chômeurs de très longue durée) ainsi qu’une rente d’accident du travail, impossible pour lui de se loger. Il finit par trouver un camping-car qu'il paye en plusieurs fois.
"J'ai les clefs, je ferme la porte, je suis en sécurité"
En septembre 2021, sa vie est sur le point de changer. Sa conseillère Pôle emploi le met en relation avec le comité d'action et de promotion sociale (CAPS). À travers le dispositif "Loïkos, de la rue au logement", et en partenariat avec habitat 76, le CAPS permet à des personnes sans domicile fixe de retrouver un logement durable. Le premier rendez-vous avec la structure se passe bien et le 24 novembre, Daniel visite l'appartement qui est désormais le sien.
Il y a tout en fait. J'ai de l'eau, une salle de bain… Il y a tout le confort. J'ai les clefs, je ferme la porte, je suis en sécurité.
Daniel, 56 ans, ancien sans-abri
Le CAPS propose aux personnes sans-abri un accompagnement global. "On peut travailler sur tous les axes même si ce qui ressort en premier, c'est le logement. Mais qui dit logement, dit tout ce qui concerne la vie d'une personne, donc autant l'administratif, que le budget, la santé, l'emploi s'il le faut, voire renouer des liens familiaux s'ils le souhaitent", explique Fabienne Hamouis, éducatrice spécialisée au CAPS, qui accompagne Daniel.
"Ça fonctionne, ça vaut le coup de s'engager"
Habitat 76 a mobilisé 14 logements depuis 2017. Sept anciens sans-abri sont devenus locataires de leur logement et cinq sont en passe de le devenir. Daniel en fait partie. Après deux ans d'accompagnement, il est désormais locataire de son logement, comme n'importe quel locataire lambda.
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"Donc ça fonctionne, ça vaut le coup de s'engager", souligne Fabienne Hamouis. "Quand on nous accueille avec un grand sourire, un simple café pour dire merci, qu'on voit qu'ils s'en sortent et qu'ils n'ont plus besoin de nous, c'est une satisfaction", appuie l'éducatrice spécialisée.
"Il me manque qu'un job et c'est bon après !"
La structure a également aidé Daniel à se former et à postuler pour certaines offres d'emploi dans le domaine des espaces verts. Sans succès pour le moment. Mais Daniel a repris confiance en lui. La suite ? "Vivre ! C'est le bonheur ici", répond-il d'emblée.
"Il me manque que du job et c'est bon après ! Je suis reparti, j'ai eu le pied à l'étrier direct. J'ai eu trop de chance, vous vous rendez pas compte, c'est dingue ! Dehors, c'est pas pareil… Mais il vaut mieux regarder devant ! Il y a pire que moi, je vous assure."
L'un des objectifs du dispositif Loïkos - financé par le Fonds national d'accompagnement vers et dans le logement, le CAPS et habitat 76 - est d'inciter d'autres bailleurs sociaux à mettre en place ce type d'initiative.
*Le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat de la personne
Avec Mélisande Queinnec / FTV
