Samedi 30 septembre 2023, vers 18h, un violent incendie a ravagé deux immeubles désaffectés dans le quartier Saint-Julien à Rouen. Si le feu est "circonscrit" selon les pompiers, toujours sur place, des morceaux d'amiante ont été repérés par des riverains et des analyses toxicologiques complémentaires sont en cours.
D'importants panaches de fumée visibles à des kilomètres et rappelant, forcément, l'incendie de Lubrizol : hier soir, dans le quartier Saint-Julien, le feu, "déclaré dans un immeuble désaffecté de huit niveaux", "s'est propagé dans la soirée à un second bâtiment désaffecté. Les deux immeubles se sont effondrés", a indiqué la mairie dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche.
"L'incendie semble désormais circonscrit et le risque de propagation écarté", "la phase d'extinction finale du feu est en cours", précise la mairie cette nuit. A 12h45 ce 1er octobre, le feu était totalement maîtrisé.
Le feu, dont l'origine n'a pas encore été déterminée, serait parti d'un appartement situé au 1er étage et "probablement squatté". Il n'a pas fait de victime même si un gymnase proche "avait été ouvert" pour "accueillir d’éventuels habitants à évacuer, ce qui finalement ne s’est pas avéré nécessaire".
"Le site incendié est la propriété du bailleur social Rouen Habitat : les immeubles n’accueillaient plus d’habitants depuis 2018. La raison principale pour laquelle ces immeubles étaient désaffectés est précisément le risque incendie", précise la mairie dans son dernier communiqué.
La nuit dernière, un important dispositif a été déployé pour sécuriser le périmètre. Environ 130 pompiers ont été mobilisés. "Sous le feu, l'acier s'est ramolli", a expliqué à nos reporters sur place Thomy Chauvel, commandant des opérations de secours, évoquant un effondrement "inéluctable" des immeubles concernés.
Quid de la toxicité des fumées ?
"Concernant la toxicité des fumées, des mesures ont été réalisées par le service départemental d'incendie et de secours (SDIS) tout au long de l'opération", précise la mairie. "Aucun seuil de dangerosité n'a été relevé."
Des analyses complémentaires seront malgré tout menées "dès ce dimanche", indique la mairie. "Des prélèvements et des analyses des retombées de suies vont être réalisés, ainsi que des mesures au sol et des contrôles de l'air", selon le communiqué.
"La cellule d’appui aux situations d’urgence dépendant de l’Institut National de l’environnement industriel et des risques (Ineris) a également été sollicitée pour apporter son concours."
Les écoles à proximité fermées "par sécurité"
Les résultats seront connus sous 48 à 72 heures. La mairie demande aux habitants "de ne pas ramasser les retombées potentielles (suies et débris), dans l'attente des résultats de l'analyse".
On a demandé aux voisins de rentrer et de fermer toutes leurs issues pour éviter les fumées. Des fragments du bâtiment se sont éparpillés dans le quartier. On attend l'analyse chimique des fumées pour en savoir un peu plus sur la nature de ces débris.
Fatima El Khili, adjointe à la mairie de Rouenà France 3 Normandie
Les écoles maternelles et élémentaires Pépinières Saint-Julien, situées à proximité de l'incendie, resteront quant à elles fermées par "principe de précaution", les 2 et 3 octobre, précise la mairie, qui a réuni ce matin une cellule de crise. L'accueil des enfants sera organisé dans les locaux périscolaires de l’école Rosa Parks (située rue des murs Saint-Yon).
"La municipalité va prendre toutes les mesures pour que les enfants puissent être accueillis en toute sécurité, ce qui signifie que tant que l'on n'aura pas d'éléments qui prouvent qu'il n'y a pas de danger, on trouvera une solution pour qu'ils n'aillent pas à l'école", avait assuré hier soir Fatima El Khili, adjointe à la mairie de Rouen, à nos journalistes.
De l'amiante retrouvé chez des particuliers
Sur les réseaux sociaux, les internautes se sont fortement inquiétés des éventuelles conséquences sanitaires de ces fumées, alors que Rouen a été marqué par l'incendie de Lubrizol, classé Seveso seuil haut, en septembre 2019 - où près de 10 000 tonnes de produits chimiques avaient brûlé - et l'incendie de l'entrepôt de Bolloré Logistics à Grand-Couronne, en janvier 2023, où étaient stockées 12 000 batteries automobiles au lithium.
Ces immeubles en verre et acier, qui datent des années 1970 et étaient vides depuis 2018, contiennent de l'amiante, notamment dans les cloisons et le faux plafond. Un de nos journalistes nous a par ailleurs signalé en avoir découvert de nombreux fragments à son domicile.
Reste une question : pourquoi ces bâtiments, voués à la démolition, étaient-ils toujours sur pied ? Un projet d'éco-quartier était prévu sur le site de 5 hectares, en cours de cession au groupement Cogedim/Virgil, un promoteur immobilier.
Quand ils ont abattu ce premier immeuble au bout de la rue Parmentier, il a été quatre mois sous aspiration pour l'amiante. Là, il n'y a pas eu d'aspiration puisqu'il a brûlé. Alors, où est passé l'amiante ? Dans l'air.
Une riveraineà France 3 Normandie
Le site était gardienné "par une société mandatée par Rouen habitat (2 caméras sur mat, dispositif d’alerte sonore en cas d’intrusion, gardiennage)", précise la mairie. "Le 15 septembre, la Ville avait alerté Rouen Habitat sur des barrières arrachées autour du site ; le bailleur avait procédé à un tour complet et à une re-sécurisation du barrièrage".
"Le permis d'aménager et de démolir avaient été signés, on attendait l'obtention des permis de construire. La transaction immobilière n'a pas encore été effectuée. La démolition de ces bâtiments allait intervenir dans les mois à venir", a conclu Fatima El Khili.