Infirmiers libéraux en colère : un cercueil itinérant pour lutter contre la mort de leur profession

Le collectif des infirmiers libéraux en colère se relaie un cercueil itinérant dans toute la France pour tenter de se faire entendre afin d'éviter la mort de leur profession. Il était de passage entre Saint-Aubin-lès-Elbeuf et Rouen ce mercredi 17 mai 2023.

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"A nos regrettés infirmiers libéraux morts par négligence par l'Etat", peut-on lire en épitaphe sur le cercueil noir porté par plusieurs infirmières libérales entre Saint-Aubin-lès-Elbeuf et Rouen, ce mercredi 17 mai 2023.

L'image est forte pour tenter de symboliser la mort progressive de leur profession et d'alerter une nouvelle fois sur les conditions de travail des infirmiers libéraux.

Cette action s'inscrit dans une vaste opération nationale lancée par le Collectif des infirmiers en colère. Telle une flamme olympique, ce cercueil symbolique est relayé dans toute la France par différents cabinets. Le convoi est parti de Tours le 12 mai et voyagera jusqu'au 27 octobre, date où il aura rejoint Paris pour une grande manifestation nationale. 

"C'est difficile pour nous de faire grève ou de manifester car nous devons assurer la continuité de soins de nos patients. Avec cette action, on s'organise sur nos jours de repos pour se passer le cercueil" témoigne Anne Rakotomanana, infimière de Saint-Aubin-lès-Elbeuf qui a transporté le convoi funéraire symbolique. 

Le collectif porte plusieurs revendications dont voici les principales : 

  1. Revalorisation des tarifs remboursés des actes médicaux infirmiers (AMI) pour prendre en compte l'inflation. La quotation de soins n'a pas été changée depuis 2009.
  2. Réviser la nomenclature des soins jugée obsolète car certains soins n'existent pas (pose de bas de contention, pose de capteur glycémique, hospitalisation d’un patient sans effectuer le moindre soin...). 
  3. Revalorisation de l'indemnité forfaitaire de déplacement et de l'indemnité kilométrique : actuellement les infirmiers libéraux exerçant en agglomération ont une indemnité forfaitaire de 2,50 euros contre 5 euros pour les kinésithérapeutes et 10 euros pour les médecins. Selon eux, l'indemnité forfaitaire ne prend pas en compte les coûts réels de la route (carburant, assurance, entretien, stationnement...)
  4. Définir eux-mêmes les soins jugés nécéssaires selon l'état de santé des patients plutôt que de se fier à un algorythme décrit comme "opaque". Selon eux, une prise en charge humaine ne peut être remplacé par un calcul mathématique.
  5. Abrogation d'un article de loi (article 102 de la loi de financement de la Sécurité Sociale) qui met en place une "présomption de culpabilité" sur des calculs de marges d'erreur et non sur des erreurs prouvées.
  6. Prendre en compte la pénibilité dans le calcul de la retraite comme le stress psychique et administratif, le port de charges lourdes, les longs trajets quotidiens ou encore l'amplitude horaire.

"Pouvoir travailler sans pendule dans la tête"

Selon Anne Rakotomanana, infimière depuis 20 ans, ces revendications doivent permettre aux infirmiers libéraux d'exercer leur métier "sans pendule dans la tête" et avec une "gestion individuelle et personnalisée des patients".

Elle explique devoir "travailler à la chaîne" pour obtenir un salaire correct car les tarifs pratiqués ne prennent plus en compte les coûts réels d'exercice et l'inflation actuelle. "Par exemple, lorsque je fais une prise de sang, cela dure entre 10 et 15 minutes et je suis payée 6,08 euros TTC. Mais cela ne prend pas en compte la partie administrative pour étiqueter les tubes et faire la facture, la partie logistique de les emmener au labo. En enlevant les charges, il ne me restera que trois euros pour tout ce travail". 

Hormis ces revendications quant à leurs conditions de travail, les infirmiers de ce collectif nourrissent un sentiment d'abandon de la part des autorités depuis la crise sanitaire. "En première ligne" mais "oubliés", ils espèrent que ces multiples actions leur permettont de se faire entendre du gouvernement. 

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