Des avocats du barreau de Rouen, opposés au projet de loi de réforme de la justice, ont entamé jeudi leur troisième jour de grève. Le fonctionnement du tribunal a été fortement perturbé.
"Nous protestons contre une refonte de la carte judiciaire qui va porter atteinte aux droits du justiciable à bénéficier d'une justice de proximité"
Eric di Costanzo, bâtonnier de Rouen, à un correspondant de l'AFP .
VIDEO : selon Maître Éric Di Costanzo, avocat au barreau de Rouen, la réforme de la justice pourrait amener certains à ne plus faire appel à la justice. Il est interrogé par Sylvie Callier
"Les audiences devant le cour d'appel et le TGI sont toutes renvoyées depuis mercredi", a indiqué Philippe Coindeau, avocat général à la cour d'appel de Rouen.
Un procès reporté aux assises
Les avocats grévistes se sont rassemblés jeudi matin dans la salle de la cour d'assises afin d'obtenir le renvoi d'un dossier, a expliqué le bâtonnier. "Devant le refus de la présidente, j'ai désigné 30 avocats commis d'office qui sont venus, tout au long de la matinée, plaider le renvoi", a-t-il ajouté, indiquant "que l'affaire a fini par être renvoyé à une autre session".Selon M. Coindeau, c'est le troisième procès d'assises renvoyé en raison du mouvement des avocats rouennais, "soit l'équivalent d'une session".
Une grève totale jusqu'à vendredi
Débuté mardi, le mouvement de grève doit se poursuivre au moins jusqu'à vendredi après un vote intervenu en assemblée générale des avocats mercredi soir."Il est scandaleux que les barreaux ne soient pas associés à l'élaboration et à la mise en place de cette réforme de la carte judiciaire menée dans un contexte de paupérisation accrue de la justice", a défendu auprès de l'AFP Arnaud de Saint-Rémy, avocat gréviste et ancien bâtonnier.
Mardi et mercredi, les grévistes filtraient les entrées piétonnes du palais de Justice en distribuant des tracts. Mardi, le blocage des fourgons pénitentiaires a provoqué l'intervention des forces de l'ordre.
L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mercredi à jeudi la fusion controversée des tribunaux d'instance (TI) et de grande instance (TGI). Avec cette réforme, le gouvernement souhaite mutualiser les effectifs de magistrats et de greffes.
Le texte prévoit également la possibilité de spécialiser certains TGI actuels en matière civile et pénale au sein d'un même département. Des procureurs chefs de file au niveau départemental seront désignés.