Du vendredi 20 au lundi 23 septembre 2024 inclus, de nombreux laboratoires privés font grève pour protester contre une nouvelle baisse des tarifs d’examen décidée par l’assurance maladie.
Rideau baissé, et une simple affiche en guise d’explication. Ce vendredi 20 septembre 2024, au matin, les patients du laboratoire de biologie médicale d’Isneauville ont trouvé porte close.
À l’intérieur, une salle d’attente vide. Aucun prélèvement ne sera réalisé pendant quatre jours. En cause, une grève nationale des biologistes médiaux, pour protester contre une baisse des tarifs des examens. Sur certains actes, la rémunération est divisée par deux.
Des conséquences sur les plages horaires
Pour cette structure, le chiffre d’affaires pourrait baisser de 9%. Conséquence, une réduction de plages d’ouverture sur les heures creuses.
« La plupart des patients du laboratoire viennent le matin, donc les urgences de l’après-midi qui sont très importantes mais en quantité bien moindre risquent d’être moins prises en charge, explique Valentin Wehrlé, pharmacien biologiste, membre du syndicat "Les Biologistes Médicaux". Un risque également de fermeture de laboratoires qui accueillent moins de patients et donc une augmentation de la désertification en biologie médicale. »
Un trou de 360 millions d’euros
Sept syndicats nationaux ont appelé à se mobiliser contre la baisse des tarifs d’actes de biologies décidée par l’assurance maladie, la troisième imposée en deux ans. Selon l’assurance maladie, l'augmentation des dépistages et des maladies chroniques a fait exploser les dépenses.
D’après les syndicats de biologistes, la somme à récupérer serait de 360 millions d’euros. Ces derniers craignent une perte de chiffre d’affaires.
Les syndicats dénoncent une décision unilatérale de l’assurance maladie, ce que réfute son directeur. « C'est un accord de quatre syndicats des biologistes et de l’assurance maladie, il n’y a pas de raison de remettre en cause cet accord », soutient Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie).
Selon lui, le secteur de la biologie est un secteur qui reste extrêmement rentable « près de 20% de rentabilité, c'est considérable, y compris les petits laboratoires de biologie, estime-t-il. Les grands groupes, qui représentent près des trois-quarts de la biologie de notre pays, peuvent pleinement absorber ces baisses de tarif ».
Des analyses possibles pour les urgences
À la clinique Mathilde, ce vendredi matin, même déconvenue pour les patients devant la porte du centre de prélèvement. La pilule est dure à avaler pour celles et ceux qui se sont rendus sur place. « J’ai un rendez-vous mercredi avec mon spécialiste et du coup, je ne pourrai pas faire mes analyses avant donc ça pénalise tout le monde, déplore ce patient. Après c’est pour la bonne cause, je partage les luttes et les combats menés dans les hôpitaux. »
Au laboratoire d’analyses de la clinique, il y a donc cinq fois moins d’échantillons à examiner aujourd’hui. L’activité a été maintenue pour les prélèvements des patients hospitalisés à la clinique mais aussi les femmes enceintes, les patients atteints de cancer ou encore ceux qui ont été récemment opérés.
Durant la grève, les prélèvements à caractère urgent peuvent se faire dans les services d’urgence de la région.
Avec la nomination prochaine d’un ministre de la Santé, la corporation espère pouvoir renégocier ces tarifs, sans quoi, une nouvelle grève pourrait avoir lieu à la fin de l’année.