L’antenne caennaise du Crédit municipal de Rouen va fermer. Ce qu'on a longtemps appelé le "Mont-de-Piété" ne serait plus assez rentable, explique l’un de ses dirigeants.

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Il ne sera bientôt plus possible pour les Caennais de se rendre au Crédit municipal de la rue Fred Scamaroni. Sans donner de date de fermeture, le deuxième dirigeant du Crédit municipal de Rouen, Jean-François Pilet, confirme le non-renouvellement du bail de cette antenne. "La ville de Rouen a décidé de ne pas continuer avec une agence en sous-activité", précise-t-il.

En France, le Crédit municipal est un établissement public de crédit et d’aide sociale qui a le monopole du prêt sur gage. Cette activité est monopolistique et publique dans l'hexagone contrairement à des pays comme les Etats-Unis où c'est une activité privée.

Communément appelé "Ma Tante" cette institution tient son origine du "Mont-de-Piété" italien né en 1462 dans la ville de Pérouse pour lutter contre les abus des taux d’intérêts trop hauts. Le Mont-de-Piété devient une banque charitable où tous ceux qui manquent d’argent peuvent emprunter en donnant un gage de garantie, c’est la naissance du "prêt sur gage". 

Le Crédit municipal normand naît, lui, à Rouen en 1826. En 1955, il devient Etablissement Public d’Aide Sociale, doté d'une personnalité morale et d’une autonomie financière. Etablissement de crédit depuis 1984, il se situe aujourd’hui dans l’économie sociale et solidaire en tant qu’organisme solidaire. Depuis, une antenne existe au Havre et à Caen, qui va donc bientôt fermer.

Prêt sur gage : comment ça fonctionne ?

Le principe du prêt sur gage est simple. Une personne munie d’une pièce d’identité et d’un justificatif de domicile et autant que possible de la facture d’achat du produit, dépose en gage des objets de valeurs. Ce sont souvent des bijoux, de l’horlogerie, des œuvres d’arts, des objets de collection. Ils sont expertisés directement en agence et en échange de ce dépôt, un prêt, déterminé par la valeur du bien sur le marché des enchères publiques, est accordé.

Ensuite, avant échéance et à tout moment, il est possible de venir récupérer son objet de valeur en remboursant le montant du prêt ainsi que les intérêts (calculés au prorata du nombre de mois commencés). S’il n’est pas possible de rembourser le prêt, soit le contrat est prolongé, soit renouvelé, soit vendu aux enchères pour qu'il soit remboursé. Si la vente est supérieure au prêt, le surplus est restitué à la personne sous forme de boni. Si le solde est négatif, la personne ne doit rien au Crédit municipal.

Crédit municipal à Caen : un bail non-reconduit 

Gilles Déterville, conseiller municipal (PS) de l’opposition, à l’initiative de sa mise en place en 2013, déplore la décision de fermeture. Lors du conseil municipal du 16 mai dernier, il a interpellé le maire de Caen, Joël Bruneau à ce sujet, après avoir découvert la non-prorogation du bail : "Il y a des tas d’exemples de gens qui sont en difficulté passagère et qui ont des bijoux, des choses auxquelles ils tenaient et qu’ils veulent récupérer en retour", indique-t-il alors au Maire.

"J’ai eu les chiffres par mon homologue de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, de l’absence quasi-totale de sollicitations et de la nécessité pour eux de  reconfigurer le dispositif rouennais qui n’a pas non plus un grand succès. (…) l’activité était telle que l’agent municipal de Rouen ne vient plus, donc on a résilié le bail tout simplement", répond Joël Bruneau.

Ça se développe partout sauf à Caen et Rouen alors.

Gilles Déterville, conseiller municipal (PS) de l'opposition

au conseil municipal, à Joël Bruneau, maire de Caen

Ce dernier, interrogé par France 3 Normandie se dit "choqué" que le maire lui dise "que c’est un service qui n’est plus utile."

L'élu PS espère que la municipalité reviendra sur "sa décision contraire aux intérêts de nos concitoyens en difficulté sociale", écrit-il dans son communiqué publié sur son compte Twitter.

Prêt sur gage : une pratique en hausse dans certaines villes

Dans certains territoires en France notamment à Toulouse ou encore dans le Vaucluse, le recours au prêt sur gage augmente en effet depuis quelques mois. En cause : l'explosion des prix de l'alimentation et du carburant et la hausse des taux d’intérêts qui rendent plus chers les prêts. Mais cette tendance ne se vérifie pas en Normandie, indique Jean-François Pilet.

Il y a eu un repli du recours au prêt sur gage pendant la crise sanitaire que la Normandie a vécue en retard et ce rebond aujourd’hui en France ne se constate pas pour le moment dans la région.

Jean-François Pilet, deuxième dirigeant du crédit municipal de Rouen

France 3 Normandie

Si aucune date n’est pour le moment fixée pour la fermeture de l’agence caennaise, le deuxième dirigeant indique que "rien ne se passera" avant le 1er juillet et insiste : "Des choses seront mises en place. Il y aura des solutions pour tous les clients." En ce qui concerne les autres antennes du Crédit municipal normand – Rouen et le Havre – Jean-François Pilet précise ne répondre, pour le moment, qu’au cas de Caen et qu’une "communication globale" interviendra fin juin.

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