Le saviez-vous ? La fermeture Eclair a été inventée en Normandie

Avec elle, la fermeture de nos sacs, nos vêtements ou nos chaussures se fait à la vitesse de l'éclair. On l'appelle zip ou fermeture à glissière et surtout fermeture Eclair®. Elle est entrée en France dans notre quotidien, il y a 100 ans, grâce à des industriels du Petit-Quevilly. Le brevet de ce "dispositif de fermeture rapide et inviolable" date d'avril 1924.

Faire courir un curseur sur une bande de crochets, pour fermer son portefeuille, ses bottes ou son blouson, les Français découvrent ce dispositif il y a 100 ans. La fermeture Eclair® va être produite au Petit-Quevilly, occuper plus de 1 500 salariés, pendant des dizaines d'année... et faire de la ville, "la capitale de la fermeture Eclair®".

Vous ne le saviez peut-être pas, mais la Normandie est le berceau de la fermeture Eclair®. Marque déposée, la fermeture Eclair® désigne désormais un objet. C'est un nom commun pour plus d'un Français, comme Caddie® ou Frigidaire®. Une belle victoire pour ces Normands qui ont misé sur cette invention.

"À la vitesse de l'éclair"

Au départ, l'invention est une chaîne crantée en métal, inventée au XIXe siècle aux Etats-Unis. Elle est importée par les Américains, qui débarquent à Saint-Nazaire en 1917. Elle sert à fermer les chaussures des soldats. Elle est ensuite utilisée sur des vêtements de travail, des combinaisons.

Modifiée, la fermeture à glissière devient plus fiable qu'à ses débuts. Des Normands se lancent dans sa production après la Première Guerre Mondiale.

À partir d'avril 1924, des industriels franco britanniques du Petit-Quevilly utilisent le brevet d'un "dispositif de fermeture rapide et inviolable pour vêtements". La maison mère "Davey Bickfort" fabrique sur ce site des explosifs depuis 1850.

Ils modifient les machines outils, pour se lancer cette production toute nouvelle. Ils l'appellent Eclair, car le procédé ouvre et ferme "à la vitesse de l'éclair".

Johnny à la rescousse !

Réservée aux militaires ou au monde du travail, les couturières regardent avec dédain cet objet. Impensable à l'époque de mettre ce morceau de métal sur de belles étoffes. Pas élégant, il fallait au mieux cacher la fermeture sur le pantalon, derrière une couture.

" Pendant des siècles, les couturières ne connaissaient que les lacets ou les boutons. Alors, les industriels normands multiplient les publicités", explique Michel Croguennec, responsable des archives de la Ville du Petit-Quevilly.

Dans ces armoires, de nombreuses publicités des années 30 et 50 sont dans ses réserves. "Il fallait convaincre qu'une fermeture Eclair® pouvait être "chic", précise-t-il. Dans les années 60, Johnny Hallyday donne même de sa personne pour certifier que ses pantalons sont bien équipés de "la fermeture, la vraie !"

Françoise Petiton a travaillé neuf ans dans cette usine, à l'étiquetage et au contrôle qualité. Elle n'a rien oublié. "Les hommes étaient à la conception des machines et les femmes à la production des fermetures." Incollable sur les queues de rat, les séparables ou les bouche-à-bouche, Françoise connaît tous les modèles.

Le développement des loisirs, le camping, les sports d'hiver avec les Anoraks vont faire entrer la fermeture dans notre quotidien. Elle se cache de moins en moins chez les Français. "La créatrice de mode Elsa Schiaparelli l'affiche même sur ses robes et en 1983, Karl Lagerfeld l'utilise sur ses blousons pour la maison Chanel", explique Silvia Ramella Pezza, qui tient l'institution de la mercerie à Rouen Homo-Roussel, créée en 1864.

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la saga de la fermeture Eclair ©FTV

La fin d'une époque

Ce succès va être douché à partir des années 80. Les fermetures à glissière étrangères (japonaises essentiellement avec YKK ou chinoises) prennent des parts de marché croissantes. Les fabrications se font de plus en plus en Asie. 

La fermeture Eclair® perd même des marchés auprès de l'Armée ou de Gaz de France.  Au gré des rachats et fusions, Eclair se rapproche de Prestil, un autre fabriquant à Bernay. Le site du Petit-Quevilly ferme définitivement en 1989 et ses bâtiments tous détruits, sauf un.

En 2024, 100 ans après sa création, les fermetures Eclair® existent toujours. Elles sont produites en Tunisie. Le site de Bernay ne sert qu'à réaliser des petites séries et expédier la marchandise. Il ne compte plus que 10 salariés. Stephan Davot, responsable du site de Bernay, veut croire à la relance d'une production "made in Normandy", avec le retour de filières textiles locales.

À la recherche de souvenirs

Pour célébrer cette marque centenaire, la ville du Petit-Quevilly prépare une exposition pour la fin de l'année. Pour raconter sur cette saga industrielle méconnue, Michel Croguennec lance un appel pour récupérer tout document, souvenir des salariés de fermeture Eclair®.

"La fin de la saga fermeture Eclair® dans la ville a été douloureuse et les souvenirs remisés au grenier. Nous avons besoin d'aide pour les retrouver ! Le site était une ville dans la ville, avec son club de foot, ses œuvres sociales... Il doit y avoir plus d'un Quevillais qui a des souvenirs..."

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