Les bornes de recharge pour les véhicules électriques seront payantes dès le deuxième trimestre 2023 dans la métropole rouennaise

Les bornes de recharge pour les véhicules électriques, mises gratuitement à disposition par la métropole rouennaise, vont devenir payantes au deuxième trimestre 2023. Une mesure que la métropole justifie par un besoin de lutter contre les "voitures ventouses" et par l'augmentation des prix de l'électricité. Nous avons demandé leur avis à deux usagers.

Gratuites pendant huit ans, les bornes de recharge des véhicules électriques de la métropole rouennaise vont devenir payantes au deuxième trimestre 2023. Une décision de tarification prise par la métropole Rouen Normandie et qu'elle justifie premièrement par le problème des phénomènes de "voitures ventouses".

"Nous avons constaté que les bornes alimentent des véhicules 5% du temps mais que ces derniers sont branchés sur 60% du temps. Les gens stationnent donc 12 fois plus de temps qu'ils en ont besoin, notamment sur les places les plus stratégiques, vers la gare et la rue Jeanne d'Arc", explique Cyrille Moreau, vice-président de la métropole, en charge des transports, des mobilités d’avenir et des modes actifs de déplacement.

Trouver une borne disponible : une galère pour les usagers

Le problème a été constaté par des utilisateurs comme Naomi. Cette professeure d'anglais de 31 ans a acheté une voiture électrique en 2020. "Ça m'arrange que ça devienne payant parce que trop de voitures stationnent longtemps sur des places. Donc si ça peut dissuader des gens de faire ça et que ça libère plus de bornes, ce serait bien", estime-t-elle. 

"Depuis six mois, c'est une catastrophe pour trouver des bornes, il n'y a jamais de places. Beaucoup de voitures d'entreprises et d'auto-écoles se chargent sur les bornes", remarque de son côté Arthur, commercial à La Poste, qui loue une voiture électrique depuis 2021. Mais pour ce Rouennais de 26 ans, la raison invoquée par la métropole pour rendre ce service payant est "une fausse excuse". 

"On ne peut pas continuer à fournir de l'électricité gratuite"

Selon lui, la vraie raison est plutôt à chercher du côté de l'augmentation du prix de l'énergie.. C'est d'ailleurs le deuxième argument de la métropole. "Avant, on avait 200 000 euros de facture énergétique contre un million l'année dernière. Si on ne fait que renforcer l'offre, les factures vont devenir délirantes. On ne peut pas continuer à fournir de l'électricité gratuite, surtout si on la paye très chère", justifie Cyrille Moreau.  

La grille tarifaire qui entrera vigueur au deuxième trimestre 2023 est consultable ci-dessous et sur le site de la métropole. Elle sera susceptible d'évoluer chaque année. Les prix dépendent de plusieurs paramètres : son adhésion ou non à MOBI (le réseau de recharge), la puissance de la borne, et l'horaire durant lequel l'utilisateur recharge son véhicule.

Arthur a fait ses calculs et ne trouve pas cela excessif. "Visiblement, cela me coûterait 8 euros par recharge complète. À raison d'une recharge par semaine, j'en aurais pour 32 euros par moi, ce qui me semble juste."

Naomi ne voit pas cette tarification comme un surcoût. "On est très chanceux d'avoir eu les charges gratuites pendant aussi longtemps. C'est un peu normal que ça devienne payant, ça ne va pas non plus être exorbitant comme à Paris", observe-t-elle. 

"La galère quand c'est gratuit, ok, mais la galère quand c'est payant, non"

Ces bornes ont "une fonction de dépannage", insiste Cyrille Moreau, qui estime que les utilisateurs ne vont pas renoncer à l'électrique en raison de ce passage au payant. Mais Arthur, faute de garage, les utilise comme borne principale. "Je trouve ça juste que l'on paie un peu pour nos trajets. Je veux bien payer mais dans ce cas là, il faut que j'ai une borne tout le temps", souligne-t-il. 

Nous nous sommes fixé l'objectif de 200 bornes de recharge [d'ici 2026, ndlr] et nous allons monter en qualité.

Cyrille Moreau, vice-président de la métropole en charge des mobilités

Son contrat de location pour sa voiture électrique prend fin dans un an et le jeune homme ne compte pas le renouveler. "La galère quand c'est gratuit, ok, mais la galère quand c'est payant, non. Je vais repasser sur une thermique."

Actuellement, la métropole rouennaise dispose d'environ 70 bornes de recharge. Mais face à la récente "explosion du nombre de véhicules électriques" - 6 138 en Seine-Maritime dont 3 186 dans la métropole de Rouen en 2021 selon les chiffres officiels - le manque de bornes est criant. "Nous nous sommes fixé l'objectif de 200 bornes de recharge [d'ici 2026, ndlr] et nous allons monter en qualité", promet Cyrille Moreau.