Les bureaux de tabac, où sont disponibles de nombreux autres produits que les cigarettes, sont la cible de malfaiteurs. Une formation de "self-défense" a été dispensée aux buralistes du département de la Seine-Maritime avant d'être étendue à toute la France.
Face à l'enjeu de santé publique, à l'augmentation régulière du prix des paquets de cigarettes et à la baisse du volume des ventes de tabac, les buralistes ont débuté ces dernières années une diversification de leur activité.
C'est ainsi que les bureaux de tabac qui, en tant que "correspondants" de l'administration fiscale, vendent déjà des timbres, commercialisent de plus en plus de jeux mais aussi des cigarettes électroniques. En parallèle, une activité bancaire avec le "compte Nickel" a permis de toucher de nouveaux clients.
L'insécurité, c'est ce que nous vivons au plus profond de nos tripes dans ce métier, dès le matin, au moment du lever de rideau
Emmanuel Magniez, Président de la chambre syndicale des buralistes 76
Les buralistes, cibles des malfaiteurs
Cette transformation, débutée en 2018, a permis à des buralistes d'être aussi des relais de la Poste et de la SNCF et d'accueillir dans leur boutique des dépôts de pain, et même de produits du terroir des producteurs agricoles en circuit court.
Toutes ces activités, avec des produits de valeur, et où de l'argent liquide est échangé, attirent la convoitise de malfaiteurs. Les buralistes subissent agressions, vols à main armée, vols par effraction, attaques à la voiture bélier et vandalisme. Des actes commis par de simples voleurs isolés, des groupes de jeunes agressifs, des toxicomanes ou bien encore par des gangs organisés et préparés.
"L'insécurité est intrinsèque à notre métier"
Réunis près de Rouen à l'initiative de leur fédération départementale, des buralistes de la Seine-Maritime ont suivi un stage de formation et de prévention en début de semaine. Il s'agissait de répondre à une préoccupation récurrente : celle de l'insécurité, comme l'a évoqué au début de la réunion Emmanuel Magniez, le président de la chambre syndicale des buralistes seinomarins :
"L'insécurité, c'est ce que nous vivons au plus profond de nos tripes dans ce métier, dès le matin, au moment du lever de rideau. Puis il y a l'inquiétude au moment des livraisons, la vigilance que nous devons avoir quand nous nous rendons à la banque, l'éveil que l'on a dès qu'un individu un peu bizarre apparait dans le magasin ou nous crée vite fait une embrouille au moment de payer. L'insécurité c'est aussi les appels téléphoniques pour essayer de nous piquer des codes. C'est également un employé indélicat qui pique dans la caisse…. L'insécurité est intrinsèque à notre métier. On doit vivre avec. Mais ce n'est pas une raison pour subir. On doit donc se préparer et se former pour être plus vigilant et plus réactif."
"90% des agressions peuvent être évitées"
Au cours de cette première journée de formation, si tous les systèmes et équipements de sécurité ont été passés en revue (alarmes, vidéo-surveillance, portes blindées…) les buralistes ont reçu les précieux conseils de Franck Ropers, formateur en self-défense.
Avant les exercices pratiques, cet expert en sécurité a surtout détaillé les vertus de l'observation et de la psychologie, comme il l'a expliqué à notre journaliste Marc Moiroud-Musillo :
"Il n'y a pas de recette miracle pour se défendre. Par contre, ils ont vu qu'il y avait des choses à mettre en place. Des choses qu'il fallait absolument faire pour éviter une agression. Et on sait que 90% des agressions peuvent être évitées, simplement avec de la prévention, de la vigilance et un tas de protocole que j'ai présenté, pour éviter au maximum ces agressions."
Parmi les méthodes de prévention et de gestion des risques d'agressions physiques enseignées par l'expert Franck Ropers, les buralistes de la Seine-Maritime ont appris à observer et reconnaitre une personne suspecte, à gérer le stress, la communication corporelle et à identifier les signes avant-coureurs d'une agression.