L'expert chimiste André Picot, qui a créé l'unité de Prévention du Risque Chimique du CNRS, a été auditionné le 21 janvier au Sénat. Il a expliqué pourquoi ceux qui sont intervenus lors de l'incendie de Lubrizol le 26 septembre 2019 ont pu inhaler des fibres d'amiante des toitures en fibro-ciment.
Lors de l'incendie accompagné d'explosions à l'usine Lubrizol et chez Normandie Logistique, des toits en fibrociment ont été pulvérisés. C'est l'un des sujets sur lequel l'expert a été interrogé par les sénateurs de la commission d'enquête.
André Picot, président de l'association Toxicologie Chimie, a prêté serment et répondu, fort de sa longue expérience. Sur de nombreux points liés à l'incendie de l'usine SEVESO, il a répété "on est à côté de la plaque".
L'expert a expliqué que le risque d'inhalation d'amiante ne pouvait être écarté. Un risque partagé par "ceux qui sont intervenus tout de suite", en particulier les sapeurs-pompiers sans appareil respiratoire isolant.
Le 2eme rang des pompiers avait des masques en papier adaptés pour les poussières, ils sont moins efficaces pour des particules se mesurant en nanomètres (millliardième de mètre), or il est retombé un genre de pluie de poussières d'amiante
Suivre l'état des poumons de ceux qui étaient sur place
André Picot estime qu'il est crucial de faire des examens médicaux pertinents pour le risque amiante. Elle a une toxicité à long terme et peut provoquer le cancer de l'enveloppe du poumon, la plève.Le président de la commission, le sénateur de l'Eure, Hervé Maurey a demandé si l'exposition limitée dans le temps faisait courir un risque. L'expert a répondu :Établir l'état pulmonaire des pompiers aurait été 1000 fois mieux que des analyses sur le foie
(audition dans son intégralité sur Public Sénat)quand on est exposé à des concentrations très fortes pendant un temps très bref. C'est mauvais car cela sature vite les systèmes de défense
Cette audition de l'expert chimiste fait écho aux inquiétudes des pompiers et policiers qui s'interrogeaient sur l'efficacité de leurs tenues le 26 septembre 2019.
Des morceaux de fibrociment retrouvés dans des jardins de l'agglomération
Des habitants, notamment dans les hauteurs de Rouen, ont vu des débris dans leurs cours et jardins. Certains avaient appelé des huissiers et demandé des analyses.
Ces morceaux sont vraisemblablement des fragments des toits ondulés des usines Lubrizol et stockages de Normandie Logistique.
Au retour des beaux jours, les habitants ont toujours des doutes sur la pollution de ces jardins où jouent les enfants.
Un risque de dispersion"pas avéré" pour les représentants de l'Etat le 1er octobre 2019
L'Etat a diligenté 3 campagnes de mesures pour l'amiante. ( de 300 mètres autour de l'usine à 15 kilomètres). Les conclusions :
les résultats de prélèvements effectués dans un rayon de 300 mètres dans l’air n’ont révélé que des concentrations en fibre inférieures à 3 fibres par litre d’air. La recherche d’amiante dans les bâtiments s’effectue dans le cadre d’une réglementation fixant le seuil à 5 fibres par litre d’air.
On peut considérer que le chiffre de 3 fibres par litre d’air est constitutif de ce qu’on appelle le bruit de fond.
Cette série de trois campagnes (NDLR : d'analyses) permet donc de considérer que l’incendie n’a pas généré autour du site de niveaux inhabituels ou préoccupants de fibres d’amiante dans l’air