Lubrizol : Corinne Lepage et l'association Respire obtiennent de la justice la nomination d'un expert

L'avocate, ancienne ministre de l'écologie, avait saisi le tribunal administratif de Rouen pour demander qu'un expert indépendant puisse constater les faits de l'incendie de l'usine chimique afin de constituer des preuves. Ce que l'Etat refusait
 

La juge des référés du tribunal administratif de Rouen a nommé hier  (vendredi 4 octobre 2019) un expert spécialiste en chimie et produits industriels pour procéder à "un constat des conséquences environnementales" de l'incendie de l'usine chimique Lubrizol.

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Décision de justice 

"Cette désignation répond à une demande de 100 requérants, dont une association de protection de l'environnement. La société Lubrizol ne s'y est pas opposée", a précisé la juridiction dans un communiqué de presse.
Cette mission d'expertise vise "à préserver d'éventuelles preuves qui pourraient permettre aux parties de déterminer les analyses et études complémentaires à mener", selon le communiqué.

L'expert devra notamment se rendre sur les lieux en présence des parties, se faire communiquer "tous documents ou pièces utiles à l'exécution de sa mission", "dresser la liste" des lieux et en "effectuer une cartographie" et procéder "à des prélèvements qui, selon ses connaissances scientifiques, lui paraîtront utiles".

L'expert devra rendre son rapport avant le 31 octobre 2019.

Le tribunal a notamment été saisi par l'association Respire, représentée par l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage.
 

Pourquoi cette demande d'expert ?

En direct sur l'antenne de France 3 Normandie, Corinne Lepage a expliqué jeudi dernier pourquoi elle demandait avec autant d'insistance auprès des autorités de l'Etat la nomination d'un expert indépendant :  
 

"Alors c'est très simple,  au nom de l'association Respire et d'une centaine de personnes concernées, nous avons demandé quelque chose de très simple : c'est de constater des faits. De constater les produits qui étaient dans l'usine,  ceux qui ont brûlé, de faire la cartographie, de faire l'historique et de pouvoir ainsi constituer des preuves". 

"A ma stupéfaction je dois vous le dire, et pour la première fois, alors que toutes les procédures que nous avions menées dans le passé, qu'il s'agisse de l'Erika de l'Amoco, du tunnel du Mont-Blanc et de bien d'autres, il n'y avait jamais eu de difficultés pour avoir un constat d'urgence." 

Pour la première fois l'Etat s'y oppose ! Et je voudrais bien savoir pourquoi il est gêné par le fait de faire constater par un expert indépendant des éléments de fait. C'est pas une action en responsabilité, elle viendra sans doute en son temps, c'est simplement le constat de fait. Lubrizol est d'accord pour cette expertise et c'est l'Etat qui n'en veut pas…

Les dioxines ?  Il existe 75 ou 72 sortes de dioxine. Il y en a qui sont cancérigènes et il y en a qui ne le sont pas. Les dioxines sont également des perturbateurs endocriniens, donc c'est un vrai problème pour les femmes enceintes.

Par voie de conséquence, oui, évidemment, il faut investiguer sur les dioxines et puis il faut évidemment savoir exactement quels produits ont brûlé. La liste qui nous a été donnée hier c'est une liste, et les spécialistes que je ne suis pas, je ne suis que juriste, le reconnaissent, cette liste ne permet pas de savoir de quel produit il s'agit. Donc on ne demande pas des choses extraordinaires pour l'instant : ce qui est essentiel c'est que nos concitoyens puissent avoir des renseignements sur leur santé et puissent constituer leurs preuves.

Corinne Lepage, à France 3 Normandie

VIDEO : Corinne Lepage, représentante de l'association Respire en direct dans le JT 19/20 de France 3 Normandie du jeudi 3 octobre 2019 présenté par Grégory Thélu.
 


Lubrizol "assume"

La ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, a annoncé hier s'être entretenue avec le PDG de Lubrizol, Éric Schnur.

Elle a demandé à l'entreprise qu'elle "assume pleinement toutes ses obligations légales et réglementaires, que ce soit en matière de transparence, de mise en sécurité du site, de sa dépollution, ou encore du suivi des conséquences à moyen et long terme de cet incendie, en application du principe pollueur-payeur".
 
 
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