Made in France : les industries du textile normandes sont débordées et peinent à recruter

A l'heure du made in France, les usines de textile normandes sont de plus en plus sollicitées par les marques. Une renaissance après les ravages de la désindustrialisation mais elles ont aussi du mal suivre la cadence en raison du manque de main d'œuvre.

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Le label made in France a probablement eu la cote au pied du sapin. Alors que les appels se multiplient pour une relocalisation de la production industrielle dans l'Hexagone, la fabrication 100% tricolore a le vent en poupe et notamment dans le textile. La crise sanitaire semble avoir stimulé une demande en vêtements plus locale et plus responsable. La tendance est-elle partie pour durer ? Les usines sont-ils prêtes à relever le défi? 

En Normandie justement, les usines voient les demandes affluer, sans pour autant pouvoir répondre à la demande. Le problème : une main d'œuvre insuffisante. A Buchy par exemple, près de Rouen, voilà presque 40 ans que Mod passion est installé. Dans cette entreprise, on est façonnier. C'est à dire qu'on confectionne pour des marques. L'usine travaille avec 4 ou 5 clients plutôt haut de gamme qui ont fait le choix de fabriquer en France depuis longtemps. 

Si le site a réussi à se maintenir alors que beaucoup fermaient, c'est parce que son dirigeant depuis 15 ans, Stephane Marseille, a fait le choix d'investir dans des machines ultra modernes.

"Je pense que nous sommes au top de l'innovation, on a des machines dernier cri", nous confie Sophie Alingre, responsable de production. "Tous les employés ont des tablettes, ce qui permet de voir la cadence, le rendement... tout ce qui est lié à l'entreprise."

Depuis quelques mois, en plus des clients historiques, le façonnier voit affluer les demandes. Dernier en date : Vertbaudet, la marque de prêt-à-porter pour enfants a décidé de faire fabriquer une collection en Normandie. En tout, 9000 pièces : des sweats pour toute la famille vendus entre 37 et 49 euros.

Il y a beaucoup de commandes que nous n'avions pas avant. On n'a jamais eu autant de made in France. Le Covid a vraiment été un déclenchement, c'est impressionnant !

Sylvie Roger Responsable du secteur coupe chez Mod Passion

Un secteur qui peine à recruter

Mais dans l'immédiat difficile de fabriquer plus. L'usine qui s'est agrandi il y a quelques mois ne peut plus s'étendre et peine à recruter. En plus des 45 salariés, une dizaine de postes sont à pourvoir.

"Les gens ont encore une mauvaise image du travail en usine ancien alors qu'on a un atelier avec des standards de haute qualité. Je pense que les gens se trompent sur le travail en lui-même", explique Léa Baudouin, seconde mécanicienne. 

Made in France : les industries de textile normandes sont débordées et peinent à recruter ©B.Dunglas et D.Meunier / France Télévisions

Chez Sonofa à Oissel, la discrétion est le maitre mot. Ici vous ne verrez pas grand chose de ce qui est fabriqué car l'atelier travaille pour le luxe. Il est lié avec des grandes maisons de couture parisienne par des clauses de confidentialité très strictes. Une exigence de perfection qui accentue les problèmes de recrutement.

"Nous recherchons tout type de candidature. Le but principal est d'avoir une dextérité manuelle innée. A partir du moment où on a la passion pour ce métier-là, on est preneur !", lance Sophie Aubry, assistante de direction Chez Sonofa, ateliers Pierre Nogales.

L'atelier ou travaille aujourd'hui 28 personnes recherche 20 salariés supplémentaires en CDI, des mécaniciennes, des couturières, mais aussi des coupeuses. Les postes sont à pourvoir immédiatement afin d'assurer les commandes.

Sur ses réseaux sociaux, l'atelier a imaginé un calendrier de l'avent un peu particulier avec chaque jour, une offre d'emploi à découvrir.

Dans cet atelier, on est loin du travail à la chaine. On fabrique à la main des robes de soirée ou de cocktail, souvent en soie. Mais pour autant, ces postes n'attirent pas les jeunes diplômées de la région. "C'est pourtant un métier de rêve ! En règle générale, les jeunes filles qui sortent des écoles cherchent le luxe et la création. Et elles veulent partir sur Paris ou en région parisienne pour devenir modéliste. Malheureusement pour atteindre ce rêve, les places sont comptées", ajoute Sophie Aubry.

Au final, ces deux entreprises recrutent des gens sans aucun diplôme et se chargent de les former. Pour que le Made in France redevienne une réalité, il va donc peut être falloir faire évoluer les formations.

Près de Rouen, un institut de modélisme du vêtement

Face à la multiplication des offres d'emploi dans le textile et à la difficulté des entreprises de recruter, une créatrice rouennaise a décidé de lancer une formation. Et c'est à Caudebec-les-Elbeuf qu'elle a créé son institut de modélisme du vêtement. "L'idée c'est d'apprendre tous les styles de couture. La formation que l'on propose n'existe pas dans la région", explique Fatimata Dia Léonard, responsable de l'institut de modélisme du vêtement. 

Et c'est naturellement "Aux Tissages", que cette créatrice de 35 ans spécialisée dans la veste sur-mesure s'est implantée. Une ancienne entreprise textile spécialisée dans l'impression réhabilitée il y a peu. "On a vite compris qu'il y avait un bassin d'emploi qui existait et que ces emplois n'étaient pas pourvus parce qu'il n'y avait pas la qualification en face", explique Laurent Bonnaterre, maire de Caudebec les Elbeuf.

A partir de janvier 2022, ce seront donc 6 stagiaires qui seront accueillies pour 4 à 12 semaines de formation initiale. "On est sur une démarche d'aller au devant des entreprises pour voir ce dont elles ont besoin. Le but est que les personnes qui se forment repartent avec un emploi", ajoute Fatimata Dia Léonard.

Si ce cursus n'est pas encore diplômant pour l'instant, il devrait le devenir dans les mois qui viennent. 

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