Pratiquer une activité physique au sein de son entreprise n’a que des atouts : bien-être physique et moral, amélioration de la cohésion d’équipe, plus de productivité, moins d’arrêts maladie. Pourtant, le sport au travail est encore trop minoritaire. Les JO 2024 pourraient accélérer la tendance.
Glissez-vous baskets et affaires de sport dans votre sac avant de partir au travail ? Environ 2,5 millions de Français pratiqueraient une activité physique au sein de leur entreprise. À ce jour, seulement 13% des dirigeants déclarent avoir mis en place des aménagements ou des solutions pour leurs salariés, selon le Baromètre Medef/Paris 2024.
Pourtant, les Français sont demandeurs ! Le Groupe Harmonie Mutuelle a sondé des salariés : 78 % d’entre eux se disent prêts à consacrer du temps à la pratique du sport organisée par leur entreprise sur leur temps de loisirs. 87 % des salariés interrogés estiment qu’une entreprise qui propose une offre de sport à ses salariés, c’est une entreprise qui veille à leur bien-être !
Premier atout : lutter contre la sédentarité
Catherine Longuemart fait partie de ces employeurs qui veillent au bien-être de ses employés. Amatrice de sport, elle en faisait 6 heures par semaine, "avant que le boulot ne le permette plus". Pour que les collaborateurs de cet expert-comptable ne soient pas également obligés d’y renoncer, elle a créé, il y a 4 ans, une salle de sport dans le sous-sol de leurs locaux, en plein cœur du centre-ville de Rouen (Seine-Maritime).
Des machines sont installées dans une première salle, une deuxième permet à plusieurs employés de suivre un cours collectif. C’est cardio le mardi, pilates le jeudi. À chaque fois, une coach sportif vient sur place pour dispenser un cours d’une heure, à 17 heures. Pour les salariés, c’est totalement gratuit.
"Ça permet de se défouler, de décompresser", apprécie Fatima, gestionnaire de paie. "De se dépenser après une journée stressante", corrobore Joseph, alternant. "On fait un métier sédentaire, explique Aurélie, expert-comptable, faut se forcer à bouger sinon on paye cher au niveau du dos".
Le bien-être physique, c’est le premier bienfait direct du sport. "Les troubles musculosquelettiques sont à l’origine d’accidents du travail et d’arrêts maladie" selon Lena Ouedraogo, conseillère technique régionale à la Fédération Francaise de Sport en Entreprise Normandie (FFSE). "Une étude de 2015 montre que le fait de développer une démarche sport-santé permet d’augmenter la productivité de 6% à 9% et de réduire l’absentéisme de 32%. Un salarié en bonne forme est un salarié performant et un salarié présent."
La FFSE accompagne les structures (collectivités, entreprises, associations) qui désirent développer le sport en interne. Une démarche que le gouvernement souhaiterait booster en s’appuyant sur l’arrivée des Jeux Olympiques de Paris. L’objectif est de passer de 13% de dirigeants développant le sport en interne à 24% d’ici la fin de l’année 2024.
Deuxième atout : muscler les liens sociaux
La ministre des Sports y voit un "un facteur de cohésion au travail". Courir avec son voisin de bureau, transpirer aux côtés de son supérieur, s’étirer dans la même pièce avant de rejoindre l’open space… Une manière de faire du team building (consolidation de l'esprit d'équipe) ou tout simplement d’apprendre à connaître ses collègues !
On se croise, on se voit à la machine café, on se dit bonjour, sans vraiment se parler.
Jérôme, cadre dans une société d'assuranceFrance 3 Normandie
A 12h30, sur un terrain de padel à Isneauville, près de Rouen, un match est en cours. Catherine et Jérôme, tous deux cadres dans une grande société d’assurance, affrontent Martin et Flavien, nouveaux dans l’entreprise. L’entente est excellente entre Catherine et Jérome, qui travaillent dans les mêmes locaux depuis des années. Pourtant, avant d’échanger des balles, ils n’avaient jamais vraiment échangé de mots.
"On se croise, on se voit à la machine café, on se dit bonjour, sans vraiment se parler", explique Jérôme. "Parce qu’on est dans des ailes différentes", justifie Catherine. Des évènements comme ce tournoi interne de padel, "intergénérationnel" permet aux salariés de se rencontrer.
C’est Benjamin Quesney, un de leurs collègues, qui est à l’organisation. C’est son initiative, mais l’entreprise, déjà proactive dans l’organisation d’événement sportif en interne, le soutient. "On apprend à se connaître, ça renforce les liens entre les services. Et puis il n’y a aucune distinction, qu’on soit simple collaborateur ou manager".
13h, fin du match. Tout sourire, les collègues filent à la douche, vont avaler un sandwich et retourner au travail. Pas trop le temps de débriefer la partie, mais Catherine et Jérôme pourront revenir sur leur défaite à la machine à café.