Mobilisation des policiers rouennais contre la réforme de la police judiciaire

Publié le
Écrit par Théo Thomas

Les agents de la police judiciaire étaient rassemblés aujourd'hui devant le commissariat central de police de Rouen (Seine-Maritime) pour soutenir le mouvement de contestation contre la future réforme de la police judiciaire.

La grogne monte dans les rangs de la police. En cause, une réforme de la police voulue par le Gouvernement qui ne fait pas l'unanimité. Plusieurs manifestants, cagoulés et masqués, étaient réunis aujourd'hui en dehors de leurs horaires de travail pour exprimer leur mécontentement face à cette réforme décriée. 

Un policier a accepté de témoigner de façon anonyme pour livrer son ressenti.

Le problème c’est qu'on ne sait pas où on va. On n’a pas de visibilité à court ou moyen terme sur notre avenir, ce qui explique pourquoi on est là aujourd’hui. On exprime une inquiétude et un malaise. […] Ça fait des années que je fais ce métier. Je le fais avec amour, avec conviction. Tel qu’on est parti, j’ai l’impression qu’on démolit notre maison..."

Policier opposé à la réforme de la police judiciaire

Que contient cette réforme ? 

Aujourd'hui, chaque service de police doit rendre des comptes à sa direction. Les enquêteurs de  la police judiciaire dépendent du directeur central de la police judiciaire. Le but de cette réforme annoncée par Gérald Darmanin est de désengorger les services d'investigation des commissariats et de rendre plus simple le fonctionnement de la police judiciaire

La réforme devrait placer tous les services de police (renseignement, sécurité publique, police aux frontières, police judiciaire) à l'échelle du département à une unique filière d'investigation. Ils seraient alors placés sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police judiciaire, dépendant du préfet. 

Une forte opposition

Ce nouveau fonctionnement envisagé par le Gouvernement inquiète les services de police qui redoutent une "perte d'indépendance" à cause de la centralisation des services. Ils redoutent une diminution de la zone d'intervention et d'enquête à l'échelle départementale. Les opposants craignent également un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes judiciaires et un "nivellement vers le bas" de la police judiciaire.

Ces inquiétudes engendrent une grogne policière. L'Association Nationale de la Police Judiciaire (ANPJ) a été lancée le 17 août pour s'opposer à cette réforme. (Voir communiqué de presse ci-dessous)

Les magistrats font aussi entendre leur voix. Rozenn Gernier, magistrat à Rouen, s'est joint à la manifestation des policiers ce mardi.

durée de la vidéo : 00h00mn42s
Rozenn Gernier, magistrate, opposée à la réforme de la police judiciaire ©France Télévisions

Elle explique "ne pas comprendre le but de cette réforme" qui "va détruire quelque chose qui fonctionne". Fusionner la police nationale et judiciaire "ne résoudra rien", selon elle. 

Gérald Darmanin défend son projet

Face à ce mécontentement, le ministre de l'Intérieur tente de calmer les esprits. Il s'est exprimé dans une lettre envoyée aux 5 600 membres de la police judiciaire. Il y indique que la réforme ne sera pas finalisée avant le 2nd semestre 2023. Gérald Darmanin a également annoncé le lancement d'un audit des réformes et des expérimentations conduites par les inspections générales de la justice, de l'administration et de la police nationale. 

Malgré cette montée au créneau du ministre, un appel à manifester le 17 octobre a été lancé sur tout le territoire.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité