Nouvelle fermeture administrative pour un bar de Rouen : le monde de la nuit se sent sous "pression permanente"

Le rideau de fer du Fury bar, situé en centre-ville de Rouen, en face de la Halle aux toiles est fermé depuis ce jeudi 9 novembre et pour deux semaines. La préfecture lui reproche notamment le volume trop élevé de la musique et des clients qui consomment de l’alcool dans la rue.

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« Je suis dans mon tort », reconnaît Baptiste Magnan, patron du Fury bar à Rouen (Seine-Maritime), fermé administrativement pour deux semaines depuis jeudi 9 novembre 2023.

Depuis quatre ans, il gère cet établissement ouvert du mardi au dimanche de 18 heures à 2 heures. « Les faits sont vrais. Il est arrivé quelques fois que ça déborde sur la chaussée parce qu’il y a beaucoup de monde. Je suis un bar de nuit donc forcément, quand les gens vont fumer dehors, ils parlent. Quand 30 à 40 personnes parlent, ça fait du bruit. Mais ce n’est pas tous les soirs comme ça », précise-t-il.

« La sanction est disproportionnée »

Mais selon ce patron de bar, « la sanction est disproportionnée ». 

J’ai vraiment l’impression qu’on est victime de « harcèlement » de la part de la police municipale qui patrouille désormais la nuit. L’arrêté de fermeture m’a été envoyé juste au moment de la réouverture après trois semaines de travaux. Nous avons investi pour renforcer l’isolation et améliorer les choses. Ils font uniquement de la répression. Là ils nous castrent financièrement, je ne vois pas en quoi ça peut être constructif.

Baptiste Magnan

Gérant du Fury bar

Et lorsque l’établissement a subi des dégradations volontaires à la suite d’une rixe entraînant - d’après son gérant - 17 000 euros de frais de réparation, « la police n’a pas trouvé les coupables alors que ça s’est passé sous une caméra de vidéo-surveillance. Je n’ai pas l’impression qu’ils s’en prennent aux bonnes personnes ».

Une décision qu'il tourne en dérision sur les réseaux sociaux.

Des infractions répétées d’après la préfecture

De son côté, la préfecture de Seine-maritime signale que « cette fermeture administrative fait suite à un avertissement du 21 août 2023 ». À cette date, il avait été signalé au gérant du Fury Bar que le volume trop élevé de la musique diffusé dans son établissement portait atteinte à la tranquillité du voisinage, que ses clients occupaient le trottoir et la route sans autorisation et qu’ils y consommaient de l’alcool.

Toujours selon les services de l’État, Ces mêmes faits ont été, à nouveau, constatés le 10 septembre par la brigade de nuit de la police municipale de Rouen. Une réitération des faits qui justifient la fermeture administrative.

« Plus de temps à contrôler les bars qu’à s’occuper de la sécurité publique »

Interrogés, d’autres patrons d’établissement de nuit préférant garder l’anonymat jugent que cette patrouille nocturne de la police municipale est un peu trop « zélée ». L’un d’entre eux explique comment après la réouverture de sa terrasse à la suite de travaux, il s’est vu reprocher des faits similaires à ceux ayant entraîné la fermeture du Fury bar.

« Nous avons reçu un rappel à la loi sans sanction. Mais c’était très calme ce soir-là, juge ce gérant. J’étais satisfait de la création de cette patrouille de nuit car il y a des problèmes d’insécurité ces dernières années à Rouen. Mais souvent ils passent en voiture sans s’arrêter pour échanger avec nous. Et ils consacrent plus de temps à contrôler les bars qu’à s’occuper de la sécurité publique. »

Un sentiment d’acharnement souligné par Pierre-Guéret, vice-président en charge de la restauration de l’UMIH 76, l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie. « La multiplication des contrôles génère une pression permanente. Nous sommes attaqués de toute part. Entre l’augmentation du coût de la masse salariale, du coût des matières premières, les plaintes des habitants du centre-ville qui se plaignent davantage des nuisances depuis le Covid, cela devient angoissant pour les patrons d’établissement ».

Jugés trop laxistes par les habitants

Cette position, Pierre Guéret l’a défendue en septembre dernier face à Abdel-Kader Chékhémani. Contacté par téléphone, l’adjoint au maire de Rouen en charge de la tranquillité publique, de la propreté et du stationnement rappelle les chiffres. 

Depuis la création de la brigade de nuit en avril 2023, il y a eu 1547 contrôles d’établissements, dont les épiceries de nuit. 62 infractions ont donné lieu à des verbalisations. Il y a eu 14 avertissements et trois fermetures administratives. En clair, cela signifie que 95% des établissements fonctionnent très bien.

Abdel-Kader Chékhémani,

Adjoint au maire en charge de la tranquilité publique

Concernant la fermeture du Fury bar et les précédentes, l’élu rappelle qu’ « il faut des éléments forts pour que la préfecture prenne une telle mesure car elle peut être contestée par le gérant et son avocat. À chaque fois, il a fallu une somme de dysfonctionnements répétés ».

L’adjoint reconnaît que les contrôles sont plus nombreux depuis le printemps dernier, « tout simplement parce qu’avant, la police municipale n’en faisait pas la nuit ». Et de conclure, « les habitants qui résident à proximité de ces établissements, qui déposent plainte ou lancent des pétitions trouvent eux que nous sommes trop laxistes ».

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