Après la mobilisation d'habitants de Oissel (Seine-Maritime) la Métropole Rouen Normandie va envisager une nouvelle possibilité de lieu pour l'aire d'accueil de grand passage.
C'est une obligation légale depuis 2000. Les collectivités locales doivent créer des aires d'accueil dites de "grand passage" sur leur territoire pour les gens du voyage. Il s'agit, sur un terrain d'une surface d'au moins 4 hectares, d'une grande structure d'accueil dotée de plusieurs équipements et de facilités d'accès pour de nombreuses caravanes (jusqu'à 200).
Dans l'agglomération rouennaise, ce type de structure n'existe toujours pas en 2022. La Métropole Rouen Normandie, consciente du retard pris et de l'urgence de créer une aire de grand passage, a déjà provisionné 500.000 euros pour son financement. Mais reste à savoir où installer cette structure ?
Plusieurs projets d'implantation ont été envisagés au nord de Rouen. Notamment à Isneauville sur la Plaine de la Ronce, projet qui avait suscité la colère et le refus des maires des communes concernées.
Au sud de Rouen
Un autre lieu a ensuite été retenu par la métropole, sur un terrain de Oissel, au sud de Rouen, près du rond-point des Colonnes et de l'autoroute A13.
Mais la mairie et les habitants de Oissel (réunis au sein d'une association) ont exprimé leur opposition au choix de ce terrain et lancé une pétition.
Le 3 octobre 2022, ils ont manifesté avant la réunion du conseil métropolitain qui devait voter la délibération concernant la création d'une aire de grand accueil pour les gens du voyage sur l'emplacement prévu entre le rond-point des Colonnes et le chemin de la Briqueterie.
Pour Noella Marais, vice-présidente de l'association "Non à l'aire de grand passage à Oissel" il s'agit d'un déni de démocratie : "Nous nous battons pour la reconnaissance d'une certaine impartialité de la métropole vis-à-vis des différentes communes de son territoire puisqu'actuellement 85% des places d'accueil permanent des gens du voyage se situent rive gauche. La rive droite ne fait pas sa part de mixité sociale (…) Dans le schéma départemental des gens du voyage, Oissel n'était pas mentionnée. Normalement, il y avait 11 communes qui étaient évoquées. Au dernier moment, Oissel est sortie du chapeau, par magie, ce qui fait aussi la colère des Osseliens."
"C'est dans notre ADN, au niveau de Oissel, que d'accueillir la mixité sociale. Nous ne sommes pas là pour stigmatiser les gens du voyage
Noella Marais, vice-présidente de l'association "Non à l'aire de grand passage à Oissel"
Pour les membres de cette association il ne s'agit pas de rejeter les gens du voyage :
"Actuellement, à Oissel, nous avons plus de 60% de mixité sociale. Le minimum c'est 22% Donc c'est dans notre ADN, au niveau de Oissel, que d'accueillir la mixité sociale. Le message hyper important c'est que nous ne sommes pas là pour stigmatiser les gens du voyage. Et d'ailleurs nous avons déjà une aire d'accueil où tout se passe très bien. Mais là, il s'agit d'une aire de grand passage d'une grande ampleur avec une problématique d'accès routier qui est énorme dans un secteur qui est déjà très tendu."
La possibilité d'un autre terrain à Oissel
Après la mobilisation des membres de l'association "Non à l'aire de grand passage", le maire (PCF) de Oissel a pris la parole au conseil métropolitain du 3 octobre lors de l'étude de la délibération portant le projet d'aire d'accueil de grand passage.
Après avoir déploré la méthode et le manque de concertation de la métropole dans ce dossier, et rappelé son soutien aux gens du voyage, Stéphane Barré a proposé que l'aire de grand passage reste à Oissel, mais sur un autre terrain, appartenant à l'Etat :
"Oissel est prête à accueillir cet équipement, mais pas n'importe où et pas à n'importe quel prix. Nous avons identifié des parcelles sur des terrains d'Etat, vers le secteur de l'école de police nationale (…) dont une de 18 hectares qui pourrait sans problème accueillir un aménagement digne pour les gens du voyage, sans habitation à proximité et à équidistance de 3 hôpitaux. Il existe à Oissel une proposition qui doit être étudiée et qui doit être présentée de manière juste au préfet."
Le maire a ensuite demandé (et obtenu) le retrait de la délibération.
Un délai d'un mois
Finalement, Nicolas Mayer-Rossignol, le président de la Métropole Normandie Rouen, constatant qu'aucune commune ne veut de cette aire de grand passage sauf Oissel, a donné un délai supplémentaire à ce dossier :
"C'est un sujet difficile, il y a énormément d'hypocrisie dans cette affaire, et je pèse mes mots, mais il me semble d'intérêt général de prendre nos responsabilités (…) Je m'engage à retirer la délibération et à la présenter dans un mois, sauf si d'ici-là, nous avons un accord de M. Le préfet et de l'Etat"
Le feuilleton de la création de cette aire de grand passage continue donc, avec un nouvel épisode à suivre en novembre 2022…