Pénurie de pilule abortive : le recours à l'IVG menacé ? Les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme

Depuis plusieurs semaines, la pilule abortive, prescrite lors d’interruptions volontaires de grossesse médicamenteuses, est en tension. Même si l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé se veut rassurante, certains professionnels s’inquiètent.

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"Il m’en reste trois", s’inquiète Jeanne-Claire Yrles, médecin généraliste au planning familial de Rouen. Trois boîtes de Gymiso, c’est tout ce qui lui reste pour de futures IVG médicamenteuses. "On n’a pas de stock indéfini, on a 15 jours d’avance à tout casser", alerte la praticienne.

Découvrez le sujet de C. Baude, O. Flavien et C. Charbonnier, avec les interviews de Jeanne-Claire Yrles, médecin généraliste au planning familial, et Elodie Marande, pharmacienne :

Le droit à l'avortement menacé ?

Les patientes recourant à une IVG médicamenteuse – une méthode moins invasive, possible à domicile et jusqu’à 7 semaines de grossesse – doivent prendre deux comprimés, à deux jours d’intervalle : une pilule antiprogestérone, qui interrompt la grossesse, et un médicament contenant du misoprostol, seul capable d’expulser l’embryon.

C’est ce dernier qui est actuellement sous tension. Sur le marché, il en existe deux : le Gymiso et le MisoOne. Si les femmes choisissant d’avoir recours à l’IVG n’y ont pas accès, ce droit fondamental pourrait être bafoué, selon le Dr Yrles : "On se retrouve dans une situation qui n’est pas normale", tempête-t-elle. "La liberté de choix de la femme n’est pas du tout respectée !"

Si l’on n’a plus de médicament, on fait quoi ? On va surcharger encore les hôpitaux, qui le sont déjà ?

Dr Jeanne-Claire Yrles

C’est la première fois que la pilule abortive subit une telle tension depuis la mise sur le marché du misoprostol, en 2005. Des difficultés qui remonteraient à fin 2022. Selon l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la couverture des besoins en Gymiso subirait une forte perturbation, quand le MisoOne serait victime de nombreux retards d’approvisionnement.

Vers une amélioration de la situation

Chez certains grossistes, le Gymiso et le MisoOne sont encore en rupture de stock. Conséquence, les professionnels redoublent d’efforts, à l'officine, pour trouver des solutions. Pharmacienne à la pharmacie des Quais de Seine, à Rouen, Elodie Marande est parvenue à se procurer l’une des deux pilules... Non sans mal : "Il faut prendre du temps pour chercher, appeler différents laboratoires, les centrales d’achat… Nous, on cherche une heure par jour."

Selon les autorités sanitaires, les difficultés devraient néanmoins s’atténuer. Plusieurs dizaines de milliers de boîtes de Gymiso ont été distribuées la semaine dernière à travers le pays. Pour le MisoOne, la redistribution devrait avoir lieu cette semaine. Une importation en provenance d’Italie est également en cours.

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