Les salariés de Pôle Emploi sont sous le choc après l'agression mortelle dont a été victime une conseillère dans une agence de Valence, hier. Les syndicats rendent hommage à leur collègue et demandent plus de moyens pour faire face à des situations parfois très tendues avec les demandeurs d'emploi.
C'est d'abord la peine et l'émotion qui habitent les salariés de Pôle Emploi après la mort d'une conseillère de 53 ans dans une agence de Valence, ce jeudi 28 janvier, dans la Drôme. L'employée a été tuée par arme à feu, par un homme, un ingénieur sans emploi de 45 ans. Au lendemain de ce drame, les syndicats expriment leur émotion et leur soutien à la famille de la victime.
On est sous le choc. Le personnel est extrêmement perturbé. On a appris la nouvelle hier par les médias et pas par notre direction.
Les agences fermées au public
Face à la situation, la direction générale de Pôle Emploi a pris la décision de fermer les 900 agences de tout le pays au public aujourd'hui. Toutes les équipes pouvaient se recueillir ce vendredi midi, lors d'une minute de silence en la mémoire de leur collègue.
A noter toutefois que les agences, si elles sont fermées au public, restent toutefois en activité aujourd'hui. Pôle Emploi continue d'accompagner les demandeurs d'emploi par télépone au 39 49 et par mail, via leur espace personnel sur le site de Pôle Emploi.
Pour Barbara Paviot, cet évènement tragique fait ressurgir des appréhensions dans le personnel en Normandie. Les situations de violence antérieures, vécues par certains d'entre eux ou rapportées par d'autres, reprennent vie. Certains ont peur que cette agression mortelle génère des réactions similaires chez des demandeurs fragiles psychologiquement. Donc, forcément, ce vendredi, le coeur n'y est pas.
Le personnel ne va pas bien. Il venait déjà avec la peur au ventre d'abord à cause de la situation sanitaire et économique. Avec cette agression mortelle, on a franchi un cap.
Le drame qui s'est produit à Valence remet en lumière les conditions de travail difficiles des agents de Pôle Emploi en première ligne : ceux qui accueillent et sont en contact direct avec le public.
Globalement, selon les syndicats, à l'exception d'une agence au Havre et une autre à Saint Etienne du Rouvray, où la situation est régulièrement très tendue avec le public, le niveau de violence ou d'incivilité est le même en ville ou à la campagne. On note surtout des agressions verbales à l'égard du personnel.
Un dispositif de prévention des violences déjà existant
Maria Lefebvre, secrétaire CFDT de la commission CSST de Pôle Emploi Normandie, rappelle qu'il existe depuis plusieurs années une procédure à Pôle Emploi qui vise à protéger le personnel en cas d'aggressions graves : menaces de mort ou agressions physiques...
Dans ces cas, la direction est alertée par le personnel, le demandeur d'emploi est convoqué, une plainte est portée et une protection du salarié peut être envisagée.
Mais vous savez, les conseillers sont aussi parfois résignés. Ils voient la souffrance de certains demandeurs d'emploi et vont même parfois prendre sur eux cette souffrance. Sans systématiquement signaler les faits.
Réfléchir sur les conditions d'accueil du public
Selon Maria Lefèbvre, de la CFDT, une enquête va être menée au niveau national pour connaître la gravité de la situation. Mais d'ores et déjà, des pistes doivent être privilégiées.
Pour son syndicat, il faut faire un travail de réflexion sur cette situation qui tend à se dégrader avec la crise actuelle et la détresse sociale qui s'accroit. Il faut trouver de nouvelles solutions pour améliorer les conditions de travail de ce personnel.
"C'est la priorité de notre syndicat. C'est ce que nous demandons à notre direction. Des réunions de travail étaient déjà programmées avant ce drame. Ce tragique évènement va sûrement précipiter les choses.
Pour Barbara Paviot, de F.O., le manque de moyens est crucial à Pôle Emploi. Pour répondre du mieux possible à la mission de service public et en toute sécurité : il faut plus de personnel. Les agents doivent faire face à une activité de plus en plus importantes.
"Le nombre de demandeurs d'emploi ne cesse d'augmenter à cause de la crise sanitaire. Les plans d'accompagnement également mais pas les moyens ni le personnel à Pôle Emploi".