Ils sont Rouennais, ont à peine 15 ans, mais font déjà parler d'eux. Le groupe punk "Dirty Cloud" sort son premier EP cette semaine, déjà porté par la critique spécialisée qui salue la relève. Portraits de trois jeunes hommes en colère contre une société qui malmène sa jeunesse.
"Ça parle de maladie mentale, d'autorité abusive et de divorce, de tout ce qui nous entoure, des problèmes autour de nous, de tout ce qui ne va pas en fait !" s'amusent Julien, Elliott et Maxime, les trois musiciens du groupe rouennais "Dirty Cloud". S'ils sont encore adolescents, leurs préoccupations, et leur musique, semblent bien loin de la légèreté qu'on associe à cet âge.
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Portrait Dirty Cloud
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Punks not dead
Ces trois-là se sont rencontrés sur les bancs du collège à Rouen. Passionnés de musique, ils ont formé depuis trois ans ce groupe prometteur, inspiré par les Breeders et Nirvana, et plus largement par le post-punk grunge. Julien à la guitare et au chant - dont la voix n'est pas sans rappeler celle de Kurt Cobain-, Maxime à la batterie et Elliott à la basse, fomentent des textes nihilistes sur des sons énervés.
"Punks not dead", nous rabâche-t-on depuis les années 80 ! Ce n'est peut-être pas un hasard si c'est un groupe rouennais qui prend la relève, dans la ville qui a vu s'épanouir le rock des Dogs ou la colère punk des Olivensteins et des Vermines.
S'ils revendiquent leur appartenance à ce courant musical hérité des années 80 en Angleterre, les Dirty Cloud préfèrent composer leurs propres morceaux. Ils ont déjà à leurs actifs deux clips très partagés sur les réseaux sociaux, et des concerts à guichets fermés, succès oblige. "On préfère les compos, même si on n’est pas fermés aux reprises, si elles sont un peu décalées et innovantes par rapport aux titres de base. C'est bien de faire des reprises mais si c'est comme la chanson originale on ne voit pas trop l'intérêt. On essaie de se détacher de ça, et de faire des trucs originaux" explique d'une même voix, le groupe d'amis.
Trois hommes en colère
Ces trois jeunes garçons refusent de se résigner et de rentrer dans le rang d'une génération qu'il estime "sacrifiée", au bénéfice des "boomers". Entendez cette génération qui a bénéficié de tous les avantages, et qui laisse à leurs descendants les restes d'un gâteau déjà croqué. Voilà de quoi agacer nos jeunes ados qui ont trouvé dans la musique une façon d'exorciser leur colère.
"No future", vitupéraient les punks anglais à l'époque, qui imaginaient eux aussi leur avenir sombrement. Les jeunes de Dirty Cloud s'inquiètent de la place que leur fait la société, et participent aux mouvements sociaux de contestation : manifestations contre la retraite ou les violences policières. Ils prennent aussi position sur la société capitaliste, l'extrême droite ou les questions de genre, et s'inquiètent de la santé mentale des ados, biberonnés aux psychotropes.
La musique c'est une manière d'extérioriser, de ne pas tout garder pour soi. Le crier dans un micro, ça aide
Julien, chanteur et guitariste de Dirty Cloud
Repéré par un jeune label
C'est un peu un départ sur les chapeaux de roues donc, pour ces adolescents repérés par un jeune label, "Before Collapse Records". "On aurait pu sortir notre EP à l'arrache sur Band Camp ou Youtube, ça aurait été bien aussi mais on aurait eu moins de retours, ça aurait été moins partagé, et on n’aurait peut-être rien fait derrière. Le label nous a aussi aidés pour pas mal de dates".
Le 2 novembre est donc sorti "Straight Jacket" leur premier disque, composé de quatre morceaux aboutis et deux "trucs expérimentaux".
"Dirty Cloud", un nom bien trouvé pour des jeunes Rouennais qui ont vécu il y a quatre ans l'incendie de l'usine Lubrizol, et respiré son "sale nuage".