Depuis quelques années, la Normandie stagne à la troisième place du classement des régions les plus touchées par l’obésité. La précarité expliquerait en partie ces mauvais résultats, mais aussi les troubles psychologiques et les traumatismes dans l'enfance.
C’est une troisième place dont la région Normandie voudrait bien se passer. Au classement des régions les plus touchées par l’obésité, nous arrivons derrière les Hauts-de-France et le Grand Est. Comment expliquer ces résultats ? Quelles solutions existent pour réduire ce phénomène ?
On distingue une différence entre le Sud et le Nord de la France. Aucune étude n'a été menée pour l'instant pour comprendre ces chiffres. Toutefois le lien est fait entre la précarité et l'obésité. Les régions du Nord sont plus touchées par la précarité.
Les facteurs de l’obésité
Parmi les causes de l’obésité, on cite souvent l’alimentation déséquilibrée ou inappropriée et le non respect de la bio chronologie (la durée et les heures de repas). Par exemple, pour le diner, l’idéal est de ne pas manger trois heures avant le coucher car après 21 heures, il y a une hormone au niveau du cerveau qui n’est plus sécrétée et la digestion est quasiment stoppée. Il est aussi préconisé d'être à "l'écoute" des sensations alimentaires, comme par exemple, le fait de ne pas "écouter le rassasiement" aura pour conséquence de manger des quantités trop importantes.
La sédentarité de notre civilisation occidentale est également pointée du doigt : une marche relativement rapide (entre 5 et 6 km heures) à hauteur de 30 minutes par jour est conseillée. "7000 à 10 000 pas par jour permettent de maintenir un point santé", nous précise Jean Philippe Ursulet président de la ligue contre l’obésité.
La ligue souhaiterait l’introduction d’un enseignement d’éducation à la santé de la maternelle jusqu’aux études secondaires. Pour les adultes, elle préconise ce qui existe en Finlande ou en Suède : la mise en place d’une heure d’activité physique par jour sur le temps de travail.
Ce spécialiste nous explique également que le manque de sommeil, le stress et les perturbateurs endocriniens contenus dans les pesticides, certains vêtements ou cosmétiques peuvent jouer sur la prise de poids : "certains médicaments comme les corticoïdes ou les psychotropes favorisent la prise de poids" ajoute t’il.
La première cause sont les troubles psychologiques et les traumatismes de l’enfance qui produisent derrière des troubles du comportement alimentaire. Le refuge dans la nourriture n'est que la conséquence d’un problème psychique. La prise en charge par un psychiatre ou un psychologue est indispensable.
Jean-Philippe Ursulet, directeur Ligue contre l'Obésité
Cette cause est également appuyée par le docteur Savey, médecin au Centre spécialisé de l’obésité (CSO) du CHU de Caen : « Chez beaucoup de nos patients, on retrouve des histoires de vie très chaotiques avec des violences dans l’enfance ou des traumatismes très graves comme des violences sexuelles ou des abandons. Le harcèlement scolaire peut aussi créer l’obésité dans les une période de vie charnière où on construit son identité et sa confiance en soi ».
Hérédité : tout se joue dans les 1000 premiers jours d’un enfant ?
Il existe aussi un facteur génétique : "c’est une maladie épigénétique ce sont les 1000 premiers jours de l’enfant qu’il faut suivre avec votre médecin ou pédiatre. Ils vont donner la tendance si l’enfant a des propension à être obèse », précise Jean-Philippe Ursulet. Il ajoute même que l'activité physique pendant la grossesse permet de réduire "considérablement" le risque d’avoir un enfant qui sera en surpoids.
La ligue contre l’obésité pointe du doigt les petits pots et les laits infantiles qui sont pour eux trop riches en sucre. Pour l’enfant comme pour l’adulte plus un aliment est transformé, plus il est nocif pour la santé. L’association conseille également d’éviter le sirop de glucose et de fructose qui est délétère pour le foie et le pancréas.
Le docteur Sauvey nous confirme que chez la très grande majorité des patients adultes et enfants traités au CHU de Caen il y a une prédisposition génétique : "on sait qu’une femme qui va se restreindre beaucoup pendant sa grossesse va allumer des interrupteurs dans le génome de son futur bébé qui lui va plutôt développer une obésité". La médecin conseille aux jeunes parents d’éviter de « mettre de l’émotion dans l’alimentation » comme finir son assiette pour faire plaisir ou récompenser une bonne action par un bonbon.
Avec une prise en charge médicale, on peut espérer perdre 10 % du poids, mais la surveillance reste à vie. Le recours à la chirurgie de l’obésité est évoqué après un échec de la prise en charge médicale et que l'obésité est très sévère. Dans tous les cas, la surveillance est à vie.