La société Valgo, qui réhabilite le site de l’ancienne raffinerie Petroplus, va utiliser 900.000 tonnes de terre issue du métro Grand Paris. Ce chantier, à Petit-Couronne, accueillera notamment un vaste entrepôt Amazon.
C’est un bout de Paris que l’on va transporter sur la Seine jusqu’à Rouen. 900.000 tonnes de terre en provenance du chantier du nouveau métro Grand Paris sont en train d’être déplacées vers le site de l’ancienne raffinerie Petroplus de Petit-Couronne.
Cette terre servira de remblai là où le géant du numérique Amazon devrait installer son nouvel entrepôt de 16 hectares, aux portes de Rouen. Plusieurs autres entreprises devraient également s’installer sur cette friche et créer entre 2.000 et 3.000 emplois.
Recycler la terre : une économie de 15 millions d'euros
350.000 tonnes ont déjà été acheminées et permettront d’élever le niveau du sol de 50 cm. Ainsi, cela élognera le plus possible les bâtiments futurs de la pollution qui pourrait subsister à l’endroit de l’ancienne raffinerie.
Car la nappe d’hydrocarbures n’a pas été entièrement vidée : elle contient toujours 100m3, contre plus de 2.000m3 déjà extraits, selon Eric Branquet expert sur ce dossier auprès de la cour d'appel de Paris.
La société Valgo, en charge du chantier, met également en avant les bienfaits d’une telle réutilisation de la terre. Cela évite d’excaver des terres naturelles à proximité de Rouen, ainsi que de nombreux allées et venues par camion pour le transport.
Cette opération permet avant tout à l’entreprise d’économiser 15 millions d’euros, souligne M. Branquet.
Une pollution aux sulfates qui inquiète
Un des sujets de préoccupation a été la présence de sulfates dans cette terre en provenance du Grand Paris, notamment dans un précédent chantier dans la région, à Cléon. Bien que cette substance soit nocive, en particulier si elle contamine l’eau potable, l’expert observe qu’elle est maintenue à un taux autorisé.
Face à cette crainte d’une pollution, il veut rassurer : ces remblais sont "compactés", ainsi "quand il pleut, l'eau ne pénètre pas et donc il n'y a plus de risque de mobilisation des sulfates", explique-t-il.
Cette inquiétude a été encouragée par la découverte, par des journalistes de "Complément d’enquête" en mars dernier, de terres extraites du Grand Paris avec des taux de sulfates très importants. Elles ont été déversées à Cléon, au sud de Rouen, à proximité de la Seine et de nappes phréatiques.
"Le taux de sulfates est près de neuf fois supérieur à la norme en vigueur"
Au total, le chantier de réhabilitation du site de l’ex-raffinerie aura besoin de 1,1 million de tonnes de terre.